Réalisateur des chefs d’œuvre Metropolis, Die Nibelungen, M le maudit…, Fritz Lang devient le héros d’une magnifique bande dessinée.
Allemagne, en septembre 1920. Après son premier succès (Les Araignées), le cinéaste Fritz Lang prend pour maîtresse sa scénariste, Thea Von Harbou. Mais son épouse Lisa Rosenthal les surprend au lit. Quelques minutes plus tard, un coup de feu retentit. Lisa est retrouvée morte. La balle a été tirée par l’arme de son mari. La police cherche à déterminer s’il s’agit d’un suicide ou d’un crime. Fritz Lang et Thea Von Harbou vont réaliser de nombreux chefs d’œuvre du cinéma expressif, sur le destin et la mort (Les Trois Lumières, 1921), les organisations criminelles (Docteur Mabuse le joueur, 1922), les grandes légendes germaniques (Les Nibelungen, 1924), le danger de l’espionnage communiste (Les Espions, 1928), les tueurs en série (M le maudit, 1931), la science-fiction (Metropolis, 1926 et La Femme sur la Lune, 1929). Mais Thea Von Harbou cherche à favoriser la montée du national-socialisme. D’un avis contraire, Fritz Lang fuit l’Allemagne lorsque Joseph Goebbels, ministre de la propagande, lui propose de diriger le cinéma allemand.
Après La jeunesse de Staline et Le cas Alan Turing, édités chez Les Arènes bd, le scénariste Arnaud Delalande et le dessinateur Eric Liberge nous offrent un nouveau récit historique.
Spécialisé dans la bande dessinée historique (Le Dernier Cathare, Surcouf, Viravolta l’Orchidée Noire, Catherine de Médicis la Reine maudite…), Arnaud Delalande décrit la vie de Fritz Lang (1890-1976), de la veille de la première guerre mondiale jusqu’à son exil aux Etats Unis, en 1935. Il révèle sa particularité d’associer le cinéma à une peinture en mouvement. Mais son talent a bénéficié des scénarios de sa nouvelle épouse, Thea Von Harbou (1888-1954). Dans les films de sa période allemande, le Bien triomphe du Mal après une lutte absolue. Son œuvre est nourrie du thème du meurtre, de la vengeance et de la soif de pouvoir. Arnaud Delalande décrit le désaccord idéologique qui va séparer les deux époux à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Le récit se termine avec la fuite de Fritz Lang vers les Etats-Unis, où il connaîtra une deuxième carrière dans le cinéma.
Le dessinateur Eric Liberge, par un superbe trait réaliste et une colorisation sombre, illustre à merveille l’ambiance des films de Fritz Lang. On admire ses planches réinterprétant des scènes de Dr Mabuse, die Nibelungen, Métropolis ou M le maudit. Les cases expressionnistes représentant les pensées du cinéaste sont également superbes.
Kristol Séhec
Fritz Lang le Maudit, 108 pages, 22 euros. Les arènes BD.
Illustrations : DR
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