Bretagne et Sécession. Vers une République autonome du Kreiz Breizh ? [L’Agora]

En voici une question qui devrait susciter quelques réactions bretonnes. Et si finalement, l’idée même d’indépendance ou d’autonomie de la Bretagne toute entière était dépassée ? Et si, déjà, le ver de la crise, et du marasme dans lequel nous entraine la République française était tellement dans le fruit breton, que seule la partie encore épargnée de la Bretagne pouvait finalement résister à la chute finale ?

Côté sud de la RN 12, côté nord de la RN 165, en schématisant un peu, respire encore ce qu’il reste majoritairement de l’âme bretonne. Cela ne signifie pas que l’âme bretonne ait disparu ailleurs, cela signifie qu’elle s’y désintègre progressivement, par le haut comme par le bas.

Par le haut d’abord, les côtes bretonnes sont victimes de l’arrivée massive de nouvelles populations, plus fortunées que ne l’est la jeunesse autochtone ne pouvant même plus aspirer à être propriétaire chez elle, sur sa propre terre. Attention, entendons-nous bien : ceux qui bradent actuellement les terres bretonnes, ceux qui vendent leurs biens aux plus offrants, ceux qui rendent des terres constructibles (qui ne l’étaient pas il y a encore quelques années) moyennant de lourdes conséquences dans les années à venir, sont bel et bien la plupart du temps, des Bretons. Par appât du gain. Par intérêts financiers ou politiques pour d’autre. Par absence totale de conscience ethnique et bretonne enfin, pour une partie de ceux qui sont prêts à vendre notre patrimoine breton, au prix le plus haut possible.

Par le haut toujours, avec les métropoles, de Nantes à Brest, en passant par Rennes sans oublier les plus petites communes, de Quimper à Saint-Malo ou à Vannes, qui voudraient bien elles aussi devenir de mini métropoles. On fait construire sans cesse des logements horribles, pour entasser toujours plus de nouveaux arrivants.

On ne cesse de rogner sur les terres agricoles, sur les terres vierges. On veut remplacer des maisons par des immeubles.Et puis certains bâtissent ainsi de véritables baronies locales. Etre président de communauté de commune, de communauté d’agglomération, cela donne du pouvoir, beaucoup de pouvoir, et d’influence. On fait venir le TGV depuis Paris, toujours plus vite, toujours plus près de la Bretagne. En oubliant le maillage territorial de sa propre région. En ne menant aucune action pour désenclaver la Bretagne et ne plus obliger, systématiquement, à passer par Paris pour aller à la rencontre de l’Europe et du monde.

Quel militant breton peut sérieusement aujourd’hui nous expliquer la singularité d’une ville comme Rennes par rapport à Lille ? Elles ont surtout le point commun de désormais faire quasiment partie de la grande banlieue parisienne. Avec de moins en moins d’identité, de moins en moins d’âme aussi.

La Bretagne se désintègre également par le bas. C’est là qu’une large partie de ceux que l’on appelle « militants bretons » (à tort ou à raison ?) détourne le regard. Pour vociférer (à juste titre) contre les résidences secondaires, contre la Bretagne bétonnisée, défigurée, il y a du monde. Par contre, pour ouvrir grand les yeux et faire le même constat, de l’autre côté, il n y a plus personne (ou si peu).

Car si les côtes sont saturées et empêchent tout avenir à la jeunesse bretonne, les métropoles bretonnes, les moyennes communes, commencent à subir de plein fouet un changement, culturel, ethnique, mais également des changements sociétaux profonds. La Bretagne, jusqu’ici préservée des maux qui rongent la France et toute une partie de l’Occident, n’est plus épargnée.

L’actualité en témoigne, quotidiennement. Qui peut réellement affirmer, sans rougir de honte, que le quartier de Bellevue à Nantes, que celui de Pontanézen à Brest, ou du Blosne à Rennes sont encore des quartiers Bretons ? Et Kercado à Vannes ? Et Le Petit Caporal à Saint-Nazaire ? Et La Découverte à Saint-Malo ? De quartiers populaires, miséreux pour certains, ces quartiers sont devenus des quartiers que n’aspirent qu’à fuir les derniers Bretons qui les peuplent contraints, n’ayant pas d’argent pour espérer meilleur ailleurs.

Des quartiers – et demain sans aucun doute des communes entières hormis les beaux quartiers préservés pour les barons – où règnent la loi de certains gangs, le trafic de drogue, qui empoisonne toute notre région. Des quartiers dans lesquels la paix sociale est achetée, depuis des années, par des mal élus qui pratiquent la même politique que celles qui ont échoué depuis des décennies dans les banlieues françaises.

Non, contrairement à ce qu’affirment certains, tout le monde n’a pas vocation ni ne peut être Breton. Non, tout le monde n’est pas le bienvenue sur nos terres . Encore moins lorsque l’on commet des actes de délinquance à peine arrivé ou que l’on cherche à nous imposer une culture qui n’est pas la nôtre. Non, on ne peut pas prétendre, parce que l’on a beaucoup d »argent, à acheter notre sol.

Finalement aujourd’hui, l’authentique Bretagne se trouve des deux côtés les plus pauvres des Routes nationales. De Châteaulin à Merdrignac, de Guingamp à Plouay. Ces zones, en partie encore préservées (en partie seulement, puisque comme partout, les maux qui ravagent l’Occident ont commencé à y pénétrer), ont vocation à le rester. Dans ces zones, on retrouve encore la solidarité communautaire. La volonté aussi, d’une société alternative. D’un autre possible. La volonté de se construire un avenir, ensemble, loin des magouilles politiques, loin de la métropolisation outrancière, loin de l’avenir noir que nous oppose la République française.

Une République qui a englouti nos métropoles, comme nos côtes, dirigées par des personnes qui ont toutes adopté les mêmes éléments de langage. La même volonté de bâtir « une société inclusive », les mêmes slogans creux, les mêmes combines, les mêmes agissements qu’à Paris, un Gwen Ha Du en plus sur le fronton, pour se démarquer. Et au final, c’est la population autochtone qui subit (et même parfois qui encourage) le pourrissement d’une société qui semble à l’agonie, au bord du précipice.

La République française regarde déjà à peine au sud de la RN 12 et au nord de la RN 165. On y ferme les hôpitaux, les services publics.  On y restreint les subventions (mais pas les taxes). On y abandonne progressivement une population qui, non fataliste, est prête à se prendre en main, seule, comme une grande. Dans quelques années, la démographie fera que cette zone ne comptera plus pour ces messieurs de la haute, qui auront tout le vivier électoral nécessaire dans les métropoles.

Attention tout de même à ce qu’ils ne poussent pas le bouchon trop loin. Qu’ils ne cherchent pas à étaler (le projet Horizon à Callac en est un exemple) les conséquences de leur politique migratoire suicidaire menée depuis des années. A poursuivre leur oeuvre destructrice y compris jusque dans nos campagnes et dans nos terres les plus sacrées. A vouloir modifier en profondeur ce qui ressemble parfois à des réserves d’Indiens d’Amérique.

Mais comment faire pour ne pas finir comme ces derniers ? Rêvons, pensons, et innovons, pour rester maîtres de nos destins. La Bretagne est en voie de désintégration avancée ? Alors en attendant la Réconquête, vive la République autonome du Kreiz Breizh !

Julien Dir

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6 réponses à “Bretagne et Sécession. Vers une République autonome du Kreiz Breizh ? [L’Agora]”

  1. Vincent dit :

    Et dire que le 28 juillet 1488 à St Aubin du Cormier, ce ne sont sûrement pas en grand nombre que des Finistériens et ou des Morbihannais se seront battus et seront même morts face à l’armée française.
    – Informé d’une nouvelle attaque imminente, le Duc sollicitait le renfort d’armées amies de la Bretagne alors complètement indépendante, rappelons-le, et même à priori 4ème puissance économique européenne.
    Mais paradoxalement, les Ducs de Bretagne n’avaient pas une grande et forte armée « régulière ».
    Ainsi, 500 archers Anglais et des escouades Gasconnes, Flamandes et Espagnoles étaient là en renfort de marins et de paysans Bretons: 6500 hommes environ en tout.
    Ces Bretons combattants pour leur liberté ne pouvaient pas venir rapidement depuis l’autre bout de la Bretagne. A l’époque, les déplacements se faisaient à pieds ou à cheval/carriole et venir de Vannes, Lorient, Quimper ou Brest ne se faisaient pas en un jour …
    Ce seront donc des plus proches: Côtes d’Armor, Ille et Vilaine voire Loire Atlantique qui se seront massés dans cette forêt de St Aubin de Cormier à attendre et guetter l’arrivée d’une armée française » en nombre et aussi surtout sur-équipée.
    L’affrontement fût bref et terriblement meurtrier: 6500 morts en 4 heures, la défense Bretonne fût anéantie … Un génocide.
    C’est donc par les armes et le sang que la Bretagne fût initialement conquise ce qui lui confère de plein droit (au sens droit international) l’appellation de « colonie ».
    L’armée française est ainsi entrée de force dans le pays Breton et y a commis des tas d’exactions: viols, pendaisons et même des enfants rôtis à la broche sur les places de village (cf Histoire abrégée de la Bretagne de Louis Mellenec et ou autres ouvrages d’historiens).
    C’est une très vieille tactique que celle de la terreur qui fût aussi reprise par Robespierre: pour asservir un peuple et l’amener à accepter une surpuissance et à se taire à jamais, il faut marquer les esprits … à vie … à vie des vivants et des suivants …
    S’en suivirent des tas de manipulation « française » pour contrer et faire disparaître « l’esprit Breton » au long des générations: alcoolisation, représailles etc et maintenant une nouvelle forme de colonisation, double: riches « parisiens » dans de belles propriétés qui font flamber le prix du foncier alors qu’ils ne participent que très/ trop peu à l’économie locale et ou une immigration incontrôlée et galopante qui ne satisfera que les édiles car n’oublions que leurs grilles salariales sont assujetties au nombre d’âmes vivant sur le ressort de leurs territoires respectifs … âmes légales ou pas …
    Effectivement, sauf sursaut rapide et urgent, la >Bretagne se mourra: Vinci entrera à son tour dans les terres en vainqueur français à nouveau et nous paierons nos routes de Nantes et Rennes à Brest ainsi que des péages à St Brieuc etc etc à l’instar de ce qui se fait déjà autour de Nantes et en Loire Atlantique … et tout ça parce que ce sacro-saint esprit de résistance et d’union, de solidarité Bretonne disparaît aussi au fil du temps …
    Diviser pour mieux régner est une vieille devis qui n’a jamais échappé à aucun politicien … et elle a été bien appliquée.

    • JTL29 dit :

      Tout à fait d’accord avec vous. Mais Il n’y aurait sans doute pas eu de S’Aubin du Cormier ou l’issue de cette bataille aurait pu être différente si notre dernier duc François II avait été du niveau de ses prédécesseurs et surtout de celui des dirigeants français successifs qu’il a eu en face de lui. C’était un être d’une intelligence moyenne, faible de caractère, futile et plus intéressé par les plaisirs de la vie que par la gestion du Duché qui l’ennuyait. De ce fait, les affaires du pays était complètement déléguées à ses conseillers dont Pierre Landais, indiscutable responsable de la méfiance, voire de la rancœur des nobles de Bretagne à l’égard de leur Duc, ce qui explique, mais n’excuse pas pour autant le comportement de ceux d’entre eux qui ne participèrent pas à la défense du Duché et encore moins les traitres qui rejoignirent le camp français.

  2. Stefaan Oplinus dit :

    A-du gant ar penant-mañ!

  3. Ardwenn dit :

    Idée à creuser, pas que pour la Bretagne, d’ailleurs.
    Pour tous les confettis qui, jadis, furent duchés, comtés, baronnies, jouissant d’une autonomie relative vis à vis de pouvoirs centraux encore très éloignés à l’époque.
    Histoire d’entamer sur des bases locales le nécéssaire travail de reconstruction qui va devoir suivre leur folie de déconstruction.
    Et de rebâtir une humanité sur ce qui reste des vieilles cultures.
    Pour ma région d’Ardenne, je proposerais la résurrection du comté de Chiny.

  4. yves GAUTRON dit :

    Jusqu’à 2020 ou 2019 « La Crêperie du Moulin » à Pont de Buis vendaient des « crêpes de blé noir » maintenant les mêmes crêpes sont devenues des « galettes de blé noir » ce qui est aussi bête que d’appeler des saucisses fabriquées en Bretagne « saucisses de Toull Lous  » surtout pour les bretonnants !

  5. Dominique dit :

    Renseignez vous sur le système d’organisation de la SUISSE, où les décisions ( et les taxes eventuelles ) sont prises au PLUS PRES de la population par la population elle méme.

    Le Conseil municipal va décider si les éoliennes seront autorisées ou interdites … et des villageois pourront même demander de procéder à un référendum : les Suisses appellent cela la DEMOCRATIE DIRECTE.

    Un Suisse peut ainsi être amené à voter en tant qu’habitant de la ville, du canton, etc. de très NOMBREUSES fois dans l’année sur des sujets qui en France sont décidés à Paris.

    Ainsi les Suisses sont libres et responsables. Et leur niveau de vie est 3 à fois celui d’un Français, leur médecine supérieure, leur enseignement, etc. etc.

    Lisez la Constitution Suisse et les sites suisses qui expliquent tout cela
    Posez vos questions à des Suisses ( francophones ) etc au besmin allez les rencontrer pour parler de votre projet. Construisez votre solution de  » régionalisation « . Les autres régions vous remercieront !

    Vive les Bretons 😍

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