La fin de la fausse monnaie

Sans remonter trop loin dans le temps, la « monnaie » ainsi nommée car les deniers romains étaient frappés dans le temple de Junon (Moneta en latin), permettait l’échange de denrées ou de services qui, pendant longtemps, avaient fait l’objet du troc.

Sans remonter aux origines préhistoriques de la monnaie, voici une brève histoire de celle-ci  qui porte sur son évolution et comment ceux qui dirigent aujourd’hui le monde ont réussi à en prendre le contrôle, en généralisant l’émission de « fausse monnaie »

De l’or au papier

Depuis le moyen-âge, les pièces d’or et d’argent s’étaient généralisées, probablement parce que les métaux précieux étaient rares et surtout non sensibles à la corrosion tout en étant très ductiles. Une évolution intéressante s’était produite au fil du temps sous forme d’une pratique devenue courante exercée par les orfèvres, qui faisaient commerce de l’or. Les rues n’étant pas sûres et les habitations non plus, leurs clients avaient pris l’habitude de laisser l’or qui leur appartenait dans leurs coffres et d’obtenir un « certificat de possession d’or » qu’ils donnaient en contre-partie lorsqu’ils réalisaient des achats.

Ces certificats étaient de moins en moins échangés contre de l’or par les vendeurs qui prirent l’habitude d’en faire un moyen de paiement pour leurs propres achats.

Ainsi naquirent, vers la fin du dix-septième siècle, les billets de banque, prolongements logiques de ces certificats. Toutefois, la contre-valeur de ces billets de banque s’exprimait par une certaine quantité d’un métal donné, généralement de l’argent pour les faibles valeurs et de l’or au-delà.

Ces billets gardaient encore leur convertibilité en or, c’est à dire que la banque qui les émettait pouvait les échanger contre leur valeur en or.

En théorie, la totalité des billets émis devait être couverte par le stock d’or de la banque. En réalité, les banquiers, dignes héritiers des orfèvres, avaient depuis longtemps réalisé que seule une faible part de ce stock partait vers l’extérieur. Ils prirent ainsi quelques libertés et imprimèrent un peu plus de billets qu’ils n’avaient d’or en réserve. Ainsi naquît le système des « réserves fractionnaires ».

De la Banque d’Angleterre à la Réserve Fédérale

La révolution anglaise de 1688, renforçant les pouvoirs du Parlement, empêchait Guillaume d’Orange de lever l’impôt comme il le souhaitait pour financer ses guerres. D’origine allemande, il fit appels à des compatriotes banquiers pour venir à son secours. Ceux-ci acceptèrent à la condition qu’ils crééent leur propre banque qui s’appellerait la « Banque d’Angleterre »

Elle lui prêterait les sommes dont il avait besoin et, en échange, obtint le droit d’émettre pour un certain montant des billets supplémentaires. Naturellement, tout ce qui était prêté au Trône faisait l’objet de paiement d’intérêts. Cette banque fut créée en 1694 et servit de modèles à toutes les banques centrales suivantes.

A l’époque, la norme pour la monnaie était d’être adossée à l’or et à l’argent. La Banque ne France fut créée en 1800 et l’unité monétaire était le « Franc-or » connu sous le nom de « Napoléon » pièce frappée à son effigie. Cette monnaie a gardé une valeur constante jusqu’en août 1914, date à laquelle elle perdit sa convertibilité en or car la Banque de France, comme les autres banques centrales des pays belligérants, devaient financer la guerre par le crédit et donc la « planche à billets » ainsi que par l’emprunt.

C’est la création de la Réserve Fédérale en décembre 1913 qui, conjointement à la Banque d’Angleterre, a permis une autre partie de ces financements, notamment parce que les emprunts qu’elles consentaient à leur pays respectif étaient garantis par l’impôt payé par les contribuables et ceci figurait dans la loi qui établissait ce système de banques.

En France, cet impôt ne fut payé qu’à partir de 1916.

La Réserve Fédérale, victoire des banquiers internationaux

Après plus d’un siècle de guerre incessante entre les tenants d’une banque centrale « indépendante » et ceux qui voulaient que la constitution américaine soit respectée en donnant au peuple américain le contrôle exclusif de sa monnaie et les banquiers internationaux, qui voulaient reprendre l’exclusivité de ce contrôle.

On prête à Mayer Amshel Bauer (fondateur de la lignée des Rothschild) la phrase :

« Si j’imprime les billets, je me moque de qui fait les lois »

Même apocryphe, cette phrase explique parfaitement le pouvoir exorbitant que détiennent ceux qui contrôlent l’émission de la monnaie. Convaincre le peuple américain de se laisser ainsi berner n’a pas été chose facile et de nombreux ouvrages font le récit des différentes étapes.

On retiendra simplement qu’il a fallu plusieurs tentatives pour imposer cette banque centrale ainsi qu’une crise financière orchestrée en 1907, une réunion secrète à l’île Jekill fin 1910, un changement de Président en janvier1913 et une longue bagarre au Congrès pour aboutir à l’adoption (sans majorité ) du Federal Reserve Act le 23 décembre 1913 à 23 heures 30.

Cependant, cette prise de contrôle de la monnaie américaine n’était que partielle, car le dollar restait lié au cours de l’or par le « Gold Exchange Standard » qui limitait la quantité de billets émise. Les banquiers qui possédaient la FED s’employèrent à faire disparaître cette ultime barrière qui allaient leur permettre de créer sans limite de la monnaie à partir de rien et sans contre-partie économique, ce qui correspond assez bien à la définition de la fausse monnaie.

Ceci fut réalisé le 15 août 1971, par le discours de  Nixon à la Maison Blanche. Il ouvrait ainsi une nouvelle ère, qui perdure encore mais dont plusieurs économistes prédisent la fin prochaine.

Jean Goychman

Crédit photo : DR
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8 réponses à “La fin de la fausse monnaie”

  1. O.S.A dit :

    Excellents rappels !

    A noter que « En France, cet impôt ne fut payé qu’à partir de 1916. », cet impôt avait pour but de financer la guerre 14-18 au nom de « l’effort de guerre », ça ne s’est jamais arrêté.
    Doit-on en conclure que nous sommes en guerre depuis 1914 non-stop ? cqfd

    -« Ceci fut réalisé le 15 août 1971, par le discours de Nixon à la Maison Blanche. Il ouvrait ainsi une nouvelle ère, qui perdure encore mais dont plusieurs économistes prédisent la fin prochaine. »
    Là il faut aller doucement.
    La création d’une monnaie numérique généralisée a justement pour but de faire perdurer ce système.
    En sus, et en sus du contrôle total sur vos finances, cela vous enfermerait dans une économie fermée et interne de type soviétique.
    Donc « fin prochaine » peut-être mais nous voyons déjà les parades qui ont été prévues.

  2. cendu dit :

    La disparition de la monnaie « physique » au profit de la monnaie numérique associée au revenu universel (variable selon que l’on pense bien ou mal) est l’aboutissement de la dictature : Un seul moyen de paiement (smartphone) et une seule banque (mondiale ?) qui peut à tout moment mettre nos comptes à zéro en appuyant simplement sur un bouton.

  3. Jean Bidel dit :

    La « .monnaie  » ne vaut que par la confiance que lui accordent les particuliers .
    Si la confiance disparaît , cette monnaie ne vaut plus que le prix de son poids de papier , c’est à dire : rien !
    A force de faire tourner les rotatives pour imprimer à tour de bras ( QE ) , que ce soit la FED ou la BCE ( l’argent miracle de Macron ) nous jouons dangereusement avec la confiance ; certains pays l’ont cher payé : l’Allemagne des années 30 , plus proche , le Vénézuéla de Maduro .
    Nous leur emboîtons le pas .
    ( l’argent numérique permettrait aux banques centrales de s’emparer de vos avoirs et épargne en quelques clics pour ne pas sombrer ; je signale que l’on nous a OBLIGE à disposer d’un compte bancaire – pour moi ce fut en 1966 – afin de toucher nos salaires : le pas nécessaire vers la soumission au système bancaire )

  4. patphil dit :

    les gouvernement savent faire de la fausse monnaie… que nos enfants , petits enfants et arrière petits enfants devront rembourser!
    j’espère que le roi dollar rentrera dans le rang grace aux nations de la brics (brésil, russie, inde, chine et afrique du sud)

  5. Travis dit :

    Donc, d’après cet exposé, c’est une monnaie européenne, le Napoléon, qui aurait été la première à perdre,en 1914 ,cette solidarité avec l’or, bien avant la désindexation signée par Nixon en 1971 ?
    Dans ce cas, il faudrait cesser de toujours chercher l’origine de la dégradation de l’outil monétaire chez les autres…

    • Jean Goychman dit :

      Cher Travis
      Officiellement, oui, le Napoléon a perdu sa convertibilité en 1914. Seulement, lors de la création de la Bank of Englande en 1694, ses propriétaires privés (banquiers allemands et hollandais implantés dans la City),
      avaient obtenus d’émettre une certaine quantité de monnaie non couverte en or. Ce fut probablement le point de départ de tout le reste et on comprend pourquoi, 80 ans plus tard, la BoE a imposé sa monnaie aux colons américains. Je crois que c’est Jefferson qui disait que c’était la principale cause du soulèvement qui a conduit à la guerre d’indépendance de 1775.

      • O.S.A dit :

        Jean Goychman
        Décidément j’adore vous lire, au passage de ce commentaire je réapprends des subtilités dont j’ai négligé leur impact lorsque je les avais apprises … puis oubliées (avaient obtenus d’émettre une certaine quantité de monnaie non couverte en or)

        Merci pour cette référence historique que j’ignorais = « Je crois que c’est Jefferson qui disait que c’était la principale cause du soulèvement qui a conduit à la guerre d’indépendance de 1775. »

        Bravo pour vos articles publiés içi, je me régale à chaque fois, synthétiques, sans sophismes, simples sans être simplistes et toujours historiquement contextualisés.
        Beau travail.

        Je dis merci !

  6. CREOFF dit :

    Le dollar « monnaie de singe » apparait désormais dans toute son horreur grace aux travaux et publications de journalistes et d’experts, qui ne se font pas que des amis! La guerre d’UKRAINE a accéléré la dégradation de la confiance dans le dollar, quand les sanctions décrétées au nom de l’extraterritorailité des lois américaines ont poussé la Russie a mettre en œuvre les parades qu’elle avait concoctées depuis des années avec ses alliés. Le dollar fait désormais peur. Les méthodes sanguinaires des banquiers pour s’accaparer les richesses sont révélées au public de plus en plus large. Les BRICS proposent une autre alliance financière qui séduit les 3/4 du monde. Mais l’EUro s’écroulera avant le dollar. Il servira de parachute. Que deviendront nos dettes en Euros?

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