Situation curieuse au lendemain du premier tour des élections législatives dans la circonscription de Rennes-Cesson-Sévigné. Le résultat donne Laurence Maillart-Méhaignerie (Ensemble-Renaissance), député sortant, en tête (22 630 voix, 41,41 %), devançant Tristan Lahais (Nupes-Génération-s) de mille voix (21 596 voix, 39,51 %). A la cinquième place, on trouve le tandem Mathilde Lahogue (candidate) et Denez Marchand (suppléant) qui représente l’UDB ; leur résultat est évidemment modeste : 1 154 suffrages, 2,11 %. « On a bon espoir que la circonscription revienne dans le champ de la gauche humaniste et écologiste », affirme Tristan Lahais (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, lundi 13 juin 2022), lequel a déjà un pied dans la politique puisqu’il est conseiller municipal de Rennes et vice-président de Rennes Métropole. En devenant député, le casse-croûte serait assuré…
En général, un candidat qui ne participe pas au second tour invite ses électeurs à se reporter sur tel ou tel dont il se sent proche. Quand on appartient à la gauche et que le candidat RN est qualifié pour le second tour, le refrain est toujours le même : il faut « faire barrage à l’extrême droite ». Mais quand on se situe dans le bloc macroniste, on qualifie volontiers LFI et ses alliés d’« extrémistes ». C’est une petite musique utilisée par Laurence Maillart-Méhaignerie : « Je compte sur les voix des habitants qui vont se mobiliser dimanche prochain. Nous sommes sur un territoire modéré et ils doivent avoir conscience que mon adversaire sera sous la coupe de Jean-Luc Mélenchon, un chef intraitable » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, mardi 14 juin 2022). Voilà « Méluche » habillé pour l’hiver : « un chef intraitable »… S’il s’était installé à Matignon, le personnel aurait souffert…
« Les principaux combats de l’UDB »
Que devient l’UDB dans tout cela ? Pas grand-chose. Aucun communiqué n’apparaît dans la presse pour indiquer la position de Mathilde Lahogue et de Denez Marchand. C’est Tristan Lahais qui se charge d’informer les électeurs de ces derniers qu’il a reçu leur soutien. Un soutien obtenu après « un échange constructif » (sic). Mais si Mathilde Lahogue et Denez Marchand « revendiquent leur attachement à l’identité européenne, à la promotion de la culture et de la langue bretonne, ils reconnaissent à Tristan Lahais de partager leurs valeurs », poursuit l’équipe du candidat Nupes-Génération-S, qui s’engage « à soutenir les principaux combats de l’UDB », comme la « mise en œuvre d’un référendum en Loire-Atlantique sur la réunification de la Bretagne à cinq départements » (Ouest-France, Rennes, mercredi 15 juin 2022). Lahogue et Lahais possèderaient donc les mêmes « valeurs », mais on oublie de préciser lesquelles… Tristan Lahais n’aura pas à se fatiguer avec « la mise en œuvre d’un référendum en Loire-Atlantique» puisqu’il a été battu au second tour : 28 165 suffrages (51,82 %) pour Laurence Maillart –Méhaignerie et 26 190 (48,18 %) pour lui. Aucun regret : on voit mal « Méluche » accepter que Lahais soutienne « les principaux combats de l’UDB »… Question : est-ce que les 1 154 électeurs de l’UDB du premier tour ont voté pour Lahais au second ?
La rédaction de cet article offre l’occasion de lire la profession de foi du tandem Lahogue-Marchand. On fait alors une découverte étonnante : à aucun moment, le mot « Bretagne » n’apparaît, aussi bien sur le verso que sur le recto ; seules quelques phrases en breton font la différence. On a l’impression d’avoir affaire à un parti de gauche quelconque qui se contente d’« accorder aux territoires qui le souhaitent des statuts d’autonomie législative, réglementaire et fiscale ». Parti de gauche qui propose d’« accueillir les réfugiés dignement en respectant les conventions internationales ». Lahogue et Marchand oublient de préciser si l’apprentissage du breton et du gallo est prévu pour les « réfugiés »…
Bernard Morvan
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Une réponse à “A l’UDB, tout est possible…”
L’usage du mot « valeurs » par l’UDB et LFI, et bien d’autres d’ailleurs, est décidément cocasse : les valeurs ne valent plus rien. Elles n’ont pas de contenu, pas de signification, c’est juste un mot, comme s’ils disaient « Amen » par exemple.