Orwell, La véritable histoire de Jesse James, Défaire le parti des médias, Ce que j’ai vu à Moscou, La presse bretonne dans la collaboration : voici la sélection littéraire hebdo.
Qui suis-je ? Orwell
Né le 25 juin 1903 à Motihari (Inde), George Orwell, de son vrai nom Eric Arthur Blair, fut un infatigable militant. Socialiste authentique, il n’hésita pas à rompre avec la gauche officielle de son temps, aveuglée par sa fascination stalinienne. Son souci de la vie digne lui rendait tout aussi suspect un progressisme hors-sol, et il n’hésita pas à se définir lui-même comme un anarchiste tory. Des tranchées de Catalogne jusqu’aux bombardements de la capitale anglaise, il ne renonça jamais à prendre parti dans un monde en décomposition. Orwell fut surtout un contempteur acharné du totalitarisme. Ses deux plus grands succès, 1984 et La Ferme des animaux, sont là pour en témoigner. La tentation totalitaire était la grande question du siècle dernier, mais elle perdure dans le nôtre, considérablement amplifiée par le pouvoir immense qu’offre l’emprise numérique aux mains des tyrans de notre époque. Toutefois, si ces deux romans antitotalitaires méritent, plus que jamais et de toute urgence, d’être relus, ils ne doivent pas occulter la richesse d’une œuvre vaste, d’un journalisme de combat qui ne voulait rester étranger à rien de ce qui menaçait la dignité de l’homme. Ce «Qui suis-je?» George Orwell permet de découvrir la vie et l’œuvre d’un infatigable défenseur de ce qu’il nomma la common decency (notre «bon sens») face à la bureaucratie, aux machines, aux puissants. Maître de courage et de lucidité, resté fidèle, toute sa vie, à ce qu’il pensait être la vérité, Orwell meurt prématurément, à Londres, le 21 janvier 1950.« Le totalitarisme a aboli la liberté de pensée jusqu’à un point jamais connu à aucune époque antérieure. […] L’État totalitaire s’efforce à tout prix de contrôler les pensées et les émotions de ses sujets au moins aussi complètement qu’il contrôle leurs actions. »
Un livre de Thomas Renaud édité chez Pardès.
La véritable histoire de Jesse James
En Europe, l’image de Jesse James est celle d’un bandit, pilleur de banques, de diligences et de trains. En vérité, Jesse James est d’abord un guérillero sudiste qui, la guerre de Sécession terminée, continua à frapper les intérêts yankees avec son frère Franck et d’autres.
Franck, le grand frère de Jesse, avait rejoint l’armée confédérée dès le début de la guerre, en 1861. A partir de 1862, les James, les Younger et tant d’autres Missouriens de convictions sudistes mènent une guérilla à travers l’Etat du Missouri, resté dans l’Union. Cette action clandestine perdure après la fin de la guerre, en 1865, et se caractérise par une succession de braquages légendaires. La bande James-Younger fait l’objet d’une véritable traque de la part des hommes de la Pinkerton’s National Detective Agency.
Alain Sanders nous raconte cette aventure plus complexe que l’image que nous en laissent quelques westerns du cinéma hollywoodien.
A commander chez FrancePhi
Défaire le parti des médias
Les médias dominants occidentaux mènent une entreprise d’extinction du pluralisme des opinions et de leur confrontation. L’étranglement de l’expression publique et la tyrannie médiatique aboutissent à une véritable syncope de la civilisation européenne. Face à cette immense menace, TVLibertés a forgé un modèle alternatif qui entraine un formidable mouvement de recomposition. Qu’est-ce qu’une authentique presse alternative ? Quels sont les obstacles qui se dressent devant elle, dans l’ignorance desquels le public est entretenu ? Quel est le rôle des plateformes vidéo dans le coup de force contre l’information et la liberté d’expression ? Répondre est un devoir.
Martial Bild et Philippe Milliau, président de TVLibertés, cherchent à donner toutes les pistes et les moyens de défaire « le parti des médias ». Ces réflexions et analyses constituent un ouvrage qui permet de définir les lignes de combat pour construire une presse vraiment libre. Défaire le parti des médias est un élément de destruction massive de la mortifère entreprise de standardisation idéologique des peuples menée par les médias de masse.
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Ce que j’ai vu à Moscou
Après la révolte irlandaise et la révolution fasciste italienne, Henri Béraud part en septembre 1925, pour le compte du Journal, en URSS. Dans une langue toujours parfaite, notre flâneur salarié conte 1001 scènes de la vie moscovite auxquelles il assiste, des nepmen si peu socialistes aux gens du peuple qui se baignent nus dans la Moskova, des orchestres tsiganes qui, dans les restaurants, font « tomber des larmes de leurs violons » aux personnels des hôtels espionnant les étrangers pour le compte du Guépéou.
S’il va voir la momie de Lénine, Béraud s’entretient avec le puissant Kamenev, pas encore purgé, essaie de rencontrer Trotsky, déjà écarté et invisible. Plus drôle, il assiste à un ahurissant soviet surréaliste réunissant à la fois des peintres et des cochers !
Tout le talent de Béraud est là, dans ces « choses vues » avec un œil amusé mais acerbe, qui démonte le mirage Potemkine du communisme naissant. D’ailleurs, les communistes ne lui pardonneront pas ce livre à la Libération quand, s’ajoutant à l’épisode Salengro, cela lui vaut une peine d’une incroyable dureté au regard de son attitude sous l’Occupation.
Journaliste et grand reporter, romancier, polémiste, l’écrivain lyonnais Henri Béraud (1885-1958) fut un des journalistes les plus célèbres et lus de son temps, prix Goncourt pour son Martyre de l’obèse. Auda Isarn réédite successivement ses trois reportages (Ce que j’ai vu) à Rome, Moscou et Berlin.
A commander chez Auda Isarn
La presse bretonne dans la collaboration
« Enfin, la France a un chef », exulte L’Ouest-Éclair du 1er novembre 1940, arborant dans sa « une» un portrait du maréchal Pétain. Le ton était le même pour l’autre grand quotidien breton de l’époque, La Dépêche de Brest, qui approuve aussi le régime de Vichy. Jusqu’à leurs derniers numéros, en juillet-août 1944, les deux journaux vont afficher leur pétainisme et un soutien sans faille à la « Nouvelle Europe » sous l’égide de l’Allemagne nazie.
Et ceci dans la guerre contre ceux qu’ils nommaient « les judéo-bolcheviques » ou « les enjuivés » de Londres et de Washington. L’antisémitisme et la justification des pires horreurs de la guerre traversent en effet les colonnes de ces deux quotidiens qui connaissaient alors de forts tirages. Interdits de parution à la Libération en raison de leur collaboration effective, les deux journaux ont été remplacés en 1944 par Ouest-France et Le Télégramme de Brest, qui multipliaient alors les actes d’allégeance au nouveau pouvoir gaulliste, sans aucun doute pour mieux faire oublier les années noires de compromissions.
C’est cette histoire le plus souvent occultée dans les ouvrages traitant de cette période, y compris dans le monde universitaire, que l’auteur s’efforce de remettre en lumière. Sans rien cacher des faits avérés et confirmés par les écrits que l’on peut aisément consulter dans les archives.
Georges Cadiou, né en 1951 à Brest, a été journaliste dans la presse écrite, puis dans l’audiovisuel, notamment à France-Bleu-Breizh Izel. Il a aussi été maire-adjoint UDB de Quimper (2008-14) et a écrit près de trente ouvrages sur différents sujets historiques, politiques et sportifs.
Illustrations : DR
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2 réponses à “Orwell, La véritable histoire de Jesse James, Défaire le parti des médias, Ce que j’ai vu à Moscou, La presse bretonne dans la collaboration : la sélection littéraire hebdo”
Le remplacement du nom de certains journaux n’empêche apparemment pas une certaine collaboration d’un autre genre…
Tout à fait d’accord avec vous.