Le dernier sommet de l’OTAN, un sommet aux relents de guerre mondiale ?

Le sommet de l’OTAN à Madrid, qui s’est terminé le 30 juin, a été décrit comme celui qui a changé et transformé l’alliance de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Entre autres choses, il a modifié la défense et la dissuasion de l’Alliance, en renforçant les groupements tactiques dans sa partie orientale. En outre, un nouveau concept stratégique a été adopté. Il traite, comme on pouvait s’y attendre, de la Russie et, pour la première fois, de la Chine en tant que « défi » pour les « intérêts, la sécurité et les valeurs » de l’Alliance. Une autre décision clé prise lors du sommet a été la demande d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’alliance.

La déclaration du sommet de Madrid, publiée par les 30 membres de l’Alliance atlantique, invite officiellement les deux pays nordiques à se joindre à l’Alliance et réitère également le « soutien indéfectible » de l’Alliance à l’Ukraine, tout en désignant la Russie comme « la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés et pour la paix et la stabilité dans la région euro-atlantique ». La déclaration reconnaît également qu’il y a eu un « niveau de coopération sans précédent avec l’Union européenne », et s’engage à renforcer le « partenariat stratégique » avec le bloc.

On a beaucoup écrit sur la volonté d’expansion de l’OTAN. En fait, elle s’étend à l’Est depuis au moins 1999, ce qui constitue une violation de la promesse de 1990. C’est en soi l’une des principales causes de la guerre actuelle. Le pape François l’a résumé de manière assez éloquente en disant que l’OTAN a « aboyé à la porte de la Russie ». Et maintenant, l’alliance militaire s’étend vers le nord, encerclant ainsi complètement la Fédération de Russie.

En fait, l’adhésion de la Finlande et de la Suède étendra la portée territoriale de l’Alliance jusqu’au flanc est de l’Arctique russe (le détroit de Béring). En outre, elle fera de la Russie le seul pays non membre de l’OTAN dans l’Arctique, qui a déjà été le théâtre de tensions en raison de son emplacement stratégique et de son importance géopolitique. L’ancien slogan de la Norvège pour sa politique arctique était « High North, low tension ». Les tensions ne seront évidemment plus faibles dans ce nouveau scénario.

Le 27 juin, avant le sommet, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, avait déjà déclaré que le nombre de soldats en état d’alerte pour faire face à la « menace russe » serait porté à plus de 300 000. Cela représente une multiplication par sept. Il a également déclaré que l’Alliance devra répondre à cette nouvelle réalité « pendant de nombreuses années ». À Davos, lors du Forum économique mondial, l’ancien Premier ministre finlandais Alexander Stubb a déclaré qu’un nouveau rideau de fer divisait désormais l’Europe et que l’architecture de sécurité européenne elle-même avait changé.

Une question essentielle n’a cependant pas fait couler beaucoup d’encre. Le 29 juin, lors du sommet de l’OTAN, après avoir déclaré que Washington enverrait des escadrons supplémentaires de F-35 au Royaume-Uni et ajouterait une « brigade de rotation » en Roumanie, le président américain Joe Biden a également annoncé que les États-Unis établissaient une base permanente en Pologne et renforçaient leur présence en Europe. Ce sera la première fois que Washington disposera d’une installation permanente sur le « flanc oriental » de l’OTAN.

Rappelons qu’il s’agit d’une violation de l’accord de 1997 de l’OTAN (acte fondateur OTAN-Russie) sur la non-établissement d’une présence permanente à l’est de l’Allemagne. Les autorités américaines insistent toutefois sur le fait qu’une base en Pologne ne violera pas cet acte en raison d’un détail technique : bien que l’installation elle-même soit permanente, les troupes seront déployées sur la base d’une rotation. Bien entendu, il ne s’agit que d’une tentative « créative » de manœuvrer les aspects juridiques entourant les actions de l’Alliance atlantique, et elle sera perçue par Moscou comme une violation.

Il faut également garder à l’esprit que Varsovie et Kiev ont déjà fait les premiers pas vers une possible fédération ukraino-polonaise. Le 3 mai, le président polonais Andrzej Duda a même déclaré qu’il espérait qu’un jour « il n’y aura plus de frontière » entre les deux pays. Maria Zakharova, représentante officielle du ministère russe des affaires étrangères, a décrit ces plans comme « la légalisation de la prise de contrôle de l’Ukraine par la Pologne. » Ainsi, placer une présence militaire occidentale permanente en Pologne est la chose la plus proche de ce que l’on pourrait faire en Ukraine même.

Joe Biden a déclaré que Poutine recherchait la « finlandisation de l’Europe », mais qu’il obtiendrait plutôt l' »otanisation » du continent. Avant l’actuelle guerre russo-ukrainienne, il y avait 80 000 soldats américains en Europe. Dans un avenir proche, les chiffres atteindront probablement 100 000. La diplomatie a été complètement abandonnée par Washington dans ses relations avec Moscou et la militarisation complète de l’Europe est poursuivie. En résumé, le dernier sommet de l’OTAN rapproche encore plus le monde d’une possible guerre mondiale, au détriment une nouvelle fois de l’Europe et des Européens.

Illustrations  : DR
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6 réponses à “Le dernier sommet de l’OTAN, un sommet aux relents de guerre mondiale ?”

  1. André dit :

    Ce qu’ils veulent, c’est réduire la population Mondiale, le vaccin n’a pas prit, donc comme d’habitude les américains pour réduire la population et prendre les richesses des pays, ne connaissent que la guerre en se servant de l’O T A N pour être les maitres du monde !! mais!! un seul oubli, aujourd’hui ils ne sont plus seul, une autre force est en marche …et là !!

  2. alienor dit :

    « la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés »…………………….et heureusement ! la Russie va mettre à bas l’égémonie mortifère des fouteurs de m**** partout dans le monde que sont les USA

  3. ThierryR dit :

    La Ursula étant américaine… On comprend son soutien à l’OTAN. Après; rien d’extraordinaire. Les va-t-en guerres sont toujours là. Il faudra surement les liquider pour les faire taire.

  4. Henri Romeuf dit :

    Bah, dans le cas d’une vraie guerre (Russie contre les États-Unis et leurs états-serfs de l’OTAN), les dizaines de milliers de cow-boys basés en Pologne connaîtront les affres qu’ont vécues les nazis lors de la destruction du Groupe d’Armées Centre ( juin – août 1944, en Biélorussie et en Ukraine du Nord) : une avancée soviétique de 600 km et la plus grande défaite de l’armée allemande.

  5. patphil dit :

    la guerre oui mais pour les autres, comme l’a dit le président méxicain, l’otan et les usa fournissent les armes, les ukrainiens les cadavres

  6. Tous ces commentaires contre l’OTAN et en faveur de Poutine montrent des ignorants qui ont totalement oublié Hitler et la façon dont il a mené par surprise une guerre d’invasion qui a coûté 60 millions de morts dont 45 millions de civils ! Ce genre de dictateurs s’illusionne sur la réalité et seule la force peut le stopper, hélas. Heureusement que l’OTAN existe et que les Etats-Unis montrent (timidement, je trouve) les dents ! Pour ma part, je compte sur eux et je suis heureux que leur armée soit beaucoup plus forte, plus celles de leurs alliés, que celle de Poutine.

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