Jean-Yves Le Gallou : « La question de l’immigration ne pèse pas seulement sur l’identité, ni sur la sécurité mais aussi sur le pouvoir d’achat » [Entretien]

Nous n’avions pas eu l’occasion de faire le point avec Jean-Yves le Gallou, président de la fondation Polémia, depuis le verdict des élections législatives. C’est chose faite ci-dessous, ce qui permet de revenir sur les sujets cruciaux du moment, que ce soit les législatives, la question de l’immigration, l’entrée massive du RN à l’Assemblée, l’abstention, ou encore, le faible score de Reconquête et d’Eric Zemmour.

Breizh-info.com : Quel bilan politique tirez-vous de ces échéances électorales, avec au final la présence de 89 députés RN à l’Assemblée, ce que pas grand monde n’avait vu venir ?

Jean-Yves Le Gallou : Macron a admirablement manœuvré, malgré l’immense hostilité qu’il suscite, il a été réélu et bénéficie d’une majorité relative à l’Assemblée nationale. Chapeau l’artiste !

Les 89 députés RN sont une « divine surprise ». J’y vois cinq causes :

-une certaine réussite de l’opération de dédiabolisation de Marine Le Pen, en tout cas quand les médias jouent ce jeu-là (avant le premier tour de la présidentielle, pendant les législatives mais non pour le deuxième tour de la présidentielle),

-l’existence des réserves électorales mobilisées par Eric Zemmour,

-les méfaits des racailles aux abords du stade de France,

-et surtout la volonté des électeurs de ne pas donner la majorité absolue à Macron en même temps qu’une certaine méfiance pour la NUPES,

-enfin l’absence de votes de « barrage » : au deuxième tour, quand le RN était en course les électeurs des candidats éliminés (qu’ils soient LR, NUPES ou Ensemble) se sont partagés ainsi : 50% d’abstention, 30 % de vote hostile, 20%de vote pour. Bref, un solde négatif de 10%, c’est peanuts…

Breizh-info.com : L’échec politique d’Éric Zemmour et de son parti Reconquête ne traduisent-ils pas simultanément, la défaite d’une candidature très parisienne, hors sol, incomprise de la population, et en même temps un apport certain au score important de MLP, mais aussi aux débats sociétaux actuels ?

Jean-Yves Le Gallou : Zemmour donne l’impression d’être passé d’Austerlitz à Waterloo. Il a animé la campagne électorale, posé les vrais problèmes, bougé la fenêtre d’Overton sur le Grand Remplacement, tenté de la déplacer sur la remigration et la mise en cause des méthodes des pédagomanes. Mais comme le dit Michel Onfray : « Éric Zemmour a des idées et ça c’est plutôt gênant pour les gens. Il est trop brillant et il met le doigt sur les problèmes. On préfère lui taper dessus. Mais on devrait se réjouir qu’il existe parce que le débat est là. »

Les médias et Macron ont utilisé la guerre russo-ukrainienne et le thème du pouvoir d’achat pour « sortir » Zemmour de la fin de campagne. A partir du 24 février –date de « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine- il n’était plus visible et a pâti du « vote utile » qui a bénéficié à Marine Le Pen, de surcroit forte de l’effet « marque » auprès d’électeurs peu politisés.

Bien sûr on peut opposer le rat des champs qui a la « fesse populaire » au rat des villes plus à l’aise dans l’électorat bourgeois. Pourtant Zemmour a aussi (bien) parlé à la ruralité mais les médias ont peu relayé ses déplacements : ils montraient ses meetings (puissants), non ses visites de terrain. Marine Le Pen, elle, a transformé une faiblesse (sa maigre capacité de mobilisation) en force avec des opérations de proximité dont les médias parlaient puisqu’ils n’avaient rien d’autre à se mettre sous la dent… . Les analystes politiques et les électeurs oublient souvent une chose essentielle : l’extraordinaire différence entre ce qu’un homme politique dit et fait et ce que les médias en montrent. Pour les faiseurs d’opinion, Éric Zemmour était le candidat du Grand Remplacement, Marine Le Pen celui du pouvoir d’achat. Et les deux derniers mois de campagne ont porté sur le pouvoir d’achat. Point barre !

Breizh-info.com : L’Assemblée nationale est profondément divisée, mais paradoxalement, elle semblerait presque issue d’une élection à la proportionnelle que d’un scrutin à deux tours. Pourquoi est-ce que la diversité de cette Assemblée semble faire peur aux principaux partis, alors même qu’il suffit de voir les Parlements de nos voisins pour comprendre que la démocratie y fonctionne très bien malgré la multiplicité des étiquettes politiques représentées ?

Jean-Yves Le Gallou : Les parlements de presque tous les pays européens fonctionnent en effet avec des assemblées composites. Ce fut aussi le cas – avec la proportionnelle – des régions françaises de 1986 à 2004. Elles n’ont jamais été bloquées et ont fonctionné avec des majorités variables. Parfois même d’ailleurs, en particulier de 1986 à 1992, avec le Front National.

Il ne devrait pas être difficile de trouver des majorités :

-sociétales avec l’extrême gauche (c’est parti pour la constitutionnalisation de l’avortement),

-économiques avec LR, même si Olivier Marleix, leur président du groupe qui s’est illustré contre Macron dans l’affaire Alsthom, sera coriace,

-sociales avec le RN qui pourrait être tenté de cosigner les chèques du gouvernement.

C’est donc très jouable pour le pouvoir. Il faudra juste que Macron et Kohler à l’Elysée, Borne à Matignon, Braun Pivet et Bergé à l’Assemblée ne méprisent pas trop leurs partenaires, Bayrou et Philippe, notamment. N’oublions pas non plus que la Ve République, c’est du « parlementarisme rationnalisé où l’exécutif maitrise l’ordre du jour et dispose du 49-3 et du vote bloqué.

Breizh-info.com : Le grand gagnant de ces élections, c’est tout de même largement l’abstention. Et une nouvelle fois une Assemblée élue par une minorité de Français, tout comme il y a quelques années les maires des principales métropoles françaises ont été élus par une minorité d’administrés. Y’a-t-il une forme de Sécession, de facto, d’une large partie du peuple d’avec les « élites » ? Sur quoi est-ce que cela pourrait aboutir, selon vous, demain ?

Jean-Yves Le Gallou : L’abstention ne gagne rien du tout. Elle est surtout le signal d’une dépolitisation sur le modèle américain. Et d’une perte de sens du commun. Qui touche aussi ceux qui votent : est-ce le même peuple qui élit 12/12 députés NUPES dans le 93 m et 3/3 députés RN dans l’Aude, 4/4 dans les Pyrénées atlantiques, 7/8 dans le Var ?

Reste la sécession me direz-vous ? Certes, mais elle est exposée à la répression comme on le voit pour les mouvements dissidents, les écoles hors contrats ou l’enseignement à la maison. Ce sont ceux qui votent qui désignent ceux qui dirigent l’appareil d’Etat dont les décisions s’imposent aussi à ceux qui ne votent pas.

Breizh-info.com : La question de l’immigration semble totalement mise de côté par les responsables politiques – il faut dire qu’y compris Marine Le Pen n’insiste pas beaucoup dessus. Et cela alors même que le vote dit « contestataire » englobe aussi bien la question du pouvoir d’achat que celle de la préservation de l’identité, et de la peur, au fond, de disparaître sous la pression migratoire. La politique des yeux grands fermés empêchera-t-elle la submersion migratoire ?

Jean-Yves Le Gallou : La question de l’immigration ne pèse pas seulement sur l’identité (ce qui est essentiel), ni sur la sécurité (ce qui est préoccupant) mais aussi sur le pouvoir d’achat :

-Qui tire les salaires à la baisse ? Sinon la main d’œuvre abondante et souvent clandestine venue d’ailleurs ?

-Qui tire le prix des logements à la hausse ? Sinon l’arrivée de 400 000 étrangers chaque année ? Sinon la colonisation de certains quartiers par les immigrés, là où les logements sont subventionnés et là où les prix baissent pendant qu’ils augmentent ailleurs ?

-Qui impose des frais de déplacements routiers importants ? Sinon l’impossibilité de vivre en paix dans les proches banlieues colonisées ?

-Qui pèse sur les charges de sécurité des magasins et des manifestations publiques ou privées sinon la crainte des racailles ?

-Qui pousse à inscrire ses enfants dans le privé pour qu’ils aient une « scolarité sereine » comme dirait Pap Ndiaye ?

-Qui pèse sur les budgets et donc sur les impôts ? Sinon la sur délinquance, le sur chômage et la sur assistance sociale qui marquent les quartiers de l’immigration.

Bien sûr ce sont des vérités qui dérangent. Et si vous les évoquez, on vous accuse d’être « obsédés » par l’immigration : mais ce sont des faits !

Ceci étant il y a d’autres causes à la crise – bien réelle – du pouvoir d’achat !

-les délires règlementaires qui font augmenter le coût de tous les produits,

-les folies de la « transition énergétique » qui pèsent lourdement sur le prix de l’électricité et sur celui des voitures,

-les sanctions économiques irresponsables contre la Russie qui font exploser le prix de l’énergie (chauffage, transports).

Vous remarquerez que malgré les dizaines d’heures consacrées dans les médias au pouvoir d’achat, aucun de ces sujets n’a été réellement abordé. Comme si il suffisait de « promettre de raser gratis » comme au bon vieux temps des IIIe et IVe République. Pitoyable !

Breizh-info.com : Avec 89 députés à l’Assemblée nationale, le RN n’aura cette fois-ci plus l’excuse d’être une petite minorité, prétexte à ne pas faire grand-chose, à de l’absentéisme, à une mauvaise maitrise de certains dossiers. N’est-ce pas le moment pour les réseaux dits « de droite nationale » (associations, mouvements politiques) de mettre, durant les 5 prochaines années, une immense pression sur ces députés pour qu’ils agissent sur les thématiques politiques, migratoires, sociétales, économiques, qui leur ont permis de siéger au Palais Bourbon ?

Jean-Yves Le Gallou : L’excuse d’être en minorité n’a jamais été sérieuse. La preuve ? Seules à l’assemblée nationale, Marie France Stirbois (1989/1993) et Marion Maréchal (2012/2017) ont admirablement occupé le terrain, simplement parce qu’elles avaient des convictions et qu’elles travaillaient.

C’est dire si, à 89, les nouveaux députés RN peuvent abattre des montagnes. S’ils ne prennent pas trop le melon, ne cèdent pas aux délices de Capoue et surtout gardent chevillée au corps l’idée qu’ils sont là pour défendre la continuité historique de la France et la civilisation européenne et chrétienne. C’est effectivement le rôle de la réinfosphère, des médias alternatifs et des courants dissidents de les aider à garder ce cap.

Breizh-info.com : Comment voyez-vous la rentrée politique ? Et Quid de la rentrée de Polémia ?

Jean-Yves Le Gallou : Les jeux parlementaires risquent de céder rapidement place aux vrais problèmes : dette, inflation, pénuries, rationnements, effondrement des services publics (hôpital, école). Dans ces conditions et même s’il veut apparaître « responsable » le RN serait bien inspiré de camper sur une opposition ferme…

Quant à Polémia, je vous recommande la lecture ou la visio de sa prochaine étude réalisée avec SUNRISE et l’OJIM sur le Grand Remplacement publicitaire, entendez les délires ethniques des pubards. Et nous tiendrons le samedi 3 décembre – en grand format public – le VIIIe Forum de la dissidence sur le thème : « Faire face : comment résister en milieu hostile ? » Pour ma part je publierai, courant septembre, dans la collection Cartouches de l’Institut ILIADE à la Nouvelle librairie, La société de propagande, manuel de résistance au goulag mental.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : wikipedia (cc)
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5 réponses à “Jean-Yves Le Gallou : « La question de l’immigration ne pèse pas seulement sur l’identité, ni sur la sécurité mais aussi sur le pouvoir d’achat » [Entretien]”

  1. Yvette Prétet dit :

    Les musulmans coûtent plus cher à la France qu’ils ne lui rapportent! de Gaulle disait que  »L’Algérie est un gouffre financier pour la France. » Avant 1962,les sous des Français partaient chez les musulmans, dans les colonies, au lieu de RESTER en  »Métropole » où nos paysans vivaient comme au Moyen Age! Ce n’est qu’en 1962,que  »l’eau courante » fut installée dans le village de mon époux(en Bourgogne)!..Dans beaucoup de villages français, avant 1962:il n’y avait pas  »d’eau courante », pas de  »tout à l’égout », les paysans n’avaient pas de salles de bains, pas de  »Gaz de ville », certains n’avaient pas d’électricité et ils continuaient à s’éclairer à la bougie ou avec des lampes à pétrole!…Ce que je vous raconte: Je L’AI VU quand je rendais visite à mes beaux-parents, dans leur village, et nous étions au 20ième siècle!…

    • LIRA dit :

      C’est vrai. Cela n’a été qu’au début du 20° siècle que la France cueillait quand-même les fruits de la colonisation algérienne; c’était économiquement et politiquement positif, mais très vite nos immenses efforts vis à vis de l’Algérie nous ont coûté fort cher… malgré l’intérêt que nous avions de conserver ce territoire français (le Sahara/nucléaire, le gaz, la forte activité Pied-Noir qui enracinait la France au Maghreb). Quant à la France des années trente/quarante/cinquante, il ne tenait qu’aux dirigeants français d’accélérer la modernisation du Pays sans même attendre l’Oncle Sam dès la fin de la Seconde Guerre.

    • Le PRIMITIF dit :

      Bonjour Madame , A part l’électricité à la ferme de mes Grand parent Paysan Bretons ,tout ce que vous décrivez étaient la réalité .Petit garçon j’ai eu la chance de voir ce monde et nous étions dans les années 60′ ,en plein dans les trente Glorieuses !

  2. Chtimi59 dit :

    Belle image de la nocivité de la confédération générale des traîtres à la patrie .

  3. le sith rouge dit :

    Sur l’immobilier.
    Avec 1,4 enfants par femme blanche = 30% de population en moins par génération = chute des prix
    .
    Tout ce qui purine le peuple est assurance-vie des super-riches.
    .
    L’ED, Z compris, a été incapable de dire ça:
    .
    «L’IMMIGRATION fait baisser ainsi les salaires, et dégrade la condition morale et matérielle de la classe ouvrière […] une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles, les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais [imaginez avec musulmans/chrétiens] Le SECRET de l’impuissance de la classe ouvrière anglaise [souchienne], en dépit de son organisation […] grâce auquel la classe CAPITALISTE maintient son pouvoir. Et cette classe [Soros] en est parfaitement consciente »
    Marx, lettre à Meyer et Vogt, 1870

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