En Allemagne, le gouvernement a relevé son niveau d’alerte concernant l’approvisionnement en gaz. Un rationnement n’est pas exclu face à la réduction des flux de gaz en provenance de Russie.
Allemagne : la menace d’un rationnement du gaz
La première économie d’Europe est désormais officiellement à court de gaz naturel et intensifie son plan de crise afin de préserver les approvisionnements alors que la Russie ferme les vannes.
L’Allemagne a activé jeudi 23 juin la deuxième phase de son programme d’urgence gazier en trois étapes, se rapprochant ainsi d’un rationnement de l’approvisionnement de l’industrie, ce qui porterait un coup dur au cœur manufacturier de son économie. Le ministre allemand de l’Économie et du Climat, Robert Habeck, a déclaré qu’il espérait que le rationnement ne serait pas nécessaire pour passer l’hiver prochain, mais qu’il ne pouvait l’exclure.
« Le gaz est désormais en pénurie en Allemagne », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Berlin. « Même si vous ne le percevez pas encore : nous sommes dans une crise du gaz. » Et le ministre d’ajouter : « À partir de maintenant, chaque kilowattheure compte […] Désormais, le gaz est une ressource rare […] Nous devons donc réduire la consommation, dès maintenant. »
La crise énergétique de l’Europe s’est aggravée ce mois-ci, la Russie ayant encore réduit les approvisionnements de l’Allemagne, de l’Italie et d’autres membres de l’Union européenne.
12 pays de l’UE touchés par les coupures
La semaine dernière, Gazprom, la compagnie nationale russe de gaz, a réduit de 60 % le débit du gazoduc Nord Stream 1 à destination de l’Allemagne, imputant cette décision à l’Occident qui a décidé de retenir des turbines essentielles en raison des sanctions. Le géant italien de l’énergie ENI a déclaré que Gazprom réduisait ses approvisionnements de 15 %.
La Russie a réduit le volume de gaz acheminé par le gazoduc Nord Stream 1 de la mer Baltique vers l’Allemagne.
12 pays de l’UE ont jusqu’à présent été touchés par les coupures d’approvisionnement en gaz russe, a déclaré jeudi 23 juin Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne en charge du Pacte vert pour l’Europe.
« La Russie a militarisé l’énergie, et nous avons vu de nouvelles perturbations de l’approvisionnement en gaz annoncées ces derniers jours. Tout cela fait partie de la stratégie de la Russie visant à saper notre unité », a-t-il ajouté. Frans Timmermans estime que « le risque d’une interruption totale de l’approvisionnement en gaz est donc plus réel que jamais ».
Du côté de la Russie, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré ce même 23 juin que les coupures de l’approvisionnement en gaz russe vers l’Europe étaient dues à des problèmes techniques et non à des raisons politiques, ajoutant qu’il n’y avait « aucune intention cachée » de la part de Moscou.
L’économie allemande redoute le retour de l’hiver
En Allemagne, Robert Habeck a appelé tous les consommateurs – industrie, ménages et institutions publiques – à réduire leur consommation autant que possible « afin que nous puissions passer l’hiver ».
Les prix à terme du gaz naturel européen ont grimpé d’environ 60 % depuis le milieu du mois pour s’échanger autour de 133 € par mégawattheure (MWh), des niveaux observés pour la dernière fois en mars, selon les données de l’Intercontinental Exchange.
Robert Habeck a également indiqué que si les installations de stockage de gaz allemandes sont remplies à 58 %, soit plus qu’à la même époque l’année dernière, l’objectif d’atteindre 90 % d’ici décembre ne sera pas réalisable sans mesures supplémentaires.
Par ailleurs, la récente réduction des flux de gaz par Gazprom intervient alors que l’entreprise avait déjà interrompu l’approvisionnement de la Pologne, de la Bulgarie et de la Finlande, ainsi que des entreprises énergétiques du Danemark, de l’Allemagne et des Pays-Bas, en raison de leur refus de se conformer à la demande du Kremlin d’être payé en roubles.
L’option charbon pour l’Allemagne ?
L’Allemagne, l’Autriche et d’autres pays de l’UE se tournent désormais vers les centrales électriques au charbon et au pétrole afin de pouvoir stocker davantage de gaz pour le chauffage des habitations en hiver.
L’Europe s’efforce de réduire sa dépendance à l’égard du gaz naturel russe depuis l’invasion de l’Ukraine fin février. L’Allemagne a réussi à réduire la part de Moscou dans ses importations à 35 %, contre 55 % avant le début de la guerre. Mais ses possibilités de trouver d’autres sources d’approvisionnement ont été mises à mal la semaine dernière lorsqu’un important producteur américain de gaz naturel liquéfié a annoncé que son installation au Texas serait complètement fermée pendant 90 jours à la suite d’un incendie. Freeport LNG a produit environ un cinquième des exportations américaines de GNL depuis le début de l’année, selon la société d’analyse Vortexa.
Si l’Allemagne avait activé la première phase de « pré-alerte » de son programme énergétique d’urgence en mars dernier, la phase d’« alerte » déclarée le 23 juin sera suivie d’une « urgence » si la situation se détériore davantage. À ce stade d’alerte maximale, les régulateurs peuvent rationner le gaz pour maintenir l’approvisionnement des « clients protégés », tels que les ménages et les hôpitaux. Les utilisateurs industriels seraient les premiers à subir des coupures.
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4 réponses à “Allemagne. Un rationnement du gaz à venir pour les industries et les ménages ?”
L’Allemagne, farouchement anti-nucléaire, paye les conséquences de l’Energiewende centrée essentiellement sur l’éolien et le solaire aux productions fluctuantes et intermittentes, aux faibles facteurs de charge et à la très faible densité énergétique, ce qui fait que les EnR consomment énormément d’espace et de matières premières. Sa politique climat-énergie incohérente, lancée par Angela Merkel, a nécessité l’utilisation de centrales à gaz de même puissance totale que toutes les EnR pour équilibrer le réseau, ce qui a plombé le bilan carbone du pays, pourtant présenté comme un modèle de vertu verte, ce qui est pour le moins surprenant. Ayant récemment découvert qu’elle dépendait trop du gaz russe, elle tente par tous les moyens d’avoir de nouveaux fournisseurs de gaz pour réduire cette dépendance, mais, comme les Verts se sont opposés à des terminaux GNL, elle ne peut utiliser cette filière (utilisée sans scrupule ailleurs en Europe, notamment en France, qui, incohérente, ne veut pas de son gaz de roche-mère national centrée mais utilise celui des USA), et la recherche d’autres fournisseurs prend du temps et, in fine, leur gaz coûtera plus cher que le gaz russe bon marché. L’Allemagne paye le prix douloureux de sa politique climat-énergie incohérente et absurde, mais contre toute logique, pour résoudre ce problème, elle affiche sa volonté de développer encore plus éolien et solaire, ce qui fait que le remède sera pire que le mal. Quand un pays est victime du redoutable virus delirium carbonum, il devient fou, incohérent, absurde. Et c’est ce qui se passe en Europe de par la volonté de la Commission qui a voulu imposer éolien et solaire sans prendre la peine de faire une analyse avantages-inconvénients.
on fait bêtement la guerre par personnes interposées sans se soucier de l’intérêt du pays pour un autre pays aux mains des mafias.
« on fait » ??? les américains font ! et les dirigeants européens, bons toutou, suivent! mais les usa ne patissent de rien, ils ont du gaz (de schiste à fournir à cout élevé ) du pétrole, les peuples européens doivent donc assumer les conséquences financières! au passage zelinski touche des royalties sur le gaz qui passe par l’ukraine mais veut que nous nous abstenions de tout
C’est bien fait pour les teutons, il ne fallait pas abandonner le nucléaire et mettre tous ces œufs dans le même panier avec le gaz russe. Quand on prend des sanctions il ne faut pas scier la branche sur laquelle on est assis. C’est valable aussi pour toute l’UE, suiveur des US qui vont refourguer leur gaz de schiste. Chapeau à la commission de m…e de l’UE et de tous ces députés tartuffes.