Après l’élimination des Bleus en huitièmes de finale de l’Euro 2020, celui qui s’est joué en juin-juillet 2021 (coronavirus oblige), le sélectionneur national Didier Deschamps n’arrive plus à faire gagner ses joueurs à tous les coups, et ce, en dépit de la victoire en finale de Ligue des nations de l’UEFA en octobre de la même année. À présent, ils n’ont que deux points sur douze possibles à l’issue de leurs quatre matchs de cette même compétition disputés en ce mois de juin, finissant à la dernière place de leur poule face au Danemark, la Croatie et l’Autriche. Comme si Deschamps n’avait plus la maitrise des évènements. Comme s’il devait finir par se retrouver dépassé par cette génération, des icônes du politiquement correct, ou des nouvelles luttes sociétales : le mouvement « Black Lives Matter » porté, entre autres, par le milieu Paul Pogba (actuellement blessé), la communauté LGBTQIA+ soutenue par l’attaquant Antoine Griezmann, etc.
Retour en arrière : auréolés de leur titre de champion du monde – obtenu 15 juillet 2018, au stade Loujniki de Moscou –, les héros malgré eux de la Macronie avaient reçu la Légion d’honneur à l’Elysée, le 4 juin 2019. Parce que, comme en 98, l’arrière-fond sociologique a raison du bon sens populaire : la redite permanente de la bonne formule « France black blanc beur », dans la mesure où le football hexagonal ne peut échapper à ses soubassements idéologiques. Seulement, force est de constater que le véritable maître d’œuvre des deux victoires tricolores en Coupe du monde est Didier Deschamps : d’abord, en tant que capitaine de l’équipe, en 98 (bien qu’il en fut, officieusement, le véritable coach), puis en tant que sélectionneur, depuis 2012. Deschamps est, à l’origine, le footballeur qui gagne sans la manière. Mais aussi une belle histoire française : entre l’enracinement au Pays basque et l’habileté d’un Mazarin, le joueur qu’il fut hier devait nécessairement façonner l’entraineur qu’il est aujourd’hui. Le jeune Didier, né en 1968, a été formé au FC Nantes, entre 1983 et 1989, avant de glaner le titre de champion de France (avec l’Olympique de Marseille, en 1990 et 1992), celui de champion d’Italie (avec la Juventus de Turin, en 1995, 1997 et 1998) ainsi qu’une Coupe d’Angleterre (avec Chelsea, en 2000). Avec, dans son escarcelle, plusieurs titres de champion d’Europe des clubs (en 1993, avec l’OM et, en 1996, avec la Juve) puis les trophées gagnés en tant qu’entraineur (Coupe de la Ligue, avec l’AS Monaco en 2003, Champion d’Italie de Série B, avec la Juve en 2007, Champion de France en 2010 et trois Coupes de la Ligue en 2010, 2011 et 2012, avec l’OM), Deschamps figure, incontestablement, parmi les plus grands palmarès de notre histoire. Une fierté nationale.
Pourtant, Éric Cantona le traitait de « porteur d’eau » (dans la Gazzetta dello Sport, en 1996) et Michel Platini raillait, à plusieurs reprises, la disproportion entre ses faibles capacités techniques et le nombre de ses trophées. Deschamps avait, effectivement, « les pieds carrés » et était toujours prompt à dégager la balle dans les tribunes au moindre danger. Car « la Dèche » – comme le milieu du foot le surnomme – est, fondamentalement, un angoissé : quand on ne maitrise rien sur le terrain et qu’on passe la majeure partie de son temps de jeu le « postérieur » par terre, il faut absolument passer maître dans l’art de jouer des coudes, l’art de contrôler toutes les coulisses de la scène. En somme, Didier n’est pas un chien, mais un pur cerveau reptilien.
Lorsqu’il était joueur à l’OM (de 1989 à 1994), il avait fait des pieds et des mains pour se rendre indispensable dans le staff de l’équipe première et, ainsi, devenir un des proches de Bernard Tapie, son président de l’époque, au moment même où ce dernier souhaitait justement s’en débarrasser. Puis, d’après les hypothèses avancées dans l’émission Complément d’enquête (diffusée le 24 mai 2018 par France Télévisions, autrement dit trois semaines avant la dernière Coupe du monde)i, Deschamps serait lié, indirectement ou pas, au plan qui avait consisté à acheter des joueurs du club de Valenciennes avant de disputer la finale de Ligue des Champions de la saison 1992-1993. Parmi les protagonistes, il y avait Jean-Jacques Eydelie, qui fut un compagnon de formation de Deschamps au FC Nantes (entre 1984 et 1989) et Jean-Pierre Bernès, le numéro deux de l’OM de cette période. Ce dernier fut condamné à deux ans de prison, dont un ferme, puis Eydelie à un an avec sursis. Quant à Deschamps, celui-ci serait probablement passé entre les mailles du filet, au côté de son compère, Marcel Desailly (formé, lui aussi, à La Jonelière). Quoi qu’il en soit, Bernès a réalisé sa mue, dès le début des années deux mille, pour devenir respectable en tant qu’agent de joueurs et d’entraineurs. Après quoi, aurait-il renforcé son « pacte » avec « la Dèche » ? Nul ne le saura jamais. Toujours est-il que Deschamps semble s’être sorti, ensuite, de l’ornière judiciaire où était tombée la Juve des années quatre vingt dix aux années deux mille, à cause de sa pharmacie particulièrement prolifiqueii. D’ailleurs, on soupçonnait Zinédine Zidane d’avoir été aussi de la partieiii. Encore une fois, aucune preuve n’a été trouvée. Puis, dans tous les cas, avons-nous le droit de brûler nos idoles ?
À propos de certaines de ces sombres affaires, les anciens internationaux Éric Cantona, David Ginola et Emmanuel Petit avaient essayé de parler, mais avaient été très vite rabroués. Depuis lors, personne ne souhaite dire quoi que ce soit contre Deschamps. Ou, de manière plus générale, à l’heure où le vice se fait passer si aisément pour la vertu, il serait logique qu’il en soit de même dans le domaine sportif. De façon pragmatique, il s’agirait de pérenniser, à tout prix, la formation des joueurs « à la française ». Puis, au-delà des zones d’ombre qui jalonnent l’impressionnante carrière du sélectionneur des Bleus, mais aussi pour se replacer sous un angle strictement footballistique, c’est sur notre conception du jeu qu’il conviendrait de réfléchir. Ou la fin justifierait-elle toujours les moyens ? Ne faudrait-il pas plutôt considérer le football comme un art, et non comme une science, contre, formellement, celui qui sera, tôt ou tard, le président de la Fédération Française de Football ? Car Noël Le Graët a donné des signes avant-coureurs en ce sens, notamment en novembre 2018, tel un monarque en passe de désigner son successeur. Enfin, le retour de Karim Benzema en sélection nationale en juin de l’année dernière (après cinq années de bannissement), la star du Real Madrid, devait dynamiser davantage cette trajectoire, le tout sur fond de concessions probables faites à Zidane, proche du joueur franco-algérien, et pressenti pour remplacer, dans un avenir proche, Deschamps à la tête de la sélection. Dans tous les cas, « la Dèche » peut-il éternellement échapper à la « lumière naturelle », au doute au sujet de sa carrière, au cœur même de ce terrain où règne, à l’évidence, une certaine omerta, si ce n’est peut-être « la guerre de chacun contre chacun » ? Mais est-il permis encore de douter au pays de Descartes ?… Deschamps, ou le Léviathan du football français ?
Henri Feng
i cf. article intitulé « Ce reportage qui a déplu à Deschamps », d’Olivier Chauvet, publié le 25 mai 2018 sur le site sports.fr
ii cf. « On n’a pas trouvé d’EPO à la Juve, mais une pharmacie bien fournie », entretien croisé paru le 25 avril 2017 sur le site sofoot.com
iii cf. article intitulé « Dopage. Zidane s’est-il dopé à la Juventus Turin ? », publié le 30 septembre 2016 sur le site du quotidien Ouest-France.
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Une réponse à “Didier Deschamps et les Bleus : Ombre est lumière”
En fait : RIEN A FOOTRE de DD et de sa clique de fouteballeurs, grosses merdes globalistiques.
Il pollue notre imaginaire avec ses singeries et son folklore à la con.