C’est une nouvelle opposition qui a lieu au Pays basque entre les enseignants en langue basque et le ministère de l’Éducation nationale, ce dernier imposant désormais la rédaction de certaines épreuves du brevet en français.
Pays basque : des copies en basque… corrigées en français ?
Au Pays basque nord comme en Bretagne, les relations entre le ministère français de l’Éducation nationale et les acteurs de l’enseignement immersif n’ont rien d’un long fleuve tranquille. Et ce n’est pas le récent courrier du même ministère à destination des enseignants du second degré de la filière immersive qui va calmer les choses…
Lors d’une conférence de presse organisée le 8 juin dernier à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), les enseignants des collèges de Seaska ont déchiré le courrier en question les enjoignant à corriger les copies du brevet 2022.
Cet acte fort est venu témoigner de l’exaspération de ces enseignants en langue basque, qui ont ainsi voulu se montrer solidaires avec leurs élèves. En effet, comme en 2021, ces derniers, après avoir rédigé leurs épreuves du brevet en basque, risquent fort de voir leurs copies corrigées… en français par des enseignants non bascophones. Imaginons le tollé si l’inverse se produisait !
« Cette année aussi, on refusera d’aller corriger les copies du brevet si les épreuves de sciences de nos élèves ne sont pas corrigées en euskara », a résumé auprès du média Mediabask un enseignant mobilisé.
Quelles suites à prévoir ?
Au plan légal, des textes officiels garantissant le droit de passer les épreuves du brevet en langue basque sont pourtant en vigueur. Mais l’administration de Jean-Michel Blanquer, désormais remplacé par Pap Ndiaye, est passé outre en sanctionnant les collégiens ayant rédigé en basque. Dans le but de « faire pression par tous les moyens » selon les professeurs présents le 8 juin à la conférence de presse.
Une fois la convocation du Gouvernement déchirée, que va-t-il se passer ? Cherchant à se faire entendre en cette période d’élections législatives, un collectif de parents d’élèves (Azterketak Euskaraz) a mené, dans plusieurs communes des trois circonscriptions du Pays basque, une opération de collage sur les affiches électorales des candidats de la majorité présidentielle. Les prochaines semaines ont toutefois peu de chances de voir une solution émerger du côté du Rectorat de Bordeaux.
Baccalauréat : la demande de Seaska rejetée
L’heure n’est effectivement pas à l’optimisme au sein du réseau d’enseignement immersif en langue basque. Le 31 mai dernier, la requête en référé de Seaska avait été rejetée par le tribunal administratif de Pau.
L’action en justice de l’association visait le ministère de l’Éducation afin de contester le refus du droit de passer les épreuves du baccalauréat, et notamment le grand oral, en langue basque. Les magistrats donnèrent ainsi raison à la rectrice de Bordeaux. Pour la première fois depuis plusieurs années, la majorité des élèves de terminale ne furent pas autorisés à rédiger en basque au bac, bien que l’usage de l’euskara soit garanti par la convention signée par Seaska, le ministère et l’Office Public de la langue basque. « L’exception française » sans doute…
Crédit photo : Pixabay (Pixabay License/schaferle) (photo d’illustration)
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