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Thierry Bouclier : « Tous les débordements de la gauche sont aujourd’hui permis, voire encouragés, tandis que ceux de la droite sont systématiquement proscrits » [Interview]

C’est un excellent ouvrage que vient de rédiger Thierry Bouclier (édité par la Nouvelle Librairie). Avec la gauche ou le monopole de la violence, l’auteur s’attaque à un véritable tabou en France : celui de la violence permanente utilisée par l’extrême gauche et par la gauche, et d’une manière acceptée par les autorités.

Au fil d’une chronologie qui couvre deux siècles et demi, Thierry Bouclier passe en revue le deux poids, deux mesures permanent dans le traitement médiatique et judiciaire des violences politiques de droite et de gauche. Alors que les discours et les agissements de la droite sont systématiquement diabolisés, ceux de l’extrême gauche font au contraire l’objet d’une complaisance fort peu coupable, ce qui leur confère une légitimité et autorise la gauche à désigner les cibles acceptables et à punir les transgressions à son idéologie. Une analyse indispensable pour comprendre comment se met en place l’impunité de la frange la plus radicale du progressisme.

Avocat et essayiste, Thierry Bouclier a également écrit plusieurs romans et biographies. Il préside le Prix des lecteurs de la presse française libre.

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Pour évoquer cet excellent ouvrage, nous avons interrogé l’auteur.

Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Thierry Bouclier : Je suis avocat depuis environ vingt-cinq ans. Outre ma profession d’avocat, je suis l’auteur de plusieurs ouvrages, quelques biographies (Tixier-Vignancour, Poujade, A.D.G., Châteaubriant, Drieu la Rochelle et Benoist-Méchin), des romans policiers et des essais politiques, dont La République amnésique ou La France au risque de l’islam.

Breizh-info.com : Votre essai se penche sur le monopole de la violence par la gauche depuis 1789. Pourriez-vous accorder à nos lecteurs quelques considérations historiques sur ce rapport à la violence ?

Thierry Bouclier : La gauche et la droite sont nées en 1789 lorsque l’Assemblée a dû se prononcer sur l’octroi ou non d’un droit de véto au roi. Depuis cet événement fondateur, la droite incarne, dans l’imaginaire politique, le mal et le passé, tandis que la gauche symbolise le bien et le progrès. Au nom de ses idéaux, la gauche peut tout se permettre car rien ne saurait entraver la marche de ce bien et de ce progrès. En 1848 comme en 1870, la gauche a donc pu forcer les portes du Parlement pour prendre, ou tenter de prendre, le pouvoir. Nul ne lui en a jamais fait grief. Au contraire. Elle revendique avec fierté ces deux faits d’armes. En revanche, la droite traîne comme un boulet la manifestation du 6 février 1934, alors même qu’il n’y a jamais eu de volonté de sa part de prendre le Parlement, et Trump et la droite américaine sont vilipendés pour le fameux chahut au sein du Capitole le 6 janvier 2021.

Breizh-info.com : L’extrême gauche estime, y compris aujourd’hui, que sa violence est légitime, du fait des causes défendues (féminisme, antiracisme, décolonialisme). En gros, celui qui se considère comme oppressé aurait le droit d’user de la violence, pas les autres. Est-ce le nœud du problème pour comprendre la violence politique à notre époque ?

Thierry Bouclier : C’est exactement cela. La fin justifiant les moyens, si la fin est considérée comme juste et bonne, tous les moyens sont permis pour l’atteindre, y compris les plus violents. Au nom de ce principe, la gauche peut casser, détruire, brûler et agresser en toute impunité. Nous le voyons à chaque manifestation avec les antifas et autres blacks blocks. Je vous laisse imaginer si cette violence venait de groupuscules de droite ou de la fantomatique extrême droite. Ceux-ci seraient immédiatement poursuivis et dissous. Nous l’avons vu avec le sort réservé à des mouvements comme Génération Identitaire, le Bastion social ou l’Alvarium. 

Breizh-info.com : Aux yeux d’une partie de la population, il s’agit là d’un véritable deux poids deux mesures, dans le sens où médiatiquement, mais aussi judiciairement et politiquement, la violence d’extrême gauche n’est pas traitée de la même façon que d’autres formes de violence politique. Avez-vous des exemples récents de ces différences, et comment les expliquez vous ?

Thierry Bouclier : Sont actuellement à l’affiche la série « Oussekine » et le film « Nos frangins », consacré à l’étudiant Malik Oussekine, tué accidentellement par la police en décembre 1986 en marge d’une manifestation d’étudiants de gauche qui avait dégénéré. Depuis près de 40 ans, la mémoire de ce malheureux étudiant est entretenue. Très bien ! En revanche, lorsqu’un étudiant de droite, Sébastien, Deyzieu, meurt, huit ans plus tard, dans des conditions mystérieuses en étant poursuivi par des policiers, c’est le silence absolu. Aucune indignation médiatique et politique sur le moment et aucune mémoire entretenue puisque pour la gauche et les médias, ce mort n’existe tout simplement pas.

Le 26 mars 2002, un militant de gauche, Richard Durn, abat huit conseillers municipaux de Nanterre et en blesse dix-neuf autres. Immédiatement, la gauche et la presse insistent pour qu’il n’y ait aucune exploitation politique de l’affaire. Moins de trois mois plus tard, Maxime Brunerie tire avec sa carabine à plombs en direction de Jacques Chirac lors du défilé du 14 juillet. Immédiatement, les mêmes hurlent à l’attentat d’extrême droite, au motif que Brunerie fréquentait des mouvements rattachés à cette mouvance, et le mouvement Unité Radicale est dissous.

La gauche et les médias se mobilisent pour le terroriste d’extrême gauche, ayant du sang sur les mains, Cesare Battisti, mais ne s’offusque pas que le jeune de droite Michel L. a fait vingt ans de prison pour un attentat n’ayant fait ni victime, ni dégâts matériels.

La gauche s’étrangle face au « harcèlement démocratique » pratiqué contre ses membres en 2013, lors du débat sur le mariage homosexuel, par les militants du Printemps français, alors qu’elle est à l’origine de cette technique qu’elle a pratiqué pendant des années contre le Front national.

Plus près de nous, la gauche hurle à la violence insoutenable lorsqu’un jeune homme, proche de la mouvance identitaire, offre un bouquet de fleurs à la militante féministe Alice Coffin, mais ne trouve rien à redire lorsque la journaliste de droite, du média en ligne Livre Noir, Maud Koffer, est frappée à coups de casque par un antifa.

Breizh-info.com : Globalement, estimez-vous que ces années marquent un retour de la violence en politique, ou à contrario, que cette violence est beaucoup moins forte qu’à d’autres périodes, notamment au 20ème siècle ?

Thierry Bouclier : Il y a eu des périodes assez violentes, notamment dans les années 1930, dans les années 1960 et les années 1970. Songeons notamment à la violence inouïe avec laquelle la Ligue communiste a attaqué en 1971 et 1973 les meetings d’Ordre Nouveau. La droite n’a pas été en reste, notamment avec le mouvement Occident dans les années 1960. Mais je pense que l’existence d’un tel mouvement serait impensable de nos jours. Tous les débordements de la gauche sont aujourd’hui permis, voire encouragés, tandis que ceux de la droite sont systématiquement proscrits.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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2 réponses à “Thierry Bouclier : « Tous les débordements de la gauche sont aujourd’hui permis, voire encouragés, tandis que ceux de la droite sont systématiquement proscrits » [Interview]”

  1. patphil dit :

    seuls les « progressistes » mélanchoniens ou macroniens ont le droit à la liberté d’expression, les autres doivent se taire et bosser

  2. Yvette Prétet dit :

    Les sympathisants de la C.G.T. ont saccagé un hôpital pour enfants(lors d’une manifestation): je ne vois pas le tort que ces enfants ont pu faire aux gauchistes pour qu’ils se comportent de la sorte! Ainsi, en 1962,les dockers de la C.G.T ont jeté dans les eaux du port de Marseille, les objets précieux que les non-musulmans avaient arrachés des mains des égorgeurs du F.L.N!.. Qu’avaient donc fait les non-musulmans aux cégétistes pour que ceux-ci se comportent de cette façon? Encore une fois les gauchistes n’ont pas été punis pour ces faits répréhensibles!

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