Discrimination à l’embauche par l’Opéra de Paris pour motif politique. Adélaïde témoigne

Le gauchisme est un cancer. Et ses agents pathogènes sont particulièrement virulents vis-à-vis de tous ceux qui ne partagent par leur vision du monde, leur façon de penser.

Adélaïde, jeune étudiante de 23 ans qui achève son master 2 de science-politique spécialisé en communication politique et institutionnelle à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et qui est actuellement en stage de fin d’études à Valeurs Actuelles, l’a vécu, lors d’un recrutement organisé par l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris (AROP), association financée par le contribuable, mais visiblement gangrénée par le cancer idéologique cité plus haut.

Nous l’avons interrogé pour comprendre ce qu’il s’est passé, et parce qu’il est temps de rendre coup pour coup à ceux qui pensent que le monde de la culture, comme celui de l’éducation, leur appartiendrait.

Breizh-info.com : Vous avez décidé de briser le silence au sujet d’un entretien d’embauche discriminatoire dont vous avez été victime, pouvez vous revenir sur les faits ?

Adélaïde : Cherchant un emploi pour l’année prochaine, j’ai envoyé une candidature spontanée à l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris (AROP). Passionnée d’art lyrique depuis toute petite (j’ai pratiqué la danse classique pendant 11 ans au conservatoire de ma ville), je souhaite travailler pendant un temps dans des institutions culturelles. En envoyant mon CV, je me suis dit que l’AROP allait très certainement ne pas donner suite à mon courriel en raison de mon expérience dans la presse d’opinion. J’ai été très surprise de voir que la responsable, que j’appelle Camille dans mon article pour Valeurs Actuelles, voulait me rencontrer. Je me suis dit : « Super, ils voient que je suis compétente et que j’ai de bons diplômes ».

Je me suis présentée à l’entretien. La conversation, au début, se passe bien. Je me présente et évoque longuement ma passion pour l’art, mais également mes connaissances sur l’Opéra de Paris. Comme n’importe quel entretien d’embauche, la responsable me met devant les yeux un « cas pratique » à savoir une vidéo de l’AROP. Je dis que je l’ai déjà vue et que je la trouve très intéressante. Je m’engage alors dans une longue tirade évoquant la nécessité de défendre le rayonnement de cette prestigieuse institution (mixité sociale, accessibilité de l’Opéra de Paris et de ses artistes, communication tournée vers les jeunes). Je donne de nombreux exemples, je cite des livres, des artistes. Je veux montrer à mon interlocutrice que je suis compétente pour le poste et que je connais le monde culturel. Elle semble être d’accord avec moi puisqu’elle hoche la tête plusieurs fois. Chose importante à noter, JAMAIS la responsable ne m’a dit que je n’étais pas compétente pour le poste.

Arrive la seconde partie de l’entretien. Tout bascule.  Camille me dit que mon CV lui pose un énorme problème. En cause ? Mon passage dans les rédactions de Boulevard Voltaire, l’Incorrect et Valeurs Actuelles. Camille affirme que « mes idées » sont incompatibles avec la ligne diversitaire de l’Opéra de Paris. Je me défends en affirmant que je suis une jeune femme ouverte d’esprit qui a évolué longtemps dans un univers de gauche (5 ans à la Sorbonne, dont deux ans à Tolbiac). Camille m’avoue que son équipe, à qui elle a fait circuler mon cv, ne souhaite pas travailler avec moi. Je me défends en réaffirmant que l’Opéra de Paris ne pourra jamais deviner mes opinions politiques, car je sais être impartiale dans mon travail. Il va de soi que lorsqu’on travaille pour le service public, on respecte le devoir de neutralité. Bien que l’entretien soit de plus en plus glacial, je garde le sourire et ma politesse. Il n’était pas question que Camille me trouve mal éduquée ou impertinente.

Au bout d’un certain temps, elle lâche le morceau : « Si je vous ai fait venir ici, je vais être cash, c’est pour que vous m’expliquiez comment vous avez pu croire qu’avec un tel CV vous pourriez travailler dans le milieu culturel ». Pour elle, mon expérience dans la presse d’opinion serait la preuve de mon sectarisme et de mon incapacité à travailler en équipe avec des gens de gauche. Ne souhaitant pas que Camille ait le dernier mot, je lui fais part de sa position bien paradoxale : « Vous défendez l’Opéra de Paris en promouvant la diversité et l’inclusion, je le comprends tout à fait. Mais expliquez-moi pourquoi vous refusez une jeune femme compétente, vous n’avez jamais dit que je n’étais pas compétente pour le poste, uniquement parce que je ne suis pas de gauche ». Camille répond à côté de la plaque et me dit « Madame, le racisme n’est pas une opinion c’est un délit ». Elle sort alors tout sourire de cet entretien.

Breizh-info.com : Depuis que l’affaire a été médiatisée, il semblerait que l’Opéra de Paris ait réagi, quid depuis ?

Adélaïde : L’Opéra de Paris et l’AROP ont fait part à la rédaction de Valeurs Actuelles qu’une enquête interne est menée au sein de l’AROP pour mettre la lumière sur cette affaire. Mon avocat et moi attendons son résultat. Ma crainte principale est que l’AROP, par facilité, postule que je n’étais pas compétente pour le poste alors que Camille ne l’a jamais dit au cours de l’entretien.

Breizh-info.com : Suite à la médiatisation de votre affaire, ils sont nombreux à découvrir que la discrimination politique existe en France, de longue date, notamment vis-à-vis de tout ce qui est assimilé, de près ou de loin, à la mouvance « patriote ». Vous-même, pensiez-vous que cette discrimination existait auparavant ? Quelle a été votre réaction, humainement, face à ces propos assumés par la DRH ?

Adélaïde : Je savais que le milieu de la culture était de gauche, mais j’espérais que l’Opéra de Paris, institution financée par le contribuable, faisait fi des opinions politiques de ses employés. Quand on embauche, on regarde les compétences. J’ai été assommée par cet entretien. Quand on a 23 ans et qu’on a pour rêve de travailler à l’Opéra de Paris, c’est très dur d’être victime d’une humiliation pareille et surtout de diffamation (je rappelle que Camille a sous-entendu que j’étais raciste et d’extrême droite). Dans le métro, j’ai craqué. J’ai été écœurée par le comportement de cette responsable qui m’a fait venir uniquement pour m’insulter et me rabaisser. On ne « joue » pas avec une jeune femme de 23 ans qui cherche du travail, surtout en ces temps difficiles !

Breizh-info.com : Globalement, en médiatisant, quel est le message que vous souhaitez faire passer ?

Adélaïde : J’ai médiatisé cette affaire pour que les gens victimes de ce genre de discrimination parlent. Vous savez, j’ai quand même beaucoup réfléchi avant d’écrire cet article pour Valeurs Actuelles. Au fond, j’avais l’impression d’attaquer médiatiquement l’institution qui me fascine le plus, à savoir l’Opéra de Paris. Cependant, je me suis dit qu’en tant que victime il fallait que je prenne la parole. J’espère sincèrement que les choses vont bouger. Beaucoup de personnes m’ont envoyé de gentils mots pour me soutenir et me remercier de briser l’omerta autour de la discrimination à l’embauche basée sur des opinions politiques.

Breizh-info.com : Professionnellement, que faites vous aujourd’hui ?

Adélaïde  : Je finis mon stage à Valeurs Actuelles en juillet. Je cherche un emploi dans le journalisme ou la communication. Avec cette « affaire », je pense que les portes du monde de la culture me sont définitivement fermées.

Si toutefois des recruteurs ont quelque chose à proposer à la courageuse Adélaïde, nous contacter sur [email protected] ; nous transmettrons.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
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