Des milliers de manifestants vêtus de rouge ont défilé dans les rues de Belfast samedi dernier pour demander la protection de la langue gaélique.
Un cortège composé de familles, de groupes communautaires et de clubs sportifs irlandophones ont défilé dans la ville de Belfast pour demander « la reconnaissance, le respect et les droits de la langue« , ainsi que pour appeler le gouvernement britannique à mettre en œuvre une loi sur la langue irlandaise, comme cela avait été promis auparavant.
Lá stairiúil do phobal na Gaeilge 🅾️✊
Níl anseo ach an tús.
This is only the beginning. #AchtInniu pic.twitter.com/kewD7GWZXi
— Conchúr Ó Muadaigh (@Conchur91) May 25, 2022
La manifestation An Lá Dearg est partie de Cultúrlann McAdam Ó Fiaich et s’est dirigée vers l’hôtel de ville de Belfast où des orateurs et des chanteurs se sont adressés à la foule. Parmi eux figuraient Katie Irvine, animatrice de jeunesse en langue irlandaise à Glór na Móna, et Dónal Ó Cnaimhsí du Gaoth Dobhair Gaeltacht dans le Co Donegal.
Les manifestants ont notamment réclamé une loi sur la langue irlandaise et scandé des phrases en gaélique telles que « tír gan teanga, tír gan anam », qui signifie « un pays sans langue est un pays sans âme ».
SIN É!! An Lá Dearg 2022! ⭕️👏
WOW!!! 17,000+ Gael demanding Irish Language rights! #AchtAnois
We are here to stay and demand language rights now!!!
Go raibh maith agaibh gach duine a sheas linn 👏👏👏 @dreamdearg abú pic.twitter.com/L9MUYMQeX9
— An Dream Dearg 🅾️🦸🏽♀️🦸🏻♂️ (@dreamdearg) May 21, 2022
C’est la deuxième manifestation de l’organisation An Dream Dearg après un évènement similaire organisé à Belfast en 2017, qui avait également attiré du monde.
Le porte-parole Conchúr Ó Muadaigh a déclaré qu’ils étaient « impressionnés » par le niveau de soutien manifesté samedi, et a affirmé qu’il s’agissait de « la plus grande manifestation en langue irlandaise d’une génération ».
« An Dream Dearg a construit un mouvement de base qui a fait passer la langue irlandaise de la marge au centre même du discours politique et civique, ici et à l’étranger, un mouvement qui a dit la vérité au pouvoir et a fait en sorte que notre communauté ne soit plus traitée comme des citoyens de seconde zone, marginalisés ou exclus. Ces jours sont révolus pour de bon. La loi sur la langue irlandaise n’a que trop tardé. Notre communauté ne peut et ne doit pas attendre plus longtemps pour obtenir les mêmes droits linguistiques que ceux dont jouissent les citoyens de ces îles. »
La militante Clíondhna Ní Mhianáin a évoqué une fin de non recevoir des autorités, en 2014, disant qu’ils ne pourraient pas avoir une nouvelle école secondaire de langue irlandaise à Derry. Pourtant, une mobilisation publique a conduit à l’ouverture de Gaelcholáiste Dhoire en 2015, avec 13 étudiants. « Maintenant, près de 300 étudiants ont franchi nos portes, et en tant que membre du groupe de première année, je termine maintenant mon parcours. Rien de tout cela n’aurait été possible sans une campagne communautaire pour l’égalité et les droits, sans que les irlandophones exigent mieux, exigent une loi sur la langue irlandaise. »
Le conseiller Mal O’Hara, chef adjoint du parti vert en Irlande du Nord, a tweeté depuis la manifestation qu’il était « formidable de voir des milliers de militants descendre à l’hôtel de ville pour demander le respect des accords conclus il y a des années. Ils ne devraient pas avoir à le faire. Nous avons le devoir de promouvoir et de protéger les langues autochtones et minoritaires. »
Il a ajouté que le secrétaire britannique à l’Irlande du Nord, Brandon Lewis, « devrait faire le nécessaire ».
Les protections législatives pour la langue irlandaise en Irlande du Nord étaient un élément clé de l’accord « Nouvelle décennie, nouvelle approche » qui a rétabli le partage du pouvoir en Irlande du Nord en janvier 2020 après une impasse de trois ans.
Elles ont été incluses dans un ensemble plus large de lois culturelles comprenant un bureau de l’identité et de l’expression culturelle pour promouvoir le respect de la diversité, ainsi qu’un commissaire à la langue irlandaise et un commissaire chargé de développer la langue, les arts et la littérature associés à la tradition écossaise et britannique de l’Ulster. La mise en œuvre de ces mesures est au point mort en raison de la persistance des divergences politiques sur la question.
En juin dernier, le gouvernement britannique s’est engagé à adopter la législation à Westminster afin de sortir de l’impasse entre le Sinn Féin et le DUP concernant son introduction à l’Assemblée d’Irlande du Nord. Toutefois, le gouvernement britannique n’a pas réussi à présenter un projet de loi avant la date limite d’octobre qu’il s’était lui-même fixée l’année dernière.
Lors d’une visite en Irlande du Nord lundi, le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est engagé à mettre en œuvre le processus dans les semaines à venir.
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