Le 23 avril 2019, un commando armé d’un fusil Skorpio, d’une Kalachnikov et d’un fusil de calibre 12 faisait éclater une fusillade nourrie devant le bar à chicha le Moonlight dans la partie étroite de la rue Maréchal Joffre – elle coûtait la vie au serveur marocain Monceff Mjidou, mort à 24 ans vers 1h40 d’une balle perdue qui visait un autre homme, dans ce qui serait un règlement de comptes entre gangs de drogue des quartiers nantais, Bellevue contre Malakoff. Il a été inhumé à Fés (Maroc).
Dix prévenus sont mis en cause dans l’affaire – cinq ont été envoyés aux assises en mars (Mohammed Abassou, Ismayn Boussyf – 30 ans, Ossama Hanine – 26 ans, Amine Sahaoui – 27 ans et un dernier accusé remis en liberté le 8 février dernier suite à une erreur de procédure), mais ont fait appel, les autres ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel, dont trois qui se sont opposés à l’ordonnance de renvoi.
Fusillade mortelle du Moonlight : un Conflit entre deux gangs de la drogue de Bellevue et Malakoff
L’ordonnance de renvoi aux assises confirme nos informations du 7 juillet 2019 : « deux clans se font face à cette époque, celui de Bellevue qui serait guidé par Mohammed Abassou et celui de Malakoff tenu par une famille qui tire les ficelles depuis le Maroc », écrit Ouest-France qui a consulté ladite ordonnance, le 6 avril 2022 – il donne dans la foulée les noms des renvoyés aux assises.
Cinq fusillades au moins s’inscrivent dans la « volonté de revanche » du principal commanditaire : le 23 février, lors de son mariage, quatre individus armés surgissent rue du Luxembourg, à Malakoff, et des tirs éclatent. Puis le 15 mars, un client du Copacabana, un bar à chicha rue du docteur Zamenhof à Beaulieu, a été atteint par plusieurs coups de feu depuis une voiture, pour le vol de laquelle le mis en cause a été condamné. Le 5 avril, il est blessé à la main à Bellevue. Puis des tirs éclatent à Bellevue dans la nuit du 18 au 19 avril, puis du 21 au 22 avril – quatre blessés cette fois. « Il nourrissait une haine à l’encontre [du clan de Malakoff] Une haine qu’il a lui-même reconnue […] une riposte d’ampleur aux fusillades subies serait envisagée ».
Ils n’étaient donc que deux à etre jugés devant la juridiction interrégionale spécialisée, les 9 et 10 mai à Nantes, dans un dossier considéré par l’accusation comme « l’apogée des tensions du narcobanditisme nantais ».
Le premier, Abdelhakim Abassou a été relié à l’affaire par son cousin, trafiquant de drogue et décrit comme le commanditaire de l’affaire – Mohammed Abassou. Le 29 mars 2021, ce dernier, détenu particulièrement surveillé, a été condamné à quatre ans ferme pour vol de voiture avec arme, une Golf R surpuissante, aperçue ensuite sur les lieux d’une fusillade devant le bar à chicha rue du Docteur Zamenhof sur l’ile Beaulieu, dans la nuit du 14 au 15 mars 2019 – Mohammed Abassou avait été relaxé pour cette fusillade. « Sans le moindre revenu officiel, cet ex-espoir du foot, à la carrière fauchée par un accident de scooter à 14 ans, répond qu’il a de la chance à la roulette du casino », écrivait à l’époque la presse locale. Il avait été blessé dans une fusillade le 7 avril 2019 – trois semaines avant celle du Moonlight.
Quelques mois plus tard, plusieurs kilos de résine de cannabis étaient saisis chez ses parents. On apprend du procès qu’un de ses amis, Esteban le Costevec, est mort dans une fusillade dans la nuit du 2 au 3 août 2019 – à l’époque, il avait été présenté par ses proches comme un garçon modèle qui n’avait aucun lien, de près ou de loin, avec le trafic de drogue.
L’autre prévenu, Yassine Bouhssida, cousin du commanditaire présumé, est relié par des écoutes faites pour une autre affaire, est spécialisé dans les homejacking et les vols de voiture – une délinquance souvent corollaire du trafic de stupéfiants, car « elle permet de mettre la main sur des véhicules pour le trafic et de dégager des liquidités pour payer les livraisons de drogue », explique un policier nantais chevronné.
Le 21 avril, donc, plusieurs personnes se réunissent dans l’appartement du commanditaire présumé – mais cette transcription est attaquée par plusieurs avocats des divers mis en cause pour faux en écriture publique, car les propos retranscrits ne seraient pas ceux qui ont été effectivement captés. « A aucun moment on n’entend les mots arme, fusillade, attaque ou vengeance », constate un des avocats qui a attaqué la transcription en justice. « Mais les mots Moonlight et centre-ville de Nantes sont prononcés », lui réplique le procureur.
Les condamnations sont en deçà des réquisitions – le premier prévenu, âgé de 20 ans, a été condamné à 3 ans de prison dont 18 mois ferme, contre quatre ans demandé – mais relaxé de l’association de malfaiteurs. Le second, âgé de 22 ans, a été condamné à deux ans de prison ferme alors que sept étaient requis.
Louis Moulin
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Une réponse à “Nantes – deux prévenus condamnés pour la fusillade mortelle du Moonlight en 2019”
encore une histoire stupéfiante!
la banalité devient la règle! bientot ça ne fera même plus une brève de comptoir!
drole de pays quand même