Aurélie Guyon : « Que la petite vie d’Azélie continue à porter beaucoup de fruits » [Interview]

Aurélie Guyon est agricultrice dans la région de Grenoble. Avec son mari, ils élèvent des vaches laitières et fabriquent des fromages fermiers. Ils sont parents de 3 enfants dont un bébé au Ciel : Tite 10 ans , Fleur-Marie 8 ans et Azélie née en 2015 avec une trisomie 18. Elle a vécu 1 mois et un jour.

C’est l’histoire d’Azélie que raconte sa maman dans La Petite Vie d’Azélie, paru aux éditions de l’Emmanuel. Une histoire bouleversante, mais également pleine d’espoir finalement, et très spirituelle. Pour évoquer cet ouvrage, touchant, nous avons interrogé Aurélie Guyon.

La petite vie d’Azélie, à commander aux éditions de l’Emmanuel.

Breizh-info.com : Parlez-nous du prénom Azélie choisi pour votre petite fille ?

Aurélie Guyon : Azélie-Marie est le prénom de baptême de Zélie Martin, mère de sainte Thérèse de Lisieux. Elle fût canonisée avec son époux le 18 octobre 2015, juste avant la naissance d’Azélie. Notre fille a donc bénéficié de son patronage.

Breizh-info.com : Qu’est-ce que la trisomie 18 ?

Aurélie Guyon : La trisomie 18 est une anomalie génétique. Comme c’est le cas pour la trisomie 21, l’enfant est porteur de trois chromosomes 18 au lieu de deux. 95% de ces bébés décèdent in utero. Ceux qui naissent ont très peu de chance d’atteindre l’âge de 1 an. Certaines trisomies mosaïques permettent de vivre plus longtemps avec un lourd handicap.

Breizh-info.com : Comment avez-vous appris que votre petite Azélie en était porteuse ?

Aurélie Guyon : A l’échographie de morphologie, l’échographiste a constaté un « ensemble polymalformatif » avec un signe caractéristique de la trisomie 18 : les mains crispées. Nous n’avons pas fait d’amniocentèse, mais j’ai tout de suite su que c’était ça. Le caryotype que nous avons fait à la naissance d’Azélie l’a confirmé.

Breizh-info.com : Quelle a alors été votre réaction ?

Aurélie Guyon : Notre première réaction a été la tristesse. On nous a tout de suite proposé un rendez-vous pour une IMG (interruption médicale de grossesse) que nous avons refusée. Nous en avions parlé en couple lors de la préparation de notre mariage : Si nous avions un enfant handicapé, nous l’accueillerions tel qu’il est. C’est ce que nous avons essayé de faire. Assez rapidement, pour ne pas rester seuls, nous avons annoncé la maladie d’Azélie à notre famille, notre entourage. Beaucoup ont prié pour nous ou nous ont manifesté leur soutien.

Breizh-info.com : Qu’est-ce que cette épreuve a changé dans votre vie, y compris dans votre vie de famille ?

Aurélie Guyon : Pendant toute la petite vie de notre fille, nous avons été face à l’inconnu. Nous ne savions pas si elle allait mourir pendant la grossesse, combien de temps elle allait vivre et dans quelles conditions. Nous avons appris à vivre le moment présent et à nous abandonner chaque jour totalement entre les mains de la Providence. N’ayant pas de malformation létale, Azélie a pu vivre 1 mois dont deux semaines à la maison. Ce fût un grand bonheur pour nous ! Cette confiance ne nous quitte plus. Et puis, maintenant, nous avons une petite sainte qui prie pour nous. C’est un lien privilégié avec le Ciel !

Breizh-info.com : La dimension religieuse, la foi, semble vous avoir aidés, guidés, dans vos choix, mais aussi dans votre reconstruction, après le départ d’Azélie. Pouvez-vous nous en parler ?

Aurélie Guyon :  La Foi a été centrale dans cette aventure. Nous nous sommes abandonnés à Dieu autant que cela nous était possible. Nous savions qu’il ne permet jamais que nous soyons éprouvés au-delà de nos forces. Nous savions qu’il nous donnerait toutes les grâces dont nous aurions besoin pour traverser cette épreuve. Bien sûr, nous avons vécu des moments difficiles, des doutes, des douleurs, de grandes fatigues, mais nous nous sommes sentis portés. Nous avons reçu une paix et une joie incroyables.

Breizh-info.com : Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous a amené à écrire, et ce besoin de témoigner au grand public ? Quel est le message principal que vous souhaitez faire passer ?

Aurélie Guyon : J’avais un grand désir de témoigner de ce que nous avions vécu avec Azélie, et particulièrement des grâces que nous avions reçues. Le Seigneur n’abandonne pas ses enfants dans l’épreuve. « Un pauvre a crié, Dieu entend », dit un psaume. « Hors de moi, vous ne pouvez rien faire » dit Jésus dans l’évangile de saint Jean. « Rien n’est impossible à Dieu » peut-on lire également. Nous avons expérimenté que tout cela est vrai ! Nous n’avions pas choisi ce qui nous arrivait, mais nous avons choisi de dire « oui » et de nous en remettre totalement entre les mains de Celui qui sait tout, qui peut tout.

Voilà le message que je souhaiterais faire passer. Dieu nous aime, il se fait proche. Il n’attend pas notre perfection, il attend juste que nous tournions notre cœur vers lui. Il veut notre bonheur. Ma plus grande joie serait que grâce à ce livre, des personnes retrouvent le chemin de la Foi. Que la petite vie d’Azélie continue à porter beaucoup de fruits.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR

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