Quand Le Monde s’étouffe, la liberté d’expression respire mieux. C’est pourquoi, en étant très prudent sur l’avenir du « Twitter gouvernance Musk », on peut se réjouir de certaines réactions à ce rachat. La démocratie enfermiste de la liberté de pensée est en transe. C’est bon signe. L’homme le plus riche de la planète, suivi par 83 millions de personnes, compte bien bousculer le petit oiseau bleu qu’il a racheté 46 milliards de dollars.
Twitter est quand même le réseau social qui a banni, au nom de la lutte contre la haine, un président élu puis un candidat ayant approché les 80 millions de suffrages aux USA. Le Net, un temps espace de liberté, était en train de se transformer en bras armé de l’idéologie dominante. Que veut donc ce Musk qui fait si peur au Monde ? Le milliardaire veut faire du réseau social « une arène ouverte pour la liberté d’expression » en libéralisant ses règles de modération. Le sénateur républicain Jim Jordan, par exemple, a salué « le retour de la liberté d’expression » sur la plate-forme, tandis que la sénatrice du Tennessee, Marsha Blackburn, connue pour ses positions conservatrices, a déclaré qu’il s’agissait d’un « grand jour pour être conservateur sur Twitter » et qu’il était « temps que Twitter devienne ce qu’il est censé être : une plate-forme numérique ouverte à toutes les opinions ». Et le journal français qui fut de référence de préciser son inquiétude : « On s’inquiète de ce culte d’une liberté d’expression absolue défendue par le nouveau patron de Twitter, à rebours des efforts menés depuis plusieurs années par la plate-forme pour améliorer la modération des contenus haineux. » La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a immédiatement mis en garde contre un « accord dangereux pour notre démocratie ». Dans l’Union européenne, le commissaire responsable du marché intérieur, Thierry Breton, a prévenu que le réseau social « devrait s’adapter totalement aux règles européennes », tandis que le secrétaire d’État chargé de la transition numérique en France, Cédric O, a tenu à rappeler que « le Digital Services Act – et donc l’obligation de lutter contre la désinformation, la haine en ligne, etc. – s’applique[rait] quelle que soit l’idéologie » du propriétaire de Twitter.
Ce qui est sûr, c’est que la censure du bien autoproclamé et du politiquement correct insupporte le milliardaire. Sur son compte Twitter, M. Musk a longuement détaillé sa défiance et sa réprobation vis-à-vis des médias traditionnels, caressant même l’idée de créer un service de notation des médias et des journalistes. Il est vrai qu’il est à contre-courant très souvent. Il a dénoncé avec force un « virus woke » ou la politique sanitaire de la pandémie de Covid-19 – dont il qualifiait la panique en découlant de « stupide » ;
Il est contre l’idéologie enfermiste au nom du bien, c’est son côté libertarien. C’est de plus une réussite blanche avec des racines en Afrique du Sud, on comprend l’hostilité quasi génétique de la planète woke. Son grand-père maternel, Joshua Haldeman (1902-1974) vécut en Afrique du Sud une existence d’aventurier, reliant Alger au Cap en voiture ou explorant une mythique citée perdue dans le désert du Kalahari. Elon Musk, qui émigra de son Afrique du Sud natale en Amérique du Nord en 1989, est de la même veine : cet ingénieur de génie aux convictions libertariennes trouve que les États-Unis deviennent trop progressistes. Le courant libertarien fait directement écho à un libéralisme radical ainsi qu’à une liberté totale et absolue d’expression.
Si le milliardaire Elon Musk avait déjà affiché une certaine sympathie pour le mouvement conservateur, en découlent des passerelles avec une orientation politique en direction des valeurs défendues par l’ancien président Donald Trump, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression. Bien qu’il se soit longtemps revendiqué comme démocrate, Elon Musk avait déjà affiché son soutien à l’ancien président sur Twitter. Après l’assaut du capitole à Washington, qui avait enflammé les réseaux, les comptes Twitter, Facebook et Instagram de l’ancien président des États-Unis avaient été suspendus pour une durée indéterminée. De nombreux messages considérés comme « incitant à la haine » avaient également été supprimés des réseaux. C’est peut-être ce qui a motivé Musk. On comprend la crainte des réseaux actuellement dominants vis-à-vis du rachat de la plate-forme par un libertarien comme Elon Musk.
Le retour d’une liberté d’expression absolue ferait donc les affaires des clans pro-Trump, particulièrement actifs sur les réseaux sociaux, analysent les médias mainstream. Marianne redoute même le retour d’opinions racistes autorisées aux USA. Elon Musk affirme, lui, vouloir « la fin du bannissement permanent de certains utilisateurs ». Il découvre une vérité, la liberté d’expression est faite pour ceux qui ne pensent pas comme les autres, la majorité ou le pouvoir. Il était urgent de le rappeler, c’est ce que fait Elon Musk : « J’espère que même mes pires détracteurs resteront sur Twitter, parce que c’est ce que signifie la liberté d’expression. »
Par Pierre Boisguilbert, 28 avril 2022
Source : correspondance Polémia
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
3 réponses à “Elon Musk rachète Twitter : une bonne nouvelle pour la liberté d’expression ?”
C’est très bien que la liberté d’expression soit réelle, n’en déplaise aux censeurs, et aux médias subventionnés pour uniformiser l’expression des citoyens.
Dans Rivarol de cette semaine (5 mai 2022), un article de F-X Rochette sur Elon Musk, montrant un petit côté sataniste..
Alors, cette notion de « liberté » n’en est peut-être pas une..
On en sait davantage sur les objectifs d’Elon Musk, légende de l’Etat profond s’il en est. Il semblerait que François-Xavier Rochette de RIVAROL ait vu juste. Loin de vouloir garantir, sanctuariser un espace de libre expression sur la toile, Musk entend la contrôler en taxant les messages viraux. Aujourd’hui, on apprend par ailleurs que notre milliardaire suspend son achat, évoquant les faux comptes (les pseudos?) qui prolifèreraient sur le réseau.