Au soir du premier tour de l’élection présidentielle, le leader des Insoumis avait été clair : « Il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen », avait-il répété à quatre reprises. A peine le résultat du second tour était-il connu qu’il exprimait sa satisfaction : « Marine Le Pen est battue, la France a refusé clairement de lui confier son avenir et c’est une très bonne nouvelle pour l’unité du peuple français » (Le Monde, mardi 26 avril 2022). Pourtant les électeurs de Jean-Luc Mélenchon du premier tour n’ont suivi que partiellement les instructions du « patron » pour le second. En effet « 38 % d’entre eux se sont abstenus et 8 % ont voté blanc ou nul. En revanche, les reports de voix se sont faits beaucoup plus en faveur d’Emmanuel Macron (36 %) que de Marine Le Pen (18 %). A noter toutefois qu’en 2017, seuls 8 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon avaient voté pour le candidat du RN » (sondage réalisé par BVA à la sortie des urnes le dimanche 24 avril auprès de 2 874 personnes, Ouest-France, lundi 25 avril 2022).
Macron : Un banquier d’affaires
Inutile de tourner autour du pot : Mélenchon a aidé Macron. Situation amusante : l’homme qui se prétend anti-capitaliste fait la courte échelle au représentant du Grand Capital. « Le CAC 40 est derrière Macron », note Hervé Morin, président du conseil régional de Normandie, qui est « chargé de la retape auprès des chefs d’entreprise » (Marianne, 3 mars 2022). Autre bizarrerie dans la victoire de Macron : en mars, 58 % des citoyens de la République française étaient « mécontents d’Emmanuel Macron comme président de la République » (Sondage Ifop, Le Journal du dimanche, 17 avril 2022). Pourtant, au premier tour, 9 785 500 électeurs de la République française, et 18 779 600 au second, ont voté pour un banquier d’affaires (associé-gérant chez Rothschild & Co) qui a perçu 1,4 million d’euros de rémunération en 2011, la dernière année de son travail de « prostituée » (Voir l’article du Wall Street Journal du 8 mars 2015).
En Bretagne (5), au premier tour de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a recueilli 595 188 voix, soit 21,44 %% des suffrages exprimés, ce qui le plaçait en deuxième position, derrière Emmanuel Macron (903 675 voix, 32,56 %), et devant Marine Le Pen (521 037 voix, 18,77 %). Que sont devenus les électeurs « insoumis » au second tour ? Si on considère que 18 % des électeurs bretons de Mélenchon – comme l’indique l’institut BVA – se sont reportés sur Marine Le Pen au second tour, cela donne environ 100 000 voix supplémentaires pour cette dernière. Or le total des suffrages obtenus par Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan en Bretagne(5) est de 189 617. D’après les sondeurs, 80 % de ces électeurs « de droite » ont voté Le Pen au second tour, ce qui donne environ 150 000 voix. Confirmation nous est donnée lorsqu’on examine le différentiel premier/second tour de Mme Le Pen en Bretagne (5) : 521 037 voix (18,77 %), puis 825 456 (32,78 %), soit une progression de 304 419 voix. Il y a donc eu au moins 100 000 électeurs « insoumis » bretons du premier tour à choisir Mme Le Pen au second tour.
Voilà qui devrait alimenter la réflexion de Pierre-Yves Cadalen (LFI) – grand chef des Insoumis en Bretagne – qui se verrait bien devenir député dans la circonscription Brest-centre. En 2017, dans un duel, au second tour, qui l’opposait à un macroniste de droite (Jean-Charles Larsonneur), il avait été battu sèchement : 40,42 % (12 646 voix) contre 59,58 % (18 638 voix). Andy Kerbrat, co-chef de file de LFI à Nantes, devrait avoir moins de souci puisque Marine Le Pen s’est contentée d’un modeste 8,12 % au premier tour dans la cité des ducs de Bretagne, alors que Jean-Luc Mélenchon arrivait en première position avec 33,03 %.
Bernard Morvan
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2 réponses à “Législatives. Il faut obéir à Jean-Luc Mélenchon (LFI)…”
On se demande toujours si les partis sont idiots ou s’ils font seulement semblant. L’élection législative n’est pas l’élection présidentielle. Oui, il est possible de faire campagne aux législative « pour » le président (« c’est moi qui le représente ici ») ou « contre » (« c’est moi le représentant du meilleur opposant »). Mais il y a forcément une déperdition. Et surtout, de nos jours, l’opinion est très volatile, elle a des engouements passagers (Nuit debout, les Gilets jaunes, etc.), puis le soufflé retombe, et ça peut aller très vite. Eric Zemmour l’a bien vu ! Le problème est d’avoir le bon timing : que le soufflé soit à son maximum au moment de l’élection. Cela a marché pour Mélenchon. Mais les marchandages électoraux sont en train de faire retomber le soufflé Mélenchon, qui n’est pas du tout sûr de retrouver dans en juin ses suffrages d’avril. Pourtant, le boursouflé d’extrême-gauche fait comme s’il était propriétaire de ses électeurs. Et, chose extraordinaire, les partis de gauche acceptent ses prétentions. Dans l’espoir de sauver quelques fauteuils, ils se soumettent à ses exigences léonines au lieu d’essayer de redresser la tête. Ils baissent le pavillon et le pont-levis de leur Jadot-Faure. Ils admettent d’avance que presque tout est perdu, y compris l’honneur. Surtout l’honneur.
La NUPES, finalement, c’est comme l’exode de 1940 devant l’avancée allemande. Sauve qui peut ! Pour aller où ? On ne sait pas trop.
dans ma jeunesse le slogan était « votez et faites voter pour untel »
quelle hypocrisie quand il y a deux candidats de dire « pas une voix pour unetelle » alors que la retraite à 65 ans, mackinsey, la flambée des prix , le RIC surtout etc.