Le roman de Jehanne d’Arc, de Philippe de Villiers, vient d’être adapté en bande dessinée. C’est l’occasion de découvrir sa vision de cette jeune fille qui fit sacrer le dauphin et bouta les Anglais hors du royaume de France.
À l’aube de sa mort, le 30 mai 1431, à Rouen, Jeanne d’Arc reçoit dans sa geôle la visite de Frère Martin Ladvenu. Venu pour la préparer à mourir, ce prêtre de l’Ordre des frères prêcheurs au couvent de Rouen va écouter cette jeune fille de Lorraine raconter sa vie. Elle a vécu sa jeunesse dans le petit village lorrain de Domrémy. Ses parents s’inquiètent de la progression des Anglais et de leurs alliés les Bourguignons, d’autant que l’armée du dauphin Charles est très réduite. Elle se souvient qu’elle entend des voix célestes dès l’âge de 13 ans,. L’archange saint Michel, sainte Catherine d’Alexandrie et sainte Marguerite d’Antioche lui révèlent que sa mission est de délivrer Orléans afin de faire sacrer le dauphin Charles VII. Quatre ans plus tard, Jehanne porte des habits d’homme et entame sa mission de chef de guerre. Mais après d’éclatantes victoires et le sacre du roi Charles, elle est capturée à Compiègne, condamnée par un tribunal ecclésiastique présidé par l’évêque Cauchon, et brûlée vive.
La scénariste Coline Dupuy adapte ainsi Le Roman de Jeanne d’Arc. Dans ce roman historique, Philippe de Villiers par un style simple et clair s’employait à nous faire découvrir la psychologie de Jeanne. Rédigé à la première personne, en empruntant quelques mots de “vieux françois”, ce roman nourri d’un important travail de recherche insistait ainsi sur les émotions de la Sainte. Amoureux de la France et défenseur de ses racines chrétiennes, Philippe de Villiers a consacré sa vie à promouvoir ses idées en s’investissant dans trois domaines différents : le spectacle, l’écriture de romans historiques et la politique. Sa plus grande réussite reste la création en Vendée, en 1978, du fascinant spectacle nocturne La Cinéscénie, exaltant l’esprit de résistance des vendéens lors de la guerre de Vendée. Il y ajoute en 1989 le Puy du Fou, devenu sans doute aujourd’hui le meilleur parc d’attractions à thème historique au monde. Mais sur le plan politique, il n’est pas parvenu à porter au pouvoir les idées de la droite conservatrice, ni avec son Mouvement pour la France (MPF), ni aux côtés d’Eric Zemmour. Une carrière de romancier lui permet de promouvoir les personnages historiques qu’il affectionne : Le roman de Charette (2012), Le roman de Saint Louis (2013), Le Roman de Jeanne d’Arc (2014) et Le Mystère Clovis (2018).
Ce scenario de Coline Dupuy respecte le texte original en reprenant sa trame. En plus des paroles authentiques de Jeanne, les dialogues imaginés par Philippe de Villiers sont conservés. Le français de l’époque est ainsi restitué : « Par moi, le roi du ciel vous mande que vous serez son lieutenant. Si vous me baillez des gens d’armes, je ferai lever le siège de la cité d’Orléans et vous mènerai au sacre de Reims ». Ce scenario, fidèle au roman national imprégné d’une lecture chrétienne, ne manque pas de souffle. On découvre les peines et les espoirs de Jeanne. Celle-ci porte bien sûr l’anneau donné par ses parents lors de son départ de Domrémy, acheté en 2016 par Nicolas de Villiers, président du Puy du Fou.
Le dessin réaliste de Davide Perconti, par une mise en page très sobre, est d’un grand classicisme, sans doute pour séduire le jeune public. Mais les personnages sont trop statiques, l’ensemble manquant de dynamisme. Heureusement, le visage expressif de Jeanne révèle sa fraîcheur, sa volonté et sa foi. La colorisation de Filippo Rizzu est soignée.
Le page de garde présente une carte du royaume de France en 1430, avec le parcours de Jeanne.
Kristol Séhec
Jehanne d’Arc, 48 pages, 14,90 euros, Editions Plein Vent.
Illustrations : DR
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