Nous vous proposons une nouvelle rubrique, pas forcément régulière, dans laquelle Bernard Morvan vous relève quelques perles recueillies ici ou là dans la presse…ou ailleurs.
- La reconversion d’un préfet n’est pas toujours chose facile. Quelquefois on les retrouve dans les affaires, quelquefois dans les associations, quelquefois dans la politique… Raphaël Le Méhauté, lui, a choisi la troisième solution. Après l’avoir connu préfet, on le retrouve « membre du comité politique départemental de LREM » (sic) des Côtes-d’Armor. Et militant actif puisqu’on l’aperçoit posté à une entrée du marché de Saint-Brieuc en train de distribuer des tracts appelant à voter pour Emmanuel Macron. En ce mercredi 20 avril, il utilise un argument formidable en tendant ses tracts : « Pour éviter le pire dimanche » (Libération, jeudi 21 avril 2022). Aucune boutique spécialisée dans le marketing politique ne serait capable d’inventer un truc aussi génial ! Pour Le Méhauté, il y avait un moyen d’accéder immédiatement à la gloire médiatique : distribuer ses tracts en tenue de préfet, avec casquette et gants blancs. ; c’était d’abord le JT de Télé-Bretagne, puis le 20-Heures de TF1… Il aurait ainsi impressionné le bon peuple ; aucun gauchiste n’aurait osé insulter ce représentant de la République. Un préfet est un personnage exceptionnel ; il obéit avec le même zèle au gouvernement en place, qu’il soit de droite ou de gauche. Aucune importance pour ce haut fonctionnaire. On imagine très bien Le Méhauté candidat aux prochaines élections législatives à Saint-Brieuc avec l’enseigne LREM ; il peut déjà présenter sa candidature à Richard Ferrand… Notre homme présente l’avantage de connaître le métier : préfet, il attendait les ordres de la Place Beauvau, député, il attendra les instructions de Matignon. Avantage non négligeable : il pourra cumuler sa retraite de préfet et son indemnité de député – la belle vie. Mais un exemple fâcheux montre qu’en Bretagne, tous les anciens préfets ne réussissent pas leur reconversion ; c’est le cas de Bernadette Malgorn qui fut préfet de Bretagne. En retraite, elle essaya toutes les élections à Brest et fut régulièrement battue. Aujourd’hui, elle œuvre dans le modeste en tant que conseiller municipal d’opposition à Brest.
- Vincent Le Meaux, premier secrétaire de la fédération du PS des Côtes-d’Armor, vient de faire une découverte extraordinaire : « Le RN est très présent, notamment dans nos campagnes. On sent la colère face aux institutions » (Ouest-France, Côtes-d’Armor, lundi 25 avril 2022). Effectivement, au second tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen termine en tête dans 30 communes (sur 348) de ce département. M. Le Meaux gagnerait à s’intéresser à la désespérance sociale qui frappe les petites communes, ce serait du « socialisme » actif, pas du blabla.
- Pierre-Yves Cadalen, chef de file de LFI en Bretagne, est amusant : « Dans deux mois, Mélenchon Premier ministre, appliquera notre objectif politique. Celui qui a largement rassemblé au premier tour » (Ouest-France, Finistère, lundi 25 avril 2022). Ce serait un beau match : le libéral Macron à l’Elysée contre le trotskiste Mélenchon à Matignon. Encore faut-il que ce dernier parvienne à modifier la Constitution – le Sénat (majorité de droite) s’y opposera. Il y aura tout de même des satisfaits : les immigrés que Mélenchon bichonnera ; ce sont les « clients » de LFI.
- François Cuillandre (PS), maire de Brest, est content de lui : « A priori, le vote du RN à Brest est plus faible que dans d’autres grandes villes, c’est une grande satisfaction pour nous » (Ouest-France, Finistère, lundi 25 avril 2022). S’il mettait ses lunettes, il verrait que Marine Le Pen, au second tour, a obtenu 15,85 % des suffrages exprimés à Rennes, 19,02 % à Nantes et … 30,17 % à Brest. Plus fort que cela, au second tour de l’élection présidentielle 2022, Mme Le Pen a obtenu 16 213 voix dans la cité de Cuillandre, alors qu’en 2017, elle avait dû se contenter de 11 714 suffrages (21,45 %) ; elle a donc progressé de 4 499 voix à Brest.
- Nathalie Appéré (PS), maire de Rennes, et Frédéric Mathieu, chef de file LFI à Rennes, n’ont pas l’air d’être d’accord. La première estime qu’« au niveau national, la gauche doit s’unir dans sa pluralité, sa diversité et sa complémentarité, pour porter fièrement ses valeurs et remporter les élections législatives des 12 et 19 juin prochaines. En dépassant nos divergences, il est possible de former une majorité plurielle forte à l’Assemblée nationale ». Le second ne tourne pas autour du pot : « Il n’y a pas de négociation locale avec les autres partis, même si des éléments remontent au national. » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, lundi 25 avril 2022). Ce qui compte surtout pour Mme Appéré, c’est de pouvoir récupérer les quatre circonscriptions rennaises, autrefois « propriété » du PS et tombées dans l’escarcelle des marcheurs en juin 2017 ; c’est ce qu’elle appelle « porter fièrement ses valeurs ». Le maire de Rennes connaît bien l’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé ».
Bernard Morvan
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