Nous vous proposons une nouvelle rubrique, pas forcément régulière, dans laquelle Bernard Morvan vous relève quelques perles recueillies ici ou là dans la presse…ou ailleurs.
- Vendredi 8 avril : grand jour au conseil régional de Bretagne. Le président, Loïg Chesnais-Girard (PS), « tient à féliciter son opposante Aziliz Gouez, porte-parole du groupe Breizh a-gleiz, qui rassemble les autonomistes bretons. Son vœu plaidant pour l’autonomie de la région a été voté avec enthousiasme par tous les conseillers régionaux de gauche, du centre et de droite. Seuls ceux du Rassemblement national s’y sont opposés.» Evidemment la question corse est dans tous les esprits. « Nous ne voulons pas de violence. Il n’y en aura pas grâce au débat », insiste Marc Le Fur, député LR et porte –parole des députés régionaux de droite. Il plaide aussi pour l’autonomie de la péninsule et convoque l’histoire lorsque le Parlement de Bretagne votait ses lois et ses spécificités fiscales. « N’ayons pas peur. Toutes les régions n’ont pas vocation à avancer dans la même direction que la nôtre », lance-t-il (Le Monde, dimanche 10-lundi 11 avril 2022). Bien entendu, Gilles Pennelle, président du groupe RN, « ne craignant pas de « passer pour le jacobin de service » a engagé son groupe dans un vote contre. « Le fédéralisme n’appartient pas à l’histoire française, à la culture politique française. Nous sommes attachés à l’égalité des droits sur le territoire national », a-t-il souligné » (Le Télégramme, Bretagne, samedi 9 avril 2022). Une bonne nouvelle pour ce dernier. En Normandie, le président du groupe RN au conseil régional, Nicolas Bay, a rejoint Eric Zemmour à l’occasion de l’élection présidentielle ; il va donc perdre son job. Du coup, la place de président devient libre. Voilà une excellente occasion pour Pennelle de retourner dans son pays où il fut longtemps conseiller régional. Avantage formidable pour lui : en Normandie, il ne sera plus embêté avec des histoires d’autonomie, de langue bretonne, de décentralisation, de déconcentration, de différenciation… Mais le président de la Région Hervé Morin (centriste) est un régionaliste convaincu et roule pour la Normandie. Difficile de trouver une région où les jacobins ne sont pas « persécutés » !
- Les élus ne font pas toujours preuve de cohérence ; c’est le cas de Daniel Cueff (groupe « Bretagne ma vie » – ils sont cinq), devenu vice-président du conseil régional de Bretagne, grâce à son ralliement entre les deux tours des élections régionales à Loïg Chesnais-Girard. Avant le premier tour de l’élection présidentielle, il annonce qu’il votera pour Jean-Luc Mélenchon. « Il n’est pas ma tasse de thé. J’ai d’ailleurs un gros souci avec sa position sur les langues régionales. Mais si on veut un débat sociétal entre les deux tours, c’est le seul qui permette de l’avoir. Avec Macron qui est en train de reconstituer la droite, il faut bien un peu de gauche. » (Ouest-France, Bretagne, mercredi 6 avril 2022). Donc le régionaliste Cueff vote pour le jacobin Mélenchon… Allez comprendre !
- Une vingtaine de députés LR semble tentée par un accord, parrainé par Nicolas Sarkozy, avec LREM pour les élections législatives de juin ; ce serait un moyen pour eux de ne pas se retrouver face à un candidat « marcheur ». Le maire de La Baule Franck Louvrier (LR) donne le ton : « Face aux tergiversations de notre famille politique, nous le disons clairement : il ne suffit pas de voter contre Marine Le Pen, il nous faut voter pour Emmanuel Macron » (Le Journal du dimanche, 17 avril 2022). Pour lui, l’avenir de la droite passera « par une majorité de coalition, comme il en existe dans plusieurs pays européens. Je pense que la recomposition politique de notre pays est maintenant entre les mains du futur président de la République. On peut travailler pour Emmanuel Macron, on ne peut pas travailler avec Marine Le Pen » (Presse Océan, mercredi 13 avril 2022). En Bretagne, on ne trouve que deux députés LR : Marc Le Fur (Loudéac) et Jean-Luc Bourgeaux (Saint-Malo). Vont-ils rejoindre le futur groupe sarkozyste ?
- Dans le quartier des Dervallières à Nantes, près de la moitié des inscrits ne sont pas allés voter au premier tour de la présidentielle. Laura n’a pas voté le 10 avril, « parce que je ne m’étais pas organisée ». Et au second ? « Oui, si je réussis à faire garder les enfants. Les gens se plaignent mais vont revoter pour Macron, je ne trouve pas ça logique. Si je peux aller voter ce sera pour un changement, donc Le Pen, pour virer les canailles et donner plus de travail aux Français » (Presse Océan, mercredi 13 avril 2022). Donner du « travail aux Français », ça part d’un bon sentiment, mais on peut aussi en donner aux Bretons…
- Selon BFMTV, la campagne de Valérie Pécresse aurait coûté au bas mot 14,5 millions d’euros. Dès le lendemain du premier tour, elle annonce qu’elle est endettée à titre personnel à hauteur de cinq millions d’euros ; sans perdre de temps, elle appelle les Français à « une aide d’urgence d’ici le 15 mai », décrivant la situation comme « critique ». « Il en va de la survie des Républicains et de la droite républicaine », annonce-t-elle. Carrément. On peut rappeler qu’elle était la plus riche des douze candidats avec un patrimoine qui approche les 10 millions d’euros ; elle n’est donc pas dans la misère, ni obligée de faire la quête. Nous ferons tout de même deux suggestions à cette femme dans la détresse. D’abord elle peut vendre ses deux villas de La Baule situées sur le front de mer. Ensuite son mari, Jérôme Pécresse, PDG de GE Renewable Energy, qui assemble à Saint-Nazaire les 80 éoliennes du parc en mer, est président du tennis Country club Barrière (La Baule). Son salaire peut lui permettre d’emprunter de l’argent à son banquier ; il peut également « taper » ses copains du club de tennis – des types friqués.
- Nicole Le Peih (LREM), député de Pontivy, est tracassée par le résultat du premier tour de l’élection présidentielle dans le Morbihan – principalement dans sa circonscription : « Si je suis assez satisfaite du sursaut de participation dans la 3e circonscription, je m’interroge sur le vote populiste. Marine Le Pen est en tête à Pluméliau-Bieuzy et dans plusieurs communes à l’est du département. » (Ouest-France, Morbihan, lundi 11 avril 2022). Effectivement, sur les 249 communes du Morbihan, 65 ont placé Mme Le Pen en tête : Berné, Bignan, Billio, Brandivy, Brignac, Bubry, Calan, Camors, Caro, Cruguel, Evellys, Evriguet, Guéhenno, Gueltas, Guénin, Guern, Guiscriff, Inguiniel, Kerfourn, Kergrist, Kernascléden, La Chapelle-Neuve, La Grée-Saint-Laurent, La Trinité-Surzur, Langoëlan, Lanvénégen, Le Cours, Le Croisty, Le Saint, Locmalo, Loyat, Melrand, Ménéac, Meslan, Mohon, Molac, Monteneuf, Moréac, Néant-sur-Yvel, Persquen, Pleugriffet, Plouray, Pluméliau-Bieuzy, Porcaro, Quistinic, Radenac, Réguiny, Réminiac, Roudouallec, Séglien, Sérent, Silfiac, Saint-Allouestre, Saint-Barthélémy, Saint-Caradec-Trégomel, Saint-Gérand-Croixanvec, Saint-Gravé, Saint-Guyomard, Saint-Jean-Brévelay, Saint-Malo-de-Beignon, Saint-Nicolas-du-Tertre, Saint-Servant-sur-Oust, Saint-Tugdual, Théhillac, Tréhorenteuc. Dans trois autres communes, c’est Jean-Luc Mélenchon qui occupe la première place : Saint-Aignan, Helléan, Concoret. Toutes ces communes se situent à l’intérieur de la Bretagne. Du rural profond avec une population souvent pauvre qui se sent abandonnée. Précisons que, dans le Morbihan, au premier tour, Emmanuel Macron (32,68 %) devance Marine Le Pen (22,01 %) et Jean-Luc Mélenchon (18,02 %).
- Dominique Raimbourg, premier secrétaire de la fédération de Loire-Atlantique du PS, est un optimiste : « On a encore de nombreux élus, des militants dans nos sections, un conseil fédéral qui fonctionne. Les gens ont pris un coup mais ils sont encore pleins d’allant. » (Presse Océan, mercredi 13 avril 2022). Rappelons qu’Anne Hidalgo est arrivée en septième position en Loire-Atlantique (18 356 voix, 2,29 %), alors que « l’ami » des socialistes, Jean-Luc Mélenchon, occupe la seconde place (187 660 voix, 23,40 %) et Marine Le Pen la troisième (135 644 voix, 16,92 %). Rendez-vous aux élections législatives de juin.
- Chez les parlementaires, comme dans toutes les professions, il y a les gens qui travaillent et ceux qui se contentent de toucher leur indemnité (Pour un député : 7210 euros brut mensuel, sans oublier l’indemnité représentative de frais de mandat : 5 840 euros brut par mois, en juin 2017)). Un exemple nous est fourni par Camille Jaffrelo, ancienne assistante parlementaire de Anne-France Brunet (LREM), député de Nantes-Saint-Herblain. La première étrille la seconde à l’occasion d’une discussion avec un militant macroniste : « Pour les prochaines législatives, il serait bon que les investitures soient accordées à des personnes qui bossent vraiment, sans quoi ce n’est pas la peine. Là, il faut se dire les choses : le boulot n’a pas été fait. » (Presse Océan, samedi 16 avril 2022). Mme Brunet va-t-elle sortir un démenti ? Qu’en pense Christophe Castaner, président du groupe LREM à l’Assemblée nationale ? On raconte que Richard Ferrand a la haute main sur les investitures : va-t-il renvoyer Mme Brunet dans ses foyers ?
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Une réponse à “Bon à savoir. Loïg Chesnais-Girard, Cueff, Pécresse, Le Peih…les bonnes notes de Bernard Morvan”
perles et surtout incongruités !