Une bande dessinée, particulièrement argumentée, retrace le quinquennat Macron, en dénonçant l’autoritarisme d’un Président dont les idées ultralibérales restent minoritaires, la violence d’Etat contre la révolte des Gilets jaunes, et l’abandon même de l’idée de chose publique…
Issu de la bourgeoisie d’Amiens, le jeune Emmanuel Macron rencontre Brigitte, de 24 ans son aîné, au cours de théâtre. Après Sciences Po et l’ENA, il intègre l’Inspection des finances où le directeur, Jean-Pierre Jouyet, futur secrétaire général de l’Elysée sous François Hollande, le prend sous son aile. Il assiste Jacques Attali en 2007 à la commission pour la libération de la croissance française. Réseau amical et carrière professionnelle s’entremêlent.
Il se met en disponibilité de la fonction publique et devient banquier d’affaires chez Rothschild & Cie. Il s’occupe alors du rachat par Nestlé de la filiale « laits pour bébé » de Pfizer, pour 12 milliards de dollars. Suivant les conseils d’Alain Minc, il fait ainsi fortune dans le monde de la finance, pour s’enrichir avant de se lancer en politique.
Lorsque François Hollande remporte l’élection présidentielle de 2012, Emmanuel Macron devient secrétaire général adjoint de l’Élysée. Nommé ministre de l’Économie en 2014, il fait voter la « loi Macron » et prépare la campagne de 2017 en enregistrant le nom de son parti, « En Marche ». Bénéficiant du déchainement médiatique contre le couple Fillon, il remporte aisément l’élection présidentielle, même si peu d’électeurs approuvent son “projet”, beaucoup ne s’étant déplacés au second tour de 2017 que pour éviter Marine Le Pen. Chantre de la mondialisation heureuse, il éradique l’ancien monde politique, basé sur une opposition droite-gauche. Il va alors appliquer un programme antisocial, alors que celui-ci n’a pas été approuvé par une majorité de Français.
Macron ne parvient pas à cacher son arrogance : « Je traverse la rue, je vous trouve du travail », « Des Gaulois réfractaires au changement », « On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux », « Les gens qui ne sont rien », les femmes salariées de Gad « pour beaucoup illettrées »… Il poursuit le démantèlement du service public, au bénéfice de la loi du marché.
Cette bande dessinée décrit le mouvement des Gilets jaunes comme le réveil du peuple. La panique s’empare du pouvoir, face à ce mouvement de révolte insaisissable. La violence d’État est alors institutionnalisée. Mais ni les mensonges médiatiques, ni la répression policière, malgré les nombreuses mutilations, ne parviennent à éradiquer ce mouvement. Un autre mouvement apparaît, contre le projet de loi sur la réforme des retraites.
Mais le Covid-19 et le confinement mettent un coup d’arrêt à cette révolte populaire. On découvre alors la crise des hôpitaux, le pass sanitaire et les profits des grands laboratoires pharmaceutiques…
Dans cette longue bande dessinée, le scénariste David Chauvel dénonce ainsi l’autoritarisme et la politique antisociale de Macron. Tandis que les plus aisés continuent de s’enrichir, plusieurs réformes maintiennent les classes populaires dans leur pauvreté, creusant davantage encore les inégalités. La bande dessinée rappelle toute l’arrogance de Macron. Elle décrit, dans le détail, le mouvement de résistance populaire des Gilets jaunes. Ceux-ci dénoncent la détérioration de leurs conditions de vie, mais subissent pour toute réponse la violence policière. La crise sanitaire du Covid est l’occasion de dénoncer l’appauvrissement des hôpitaux publics depuis de nombreuses décennies.
Et le lecteur finit par se demander, après le quinquennat Macron, ce qu’il reste de « la chose publique »…
Le dessin réaliste, fin et précis de Malo Kerfriden rend le récit, dont toutes les sources sont citées, encore plus véridique. La bichromie, en noir et jaune, symbolise la résistance populaire.
Kristol Séhec
Res Publica, 5 ans de résistance, 2017-2021, 320 pages, Delcourt, 29,95 €
Illustrations : DR
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Une réponse à “Res Publica, la bande dessinée qui dénonce l’autoritarisme ultralibéral de Macron”
Ultralibéral ? « En même temps » dans son livre sur la Grande Réinitialisation, Schwab préconise un régime assez dirigiste.