Le « sous-bit’ »… au rapport !

Tout à machouiller mon bol de mogettes du soir, lesquelles sont  quotidiennes, cuites façon « ventre-à-choux »… qu’entends-je tonitruer ? Que l’armée soviétique en marche trépignante vers l’Occident manquerait d’intermédiaires entre le « vulgum pecus » et les généraux ? Que ce serait ce manque qui serait la cause des atroces atrocités perpétrées par les divisions de tankistes qui occupèrent l’avant Kvij pendant trois semaines ? Autrement dit, l’armée qui fut rouge manquerait d’un « corps intermédiaire »… de ce que représentent les « sous-off’ », cohorte bénie ?

Passe pour les sergents qui sont gens de peu, mais qu’il n’y ait aucun « maréchal des logis », ça déconsidère forcément. De ces « mar’gis » comme on disait entre nous, au 3e Cuir’s (alias « Royal Pologne »), à l’ EABC (alias « l’École de l’Arme Blindée et de la Cavalerie » dite encore « Ecole de Saumur »), sinon au 8e Dragons (alias « Dragons du Rhône ») qui prenait son temps et ses quartiers dans la belle Allemagne, celle des bords de la Moselle en amont de Coblence et du Rhin d’Hildegard de Bingen, ou encore au « Royal Berry », célèbre régiment de bourrins qui finira plus tard (fort heureusement) en « 26e Méharistes »… tss… il nous manque quelque chose… Ne plus entendre chanter, à l’extinction des feux, la remarquable complainte des dames de Nancy et l’extrême finesse des « dragons qui ne sont pas des c… »… ça alors, ça me les coupe !

Vulgaire ? Eh bien, monseigneur, c’est la vie ordinaire, tout ce qu’il y a de plus « populaire » — « indeed » comme on dit chez les Johnson ! Car ce n’est pas à l’ultime dizaine d’années de ma vie que je vais faire le « petit marquis »…  Encore que je pourrais, ayant connu les bienfaits du marquis de Pomiane — pas le fondateur de l’Ecole, mais son descendant, le dispensateur des excellentes recettes de cuisine « bourgeoise » au temps où les nazis nazifiaient l’Etat français, la République ayant basculé cul par-dessus tête dans les fossés de « Quarante ».

Question « sous-off ‘» , ça dépend des pays… et des régimes. Vous avez, par exemple, la Prusse. C’est simple, le réformateur en chef fut le grand roi  Frédéric-Guillaume 1er , le Roi-Sergent. Un monarque qui horripilait Voltaire… tss ! Il avait bien vu, cet Hohenzollern (dont l’origine est « bouseuse », car « Schwabisch »), qu’on n’obtient rien de ses troupes sans la présence au milieu des recrues d’un « corps intermédiaire », solide et indestructible, qui empêche les paniques et les « dommages collatéraux »… en principe. Pareillement en France : vous avez à Saint-Maixent (Deux-Sèvres) une excellente Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active (ENSOA)  qui a formé, depuis 1963 jusqu’à ce jour… 120 000 sergents et plus, si affinités. On se les arrache ! Remarquez que, de mon temps, le grade de « major » (sergent-major) n’existait plus…

Il fallait donc faire tourner la boutique, d’autant qu’on était empêtré dans des guerres dites « décoloniales » par les âmes sensibles — ce qui n’inclut pas tout le monde, assurément. Je ne sais pas qui inventa de créer le corps très éphémère des « aspirants ». C’était la « ficelle » qui désignait le pignouf frais sorti de l’école et qui n’avait pas eu droit au premier grade des officiers : le grade de sous-bit’, c’est-à-dire de sous-lieutenant, pour parler « correct ». On aspirait dur pendant six mois… et après, bonjour la solde impériale et la premier ruban d’argent (ça c’est pour la « cavalerie ») aux épaules — dans les autres armes, sauf le « Train », on porte du jaune… De même on touche un « manteau », les autres n’ont droit qu’à la « capote »…On n’avait quand même pas une « ordonnance »… N’allez pas croire.

Alors ? Sous-bit’ un jour, sous-bit’ toujours ! Eh bien ! il y eut un miracle dans l’armée française. Comme les détachements étaient fort dispersés sur tel ou tel « piton », quelqu’un, très haut, eut l’idée de mettre un chef au ramassis de « vulgaires » qui constituait la « garnison » du poste. C’était l’aspi… Cela empêcha les grandes vadrouilles et les coups tordus. Ces jeunes gens, pas plus âgés que les troufions, maintenaient un côté « vieille France » dans les gourbis. Il faudrait chercher des erreurs de casting, évidemment… Mais dans la plupart des cas, ces galopins firent un bon travail… même après avoir relevé un lieut’ de carrière qui avait péter les plombs dans les confins du Sahara… tss (il « s’amusait » à faire des « méchouis » avec de supposés « fellouzes »).

Ainsi allait la vie, il y a soixante ans !

MORASSE

Crédit photo : DR
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