Le Chirurgien de Diên Biên Phu (bande dessinée)

Indochine, le 20 novembre 1953. Deux bataillons de parachutistes français sautent sur Diên Biên Phu. Ils y installent un camp retranché, pour attirer l’ennemi et l’anéantir. Cette stratégie a bien fonctionné, quelques mois plus tôt, à Na San, lorsque le commandant en chef des forces françaises en Indochine était le général Raoul Salan. Quelques jours plus tard, un matin de bonne heure, après sa garde nocturne, le jeune chirurgien Jacques Gindrey est convoqué par le directeur de l’hôpital militaire de Hanoï. Celui-ci l’avertit qu’il doit se rendre à Diên Biên Phu pour y soigner les blessés. A son arrivée, il se lie d’amitié avec le sergent-chef Klimt, un ancien de la Wehrmacht qui porte encore sur lui sa Croix de fer. Le médecin-commandant Paul Grauwin lui présente son équipe médicale, composée de français et de cambodgiens. Il rencontre également le jeune caporal-chef Pierre Schoendoerffer, du service cinématographique des armées.

Mais la menace des forces du Viêt Minh du général Giap autour de la cuvette se fait plus précise. Dès les premiers assauts sur le point d’appui Béatrice, le chirurgien opère de nombreux blessés. Après Béatrice, c’est au tour du point d’appui Gabrielle de tomber. Pendant que le gouvernement français négocie avec le Viêt Minh à Genève, l’état-major conscient de l’échec de son plan ordonne aux survivants de quitter Diên Biên Phu, le corps médical devant toutefois rester sur place avec les blessés. Jacques Gindrey dissimule les pellicules de Pierre Schoendoerffer dans le plâtre d’un blessé. Le 7 mai 1954, Jacques Gindrey et plus de 12.000 soldats sont faits prisonniers. Près de trois quarts ne reviendront pas…

Bâti sur un scénario intelligent et bien construit, chaque tome de la nouvelle série « Histoires & Destins », à travers la présentation d’un héros resté dans l’ombre, révèle des épisodes méconnus de l’Histoire. Scénarisée par Jean-Pierre Pécau, spécialiste de la bande dessinée historique (Keltos, Jour J, L’Homme de l’année, Lignes de front, Machines de guerre…), cette nouvelle série présente des destins singuliers.

Pour décrire la bataille de Diên Biên Phu, lieu emblématique de la défaite française en Indochine, Jean-Pierre Pécau dresse le portrait du chirurgien lieutenant Jacques Gindrey, décédé en février 2021. Déterminé, courageux, cet ancien résistant pendant la guerre va tenter pendant une cinquantaine de jours de sauver autant de vies que possible, dans des conditions sanitaires déplorables, sans possibilité d’évacuation, alors que les Viêt s’approchent inexorablement. Mais ce camp retranché, entouré de points d’appui aux prénoms féminins, finit par tomber.

À travers ce portrait, le scénariste illustre le courage et l’abnégation des combattants, malgré l’échec du plan de l’état-major. Le chirurgien rencontre ainsi le commandant Grauwin, le pilote Armand Baverel et Pierre Schoendoerffer, qui fera en 1992 un film sur cette bataille. Klimt, personnage fictif, permet de révéler que, peu de temps après la fin de la seconde guerre mondiale, des légionnaires issus de la Wehrmacht combattaient au sein de l’armée française.

Par son dessin réaliste et précis, le croate Vladimir Davidenko parvient à retranscrire la jungle indochinoise, sa végétation luxuriante et ses pluies diluviennes. Il reproduit fidèlement les traits de Jacques Gindrey, Paul Grauwin et Pierre Schoendoerffer.

En fin d’album, un cahier historique illustré offre une courte biographie de Jacques Gindrey et explique le contexte stratégique et la chronologie de la bataille de Diên Biên Phu.

Histoire et destins, Le Chirurgien de Diên Biên Phu, 54 pages. 15,50 euros. Editions Delcourt.

Kristol Séhec

Illustrations : DR
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Une réponse à “Le Chirurgien de Diên Biên Phu (bande dessinée)”

  1. Marie Jeanne dit :

    mon père, mon grand père et mes oncles (officiers généraux et supérieurs) étaient effondrés lorsque la décision a été prise d’aller dans cette cuvette de Dien Bien Phu. J’avais 14 ans et je m’en souviens ; les capacités de l’Etat Major n’étaient pas à la hauteur, comme bien souvent hélas ! tant d’hommes en ont souffert. Cela écrit, cette BD semble intéressante et le dessin réussi.

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