Frédéric Pichon, que les lecteurs de Breizh-info connaissent déjà, vient de lancer une cagnotte destinée à financer un convoi humanitaire à destination des réfugiés de la guerre en Ukraine.
S’il existe déjà à la frontière polonaise de nombreuses organisations humanitaires, la situation est plus compliquée en amont. Avant de franchir la frontière, de très nombreux civils se trouvent dans un grand dénuement avant d’être pris en charge.
L’idée de ce convoi est donc d’aller auprès de ces populations pour leur apporter des vivres et des médicaments en attendant de passer les postes frontières.
Pour en savoir plus, sur cette initiative, à soutenir ici, nous l’avons interrogé.
Breizh-info.com : On connaissait le Frederic Pichon engagé volontaire en Croatie, vous voici désormais à organiser un convoi humanitaire en Ukraine. Pour quelles raisons ?
Frédéric Pichon : Ce sont des engagements qui sont différents. En Croatie, je m’étais engagé à l’âge de 21 ans pour combattre pour l’indépendance de la Croatie qui voulait sortir de la Fédération Yougoslave, état artificiel créé à l’occasion de conflits mondiaux qui avaient ensanglanté l’Europe.
En Ukraine, le but n’est pas de prendre parti pour un camp contre un autre. Je considère que c’est un conflit fratricide et je prie pour qu’une résolution pacifique intervienne rapidement. Ma démarche est purement humanitaire.
Je suis père de quatre petits enfants en bas âge, et j’imagine les difficultés des mamans qui se retrouvent démunies sur les routes d’Ukraine ou dans les camps de transit, avec des enfants pendant que leur mari sont au front. Contrairement à d’autres mouvements migratoires que nous avons connus, les maris repartent au front pour se battre.
Si un jour notre pays est en guerre, j’apprécierais que l’on s’occupe de ma femme et de mes enfants. J’ai donc décidé avec l’accord de mon épouse de passer quelques jours pour apporter des vivres et des produits d’hygiène (notamment des couches pour bébés, du lait en poudre, lingettes) car la précarité matérielle et sanitaire dans ces situations, s’ajoute à l’angoisse et à la fatigue. Même si c’est une goutte d’eau et que nous pouvons aider une centaine de famille, ce sera déjà énorme.
Breizh-info.com : Avez vous des échos concernant la situation humanitaire sur place ?
Frédéric Pichon : Oui je suis en contact avec différentes personnes qui sont déjà sur place. Même dans les camps en Pologne où il y a une prise en charge, la situation reste précaire et confuse et beaucoup de réfugiés ne savent même pas qu’ils ont la possibilité d’aller en Allemagne ou en France.
Breizh-info.com : Concrètement, comment va s’organiser votre déplacement ? Qu’escomptez vous pouvoir faire la bas ?
Frédéric Pichon : Nous partons avec une camionnette avec les produits et vivres que nous avons déjà collectés. Nous comptons aller dans la région de LVIV où il y a une arrivée massive de réfugiés ainsi qu’à la frontière ukraino-polonaise et nous distribuerons ce que nous avons collecté. Il est possible que nous fassions un autre plein de provisions en Pologne une fois que nous aurons tout donné. D’où la nécessite de cette cagnotte leetchi. Ce d’autant plus qu’avec l’augmentation de l’essence, le coût du voyage sera important ( nous allons faire environ 5000 km en tout).
Breizh-info.com : Plus globalement, quel regard portez vous sur cette nouvelle guerre, en Europe ? Et sur la déchirure qui touche les milieux dits « nationalistes » qui bien que vivant la majeure partie du temps ce conflit par procuration, s’écharpent comme s’ils en étaient partie prenante ?
Frédéric Pichon : Justement cette démarche me semble être la seule réponse que nous pouvons faire de constructive. J’en ferai autant pour les civils du Donbass mais l’accès y est impossible par la route compte tenu des lignes de front.
J’entends les arguments des uns et des autres mais pour moi c’est un conflit fratricide entre Européens, conflit attisé par les américains qui risquent de tirer leur épingle du jeu. Mais que pouvons faire à notre humble niveau. Plutôt que de nous improviser experts en géopolitique sur les réseaux sociaux, la seule chose que nous pouvons faire de concrète c’est d’aider matériellement des frères en détresse. Je compte donc sur votre générosité. Même si chacun ne peut donner que 5 ou 10 euros. 10 euros permettront d’acheter un paquet de couches ou de remplir 5 litres d’essence.
Pour faire un don pour ce convoi, c’est ici
Propos recueillis par YV
Crédit photo : DR
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