La cybercriminalité empoisonne la vie (et les boîtes mail) des internautes français. Pourtant, lors d’une conférence prévue à l’université d’Angers dans quelques jours, une historienne propose d’appréhender le broutage sous le prisme décolonial. Explications.
Un « Mois du genre » à l’Université d’Angers…
Et si le broutage, cette cybercriminalité généralement commise depuis l’Afrique, n’était finalement qu’une juste punition infligée aux Blancs compte tenu de leur passé colonial ?
Posée en ces termes, la question paraît hallucinante mais elle sera abordée le plus sérieusement du monde lors d’une conférence prévue le 25 mars prochain à Angers. Dans le cadre du « Mois du genre » de l’Université d’Angers, Nahema Hanafi, historienne à l’Université d’Angers, présentera son dernier livre intitulé « L’arnaque à la nigériane – Spams, rapports postcoloniaux et banditisme social » sur le campus Belle-Beille, avant de répondre aux questions du public.
Sur le site des éditions Anacharsis, on peut ainsi lire qu’à travers le broutage, l’historienne « a reconnu une forme nouvelle d’escroquerie ancienne et a choisi de mener l’enquête autour de cette malversation ». Mais, là où les victimes de ces cybercriminels perçoivent surtout cette pratique comme une menace pouvant causer de gros déboires financiers, Nahema Hanafi a passé au crible ces mails d’arnaques « avec autant d’empathie que d’espièglerie », en y voyant là « une forme de banditisme social, une capacité de subvertir les rapports d’inégalité du monde postcolonial, signe aussi d’une émancipation du désir d’Europe. ». Tout un programme…
Le broutage, pratique des « Robins des bois 2.0 décoloniaux » ?
Quant au reste de la présentation de la conférence sur le site de l’université d’Angers, il est à l’avenant du thème. On peut ainsi y lire que ces brouteurs, « jeunes cybercriminels ivoiriens qui, depuis les cybercafés d’Abidjan, envoient chaque jour des milliers d’arnaques par mail à des internautes résidant en France », n’auraient finalement pour seul tort que de « se mouler dans les normes viriles de l’extorsion et du pouvoir d’emprise ».
Mieux, il serait même question d’y voir une dimension politique dans la pratique du broutage, l’université d’Angers nous précisant que parmi ces escrocs généralement basés en Afrique de l’Ouest et s’appuyant parfois sur des complices en France, « certains moralisent leurs pratiques en mobilisant l’image d’un Robin des bois 2.0 décolonial, un jeune homme noir pauvre volant les anciens colons pour redistribuer les richesses localement ».
Mais ces allégations quant à une potentielle quête de justice sociale et de vengeance décoloniale risquent cependant de laisser dubitatives les nombreuses victimes de la cybercriminalité. Lesquelles tombent souvent dans le piège par faiblesse affective (via les arnaques du chantage financier à la relation amoureuse) ou par naïveté.
À ce titre, nous rappellerons notamment les faits impliquant un migrant africain originaire de Côte d’Ivoire et sa compagne Malgache domiciliés à Pleumeur-Bodou (Côtes-d’Armor) et qui virent le duo être condamné par le tribunal de Saint-Brieuc au mois de mars 2021 pour diverses escroqueries s’élevant à 134 000 €, notamment des arnaques visant des personnes crédules par l’intermédiaire de sites de rencontres. L’Africain étant par ailleurs un récidiviste en situation irrégulière en France.
La famille de l’escroc participait aussi au fonctionnement du système puisque ce sont ses frères et ses sœurs qui géraient les « brouteurs » en Côte d’Ivoire. Il est regrettable que les victimes de ces pratiques ne soient pas invitées à s’exprimer par l’Université d’Angers…
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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