Après Dans les forêts de Sibérie en 2019, Virgile Dureuil adapte en bande dessinée Bérézina, un autre récit de voyage de Sylvain Tesson. On découvre ainsi la tragique retraite de Russie qui décima la Grande Armée.
Sur un voilier navigant entre les icebergs de la Terre de Baffin, Sylvain Tesson suggère une nouvelle aventure à un ami, l’écrivain et voyageur Cédric Gras. Puisque tous deux doivent se rendre au salon du livre de Moscou en décembre, pourquoi ne pas en revenir par la route, en empruntant 200 ans plus tard le même trajet que Napoléon en 1812, lors de sa désastreuse retraite de Russie. Le photographe Thomas Goisque accepte de les accompagner. Ce périple, à bord d’un side-car, une « Oural » de 1966, part de la place Rouge, à Moscou. Le premier jour, ils atteignent Borodino. Deux amis russes, Vitaly et Vassili, vont les rejoindre quelques jours plus tard, à bord de deux autres Oural.
Ce voyage de treize jours sur des routes enneigées, émaillé de différents pépins mécaniques, est agrémenté des réflexions de Tesson. Il parcourt les Mémoires du général de Caulaincourt et du sergent Bourgogne, décrivant les conditions de vie déplorables. Il entrecoupe son récit de scènes retraçant l’incendie de Moscou, le franchissement tragique de la Bérézina, la fuite de l’Empereur vers Paris avec le fidèle Caulaincourt. Napoléon était à la tête d’un demi-million de soldats lorsqu’il franchit le Niémen, le 24 juin 1812. Deux mois après le repli, la Grande Armée est décimée. Sylvain Tesson publie son récit en 2015. Admirateur de Napoléon, il s’interroge, au regard du sacrifice des grognards, sur l’individualisme des générations depuis les Trente glorieuses.Virgile Dureuil révèle que c’est la lecture de l’adaptation en bande dessinée par Jacques Terpant des Sept Cavaliers, de Jean Raspail, qui l’a mis sur la voie de Sylvain Tesson. Après Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson demande à Dureuil d’adapter Bérézina. Son dessin réaliste reproduit les paysages sauvages enneigés. Sylvain Tesson s’extasie devant ce dessin et a même l’impression de se retrouver dans le sillage de Corto Maltese en Sibérie !
Cette bande dessinée permet de découvrir l’œuvre de Sylvain Tesson, pour ceux qui ne la connaissaient pas encore. Cet écrivain voyage la plupart du temps par ses propres moyens, en totale autonomie. Ses expéditions sont financées par des conférences et par la vente de ses récits. En 1991, il découvre l’aventure lors d’une traversée à vélo du désert central d’Islande, puis d’une expédition spéléologique à Bornéo. Puis, en 1993-1994, il fait le tour du monde à bicyclette. En 1997, il traverse l’Himalaya à pied, en passant clandestinement par le Tibet. En 1999-2000, il traverse également les steppes d’Asie centrale à cheval. En 2001 et 2002, il participe à des expéditions archéologiques au Pakistan et en Afghanistan. De mai 2003 à janvier 2004, il reprend l’itinéraire des évadés du goulag en suivant le récit de Sławomir Rawicz (The Long Walk), traversant la Sibérie, la Chine et l’Inde. En 2010, il va vivre en ermite dans une cabane au sud de la Sibérie et relate cette expérience solitaire dans son journal Dans les forêts de Sibérie. Sylvain Tesson publie des reportages dans Le Figaro Magazine. À la fin des années 1990, il anime sur Radio Courtoisie, en collaboration avec Alexandre Poussin, une émission consacrée à l’aventure. Il obtient le prix Goncourt de la nouvelle en 2009, pour Une vie à coucher dehors et le prix Médicis essai en 2011 pour Dans les forêts de Sibérie. Il analyse l’Iliade et l’Odyssée dans Un été avec Homère, qui est l’essai le plus vendu en 2018. Nouveau succès, La Panthère des neiges, roman le plus vendu en 2019 en France, obtient le Prix Renaudot.
Kristol Sehec
Berezina, 136 pages, 20 euros, Editions Casterman.
Illustrations : DR
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0 réponse à “Berezina, récit de Sylvain Tesson, adapté en bande dessinée”
Merveilleux Sylvain Tesson …!
Rien de mieux pour se dépolluer de la malodorante hystérie qui nous submerge aujourd’hui ..
Merci !
Pour sa Grande Armée, Napoléon avait recruté de bons marcheurs, comme soldats : pas de varices.
Donc, les « recalés » aux jambes variqueuses, sont restés en France, et leur descendance est.. variqueuse.
NM