Sur les 193 pays représenté à l’ONU le 2 mars 2022, 141 ont voté contre la Russie, 5 ont voté en soutien de la Russie, 34 se sont abstenus et 13 n’ont pas pris part au vote.
Ce qu’il faut bien comprendre, pour mesurer le réel degré d’isolement de la Russie, c’est que chaque pays a un poids différent en terme économique, en terme de population, donc de marché potentiel, en terme militaire (puissances nucléaires ou non) et que tous les pays ne se valent donc pas vraiment. Il vaut mieux avoir des relations avec quelques pays puissants plutôt qu’avec une myriade de petits ou moyens pays plus ou moins vassalisés…
Essayons donc d’évaluer les poids économique, démographique et « nucléaire » des 52 pays qui n’ont pas voté contre la Russie, soit en la soutenant, soit en s’abstenant, soit en ne prenant pas part au vote.
1 – 5 des 9 puissances nucléaires répertoriées sur la planète n’ont pas voté contre la Russie : 3 se sont abstenues (Chine, Inde et Pakistan), 2 ont soutenu la partie russe (Russie, Corée du Nord). 2 (Chine et Russie) ont un siège de membre permanent avec droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU.
2 – Sur le plan démographique, les 52 pays qui n’ont pas voté contre la Russie, soit parce qu ’ils se sont abstenus, soit parce qu’ils n’ont pas pris part au vote comptent un total de 4,6 milliards d’habitants sur les 7,9 milliards que compte la planète. Il est vrai que la Chine, l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh comptent déjà, à eux seuls, 3,2 milliards d’habitants. Autrement dit, les 141 pays qui ont voté contre la Russie ne comptent que 3,3 milliards d’habitants.
Si l’on veut bien considérer que la communauté internationale ne se limite pas à un nombre d’États sous pressions occidentales mais qu’elle est aussi composée de 7,9 milliards d’individus, alors les résultats de ce vote ne sont pas si mauvais qu’on le croit pour la Russie qui est donc loin d’être «isolée» et qui garde des marchés considérables.
D’autant qu’il faut bien admettre que, dans les pays qui ont voté contre la Russie, nombre d’entre eux sont de petits pays qui l’ont fait sous la pression discrète mais insistante de menaces de sanctions économiques US. Mais ces pays entretiennent de bonnes relations avec la Russie et continueront de le faire. L’exemple flagrant de l’efficacité de ces pressions est celui des Émirats Arabes Unis qui s’était abstenu dans le vote au Conseil de Sécurité, mais qui a dû changer son vote quelques jours après, sous la pression US, et qui a voté contre la Russie en Assemblée générale. Des États comme l’Egypte et le Brésil (pays BRICS) sont plus proche de la Russie que des USA, surtout si Bolsonaro venait à être remplacé par Lula aux prochaines élections.
On notera avec intérêt que sur les 52 pays qui n’ont pas voté contre la Russie, 25 (dont l’Afrique du Sud) sont des pays africains ce qui confirme la percée de la Russie en Afrique, 19 sont des pays asiatiques, 5 sont des pays d’Amérique latine et 3 sont des pays européens (Biélorussie, Serbie, Russie). La France a donc du souci à se faire sur l’avenir de son influence en Afrique…
3 – Sur le plan économique, les 52 pays qui n’ont pas voté contre la Russie, tirés par la Chine, l’Inde, l’Iran et la Russie représentent tout de même 30% du PIB mondial en dollars nominal. Ce n’est pas rien… Si l’on compare en dollars PPA (Parité de pouvoir d’achat), ces pays représentent plus de 40% du PIB mondial. Là encore, la Russie n’est pas seule. Elle tient toujours un rôle de leader au sein des organisations qu’elle a contribué à créer et à faire vivre (OCS, BRICS). Elle gardera de bonnes relations avec les pays du Golfe et avec certains pays qui, contraints et forcés, ont voté contre elle.
En conclusion, ce vote n’aura pas pour conséquence d’isoler la Russie beaucoup plus qu’elle ne l’était déjà face à un monde occidental russophobe, dirigé par les USA.
Que penser de ce vote ?
1 – Il est non contraignant, et l’ONU n’aurait d’ailleurs aucun moyen de le faire respecter. Il sera donc ignoré par la partie russe. Notons au passage que, depuis sa création en 1947, Israël a pu ignorer 75 résolutions des Nations Unies sans avoir à subir aucune conséquence de la part de la très vertueuse « coalition occidentale ».
2 – Depuis 1990 les USA, et tout ou partie de leurs alliés de l’OTAN, se sont affranchis à maintes reprises, des lois internationales et de l’ONU pour s’ingérer dans les affaires de pays souverains et pour semer la mort et le chaos sous des prétextes fallacieux. Depuis 1990, plus d’1 millions de bombes occidentales ont été larguées sur la planète entraînant directement ou indirectement la mort de plusieurs millions d’individus (Serbie, Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, Yemen, etc.). Ni les médias, ni la communauté occidentale, ni l’ONU ne s’en sont émus malgré les atrocités et crimes commis par les occidentaux (torture quasi-légalisée aux USA, Guantanamo, Abu Graib …etc). Aujourd’hui, les ingérences illégales et toujours en cours des USA en Syrie, en Irak et au Yemen ne semblent poser de problème à personne… On peut comprendre que cela puisse irriter très sérieusement ceux qui en sont victimes et puisse générer une haine d’un Occident déclinant, mais qui se veut toujours conquérant, et la montée d’un terrorisme, principalement anti-occidental, sur la planète.
3 – L’opération russe de protection des populations russophones du Donbass et de démilitarisation/dénazification de l’Ukraine a fait peu de victimes jusqu’à présent: moins de 5 000 probablement, moins de 10 000 certainement. On est encore très en dessous des 14 000 morts du Donbass bombardé depuis 8 ans par le gouvernement central ukrainien qui veut « dérussifier » l’Ukraine. Ce nombre de victimes, toujours regrettable, est très inférieur à celui, qui se compte en millions, causé par les occidentaux dans les innombrables ingérences armées de l’OTAN, conduites depuis 1990 un peu partout dans le monde. Il est très inférieur au nombre de victimes palestiniennes enregistrées dans les nombreuses opérations israéliennes utilisant une force disproportionnées et aveugle. On ne peut pas condamner les uns sans condamner les autres.
4 – La responsabilité de l’OTAN qui va agiter le chiffon rouge et provoquer l’Ours russe en amenant ses missiles nucléaires aux frontières de la Russie et en reniant les promesses faites en 1991 est immense. Souvenons nous qu’en 1962, nous avons été au bord d’une guerre nucléaire parce que l’Union soviétique voulait installer des missiles nucléaires à Cuba, ce que les USA n’appréciaient pas… à juste titre.
5 – Quant à discuter des annexions et/ou reconnaissances d’États déclarées illégales par la meute occidentale (Crimée, Donbass), il ne faut pas oublier les précédents du Kosovo serbe et du Golan syrien, territoires arrachés à leur pays d’origine par les occidentaux sans que personne en occident ne songe à pousser des cris d’orfraie.
Je conclurai par une citation de l’ex-secrétaire d’État américain Pompéo déclarant dans un rire édifiant : « Lorsque j’étais élève officier à West Point, quelle était la devise du cadet ? Tu ne mentiras pas, tu ne tricheras pas, tu ne voleras pas et tu ne toléreras pas que d’autres le fassent. J’ai été directeur de la CIA et nous avons menti, triché, volé. C’était comme si nous avions eu des stages entiers de formation pour apprendre à le faire »…
Dominique Delawarde
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0 réponse à “Guerre en Ukraine. Après le vote en assemblée générale de l’ONU, la Russie est elle isolée ? [L’Agora]”
Tout ce travail bien argumenté ne vaut rien… Il évite d’aborder la question de la guerre d’annexion commencée par la Russie dès la Crimée. Rien ne peut excuser une guerre d’annexion, surtout quand elle n’est pas demandée par le peuple qui part en guerre et qu’elle cause les morts civiles du pays que l’on veut annexer !
Comme le Chef des roquets (Les Roquets En Meute) l’a justement souligné, « il est faux de prétendre que des missiles ont été déployés aux frontières de la Russie; il n’y a pas de missiles installés en Ukraine … ». Déclaration bien étayée et bien argumentée, mais qui ne vaut rien. En effet, personne n’a jamais prétendu qu’il y avait des missiles Otan installés en Ukraine … mais qu’il y en a partout dans les anciennes républiques soviétiques devenues membres de l’Otan, et qu’il y en aura donc en Ukraine si celle-ci devait par malheur rejoindre les premières. Créer des fake news de toutes pièces …. pour pouvoir, dans la même phrase, les dénoncer comme fake news, c’est de la rhétorique de marchand de tapis. Curieusement, le chef des roquets et les roquets eux-mêmes n’ont pas entendu parler des 13000 morts du Donbass causés, depuis 2014, par l’artillerie ukrainienne et les « épurateurs » des régiments Azov et Aidar en violation manifeste des accords de Minsk.
Cela est surprenant que les journaleux de la bien pensance n’ aient pas entendu parlé des 13 à 14000 morts dus aux bombardements du Donetz et du Lougantz depuis 2014 perpétrés par l’ armée ukrainienne assistée de ses régiments nazis Azov et Aïdar !! Cela s’ apparente à de la désinformation ni plus ni moins ! Et si l’ otan us et ses valets européens n’ avaient pas titiller sans cesse les russes depuis 30 ans, nous n’ en serions pas là !!!
Les analystes de l’Ouest disent que Poutine est un joueur de poker de la dimension de Patrick Bruel.
C’est un joueur d’échec. Ce n’est pas un cow-boy du Far-West
Ce n’est pas l’Ouest lointain, mais l’Est lointain.
Une partie d’échec peut durer longtemps, d’autant que le « mat », est absolument nécessaire.:
échec(s) &… mat.
Une seule bombe nucléaire, sur la bonne ville, au bon moment, en €urope, par exemple.
Les Ehpad-Unis, ça sera : « Tout petit, devant Toi, Seigneur ».
De Gaulle disait qu’au « poker menteur il était le roi ». Evidemment il devait bluffer. La France était en état de faiblesse avancé.
De toute façon la Russie, plus la Chine et possiblement l’Inde sont des petits pays et l’€MP€R€UR de l’€UROP€, l’€MMANU€L va les mettre au pas, faces contre terre.
« Ils y a ceux qui réussissent & ceux qui ne sont rien » qu’on croisent, dans les gares, mais aussi dans les villes, dans les champs…
Et dans les choux.
Yep!
Au premier jour de l’entrée de troupes russes, le président Zélensky aurait dû, s’il avait eu le courage et l’intelligence nécessaires pour dire NON à la CIA, déclarer que son pays l’Ukraine ne demanderait jamais son intégration à l’OTAN. Le conflit se serait arrêté immédiatement. Un combattant de moins de 73 kg ne combat pas avec un adversaire de 120 Kg , les sportifs le savent et ne cautionnent pas de tels combats. En plus il était prévenu que personne n’irait l’aider, surtout pas les US qui seuls pourraient relever le défi mais à quel prix humain. Poutine est l’agresseur après avoir supporté 8 ans de mépris de l’Ukraine à propos des accords de Minsk, les US sont les premiers coupables pour avoir trahi leur engagement auprès de Gorbatchev de ne pas élargir l’OTAN et Zelensky est irresponsable d’entreprendre un combat perdu d’avance.
même ici à la Réunion, le journal local est devenu un relai de la propagande officielle, c’est très frustrant d’entendre des mensonges par omission
La guerre contre la Serbie aurait dû mener à un retrait des pays de l’Europe hors de l’OTAN. Beaucoup d’organismes tels que les Nations Unies, l’Unesco, l’Otan, . . . ;sont des cimetières d’éléphants pour caser les potiticards turbulents et leur donner un os à ronger.