« La Caravane », une future ZAD à roulettes sur les routes de Bretagne ?

L’Angleterre connait depuis des décennies le phénomène des « Travellers » ou « New Travellers », des convois de semi-nomades constitués de vieux bus à impérial fatigués et de punks à chiens new age dont la queue de caravane est immanquablement constituée des « crusties », ceux qui ont fait le voeu de ne plus se laver. Crasse systémique qui constituerait, selon leurs dires, une résistance à l’ordre capitaliste ! Dans les faits, cela constitue surtout une résistance à Obao et autres Tahiti douche !

Différents des Travellers issus de la communauté Lucht Siúil, c’est à dire les Tinkers irlandais ou « peuple cavalier » popularisés notamment par la série Peaky Blinders, ces « néo-travellers » ou « travellers new-age » prennent plutôt leur source dans la vague des festivals rock gratuit des années 60 et 70 : Windsor Free Festival, Glastonbury et Stonehenge Free festival ou autres Elephant Fayres. Chaque année, ces néo-travellers -dont certains sont nés dans les convois- se retrouvent également autour du cercle de pierre de Stonehenge pour « célébrer le soleil » et autres astres lointains autour de forces joints, acides et bières tièdes. Les Travellers ont été également à l’origine de la propagation de la musique techno et des raves/free parties autour des mythiques Spiral Tribe.

Le phénomène pour l’instant circonscrit aux pays anglo-saxons et à l’Irlande risque-t-il de toucher prochainement la Bretagne ?

C’est ce qu’on peut croire avec ce convoi qui doit partir prochainement sur nos routes : la « Caravane ». « La caravane c’est une manière d’imaginer des formes d’organisation adaptés à notre nomadisme militant ! Une expérience de vie collective et militante qui commence en mars (2022) pour notamment porter et soutenir des luttes, expérimenter et partager des modes de vie alternatifs ! » annonce le site internet de l’organisation.

L’idée de la caravane est née de réseaux d’amitiés, de l’envie d’élargir les rencontres et du besoin de poursuivre des expériences collectives. On s’est dit qu’une vie collective nomade organisée selon les affinités / pratiques communes (de vie ou d’action), ça pourrait être super chouette (et intéressant pour les luttes qui nous animent).

On imagine une caravane riche de nos différences, mais pas sans liants. On voudrait faire vivre et porter des idées et des pratiques auxquelles nous tenons – et qui nous font tenir.

L’Anti-autoritarisme & la lutte contre les dominations / oppressions systémiques est la base de ce liant.

En clair, un Notre-Dame des Landes sur roulettes !

La Caravane prévoit de partir d’un premier « chantier » situé aux alentours du Carnet en Loire-Atlantique. On se souvient qu’une ZAD a occupé ces prairies de bord de Loire durant 7 mois afin de lutter contre un projet d’extension du port de Nantes-Saint-Nazaire. Le campement ayant finalement été démantelé par les forces de l’ordre le 23 mars 2021. Cependant, un « lieu collectif » subsiste discrètement à quelques kilomètres du site. La Caravane compte visiblement y installer son lieu de départ à partir du 13 mars pour un « chantier » qui devrait durer « une dizaine de jours ».

Ensuite, le convoi partira vers Redon pour un second « chantier » qui, pour sa part, durera du 23 mars au 03 avril. Et après ? « Discussion collective » comme il est de coutume dans ces milieux : En pratique, tout le monde la ramène et raconte sa vie mais à la fin les décisions sont prises par un petit groupe plus influent et plus « mâle alpha » que les autres. L’autogestion ça marche bien mais avec un chef !

La Caravane devrait-elle perdurer et s’étendre ? La Caravane part sur de bonnes bases en affichant ses objectifs :

• réduire l’exposition aux oppressions systémiques (sexisme, racisme, … et on oublie pas le classisme ni le validisme!) sur site.
• tendre vers une atmosphère positive, une acceptation du conflit dans le respect des personnes (… et on oublie pas l’attention à la pureté militante!).
• Permettre la possibilité de faire des campings non-mixtes (mint, racisé.e,…) et d’utiliser une caravane comme zone calme sans interaction ou non-mixte…
• Journée dédié aux soins et besoins spécifiques. Possibilité d’équipe écoute.

Dans les faits, cela devrait rapidement donner lieu à des procès staliniens de jeunes demoiselles s’étant senties « violées par le regard » ou de quelques boîteux ronchons ayant l’impression d’avoir subi des actes de « domination validiste » lorsque quelqu’un aura voulu les aider à enjamber un fossé. Quant aux zones « non-mixtes », elles devraient rapidement se transformer en camps retranchés où les « femmes lesbiennes » devraient médire sur la zone d’en face des « transexuels neuro-divergents ».

La « Caravane » ne devrait, par contre, pas trop être emmerdée par les questions raciales car ces milieux sont composés à 99% de jeunes gens bourgeois, blancs et urbains ayant des comptes à régler avec leur méchant papa notaire. Une fois la cricrise terminée, ces messieurs-dames reviennent bien vite dans le giron familial au cours d’un week-end de thérapie familiale dans la villa du Cap d’Antibes.

A moins que d’ici là, le rebelle se soit définitivement grillé les neurones à coup de substances chimiques de toutes natures. La Caravane a d’ailleurs déjà prévu la chose en mettant en garde les futurs participants du « chantier du Carnet » : « le terrain sur lequel nous sommes est chez un pote paysan, on devrait pas avoir de soucis avec les flics. Mais il y en a qui se baladent un peu aux alentours, soyez vigilant·es, notamment à vos consos.« 

Si cette « Caravane » survit aux premières semaines et aux inévitables « AG de mise au point » suite aux caprices des « queers vegans anti-agistes », les Bretons devraient voir régulièrement sur leurs routes un beau carnaval de tout ce que la dinguerie gauchiste a pu produire ces vingt dernières années !

Anne-Sophie Hamon
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