Depuis le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, de nombreux Ukrainiens ont quitté leur pays. Le ministre français des affaires européennes, Clément Beaune, a récemment déclaré que l’accueil des réfugiés ukrainiens en France était « notre devoir ». Pourtant, le laxisme de la politique d’asile et d’immigration du gouvernement obère grandement les capacités d’accueil des exilés ukrainiens dans notre pays.
Une catastrophe humanitaire
Le 1er mars, après 6 jours de combats, près de 677 000 Ukrainiens avaient selon le HCR de l’ONU quitté l’Ukraine et gagné des pays d’Europe de l’est, en particulier la Roumanie, la Hongrie et la Pologne. L’organisation internationale estime que la crise humanitaire pourrait se traduire par le déplacement de 7 millions d’Ukrainiens à l’intérieur de leur pays si l’offensive russe se poursuit.
Les ministres de l’intérieur des pays de l’Union européenne se réuniront jeudi 3 mars dans l’objectif de coordonner l’accueil des réfugiés et de leur donner un statut commun. Une répartition des réfugiés entre pays européens pourrait être décidée à cette occasion.
Outre le ministre français des affaires européennes, plusieurs maires de grandes villes françaises ont annoncé leur souhait d’accueillir des réfugiés ukrainiens. Ces prises de position renvoient à la question de la capacité d’accueil des réfugiés en France. Dans ce domaine, on ne peut pas dire que la situation soit satisfaisante, loin de là.
L’organisation de l’accueil des réfugiés en France
Les demandeurs d’asile et les réfugiés dépourvus de ressources suffisantes et de logement sont hébergés en France dans des centres spécialisés constituant le dispositif national d’accueil (DNA). Les capacités d’hébergement au sein du DNA ont considérablement augmenté durant les dernières années. Le nombre de places est passé de 49 465 en 2014 à 108 000 en 2021 et devrait attendre 118 087 en 2022.
Malgré cet effort considérable, ces structures sont à saturation. L’augmentation constante des capacités d’accueil n’a fait qu’accroitre l’appel d’air et n’a aucunement résolu les problèmes existants. Le taux d’occupation y était en décembre 2021 de 97%. En 2020, seulement 52% des demandeurs d’asile pouvant prétendre à une prise en charge dans le DNA y étaient hébergés.
La saturation de ces structures a deux causes majeures : l’importance du nombre des entrées et le faible nombre de sorties. Celui-ci est favorisé par le maintien de déboutés de l’asile dans ces structures. D’autre part, le gouvernement organise peu d’éloignements d’étrangers en situation irrégulière, notamment des déboutés de l’asile.
Ainsi, en 2021, l’OFPRA a traité près de 140 000 demandes d’asile. Le taux d’octroi de la protection humanitaire n’a été que de 25,7 %. La très grande majorité des demandes d’asile n’était donc selon l’OFPRA pas justifiée, ce qui confirme le détournement massif de l’asile par des migrants économiques. Mais dans le même temps, seulement 16 819 sorties du territoire (forcées, aidées, etc.) d’étrangers en situation irrégulière ont été comptabilisées en 2021.
Le dévoiement de l’aide sociale à l’enfance
D’autres migrants, de plus en plus nombreux, arrivent en France depuis quelques années : les jeunes qui se disent mineurs et sollicitent leur prise en charge au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).
La seule condition pour en bénéficier, tous frais payés (gite, couvert, formation, études, etc.), est en effet d’être reconnu mineur, indépendamment de la nationalité du requérant.
Les derniers chiffres communiqués par l’Assemblée des Départements de France font ressortir un nombre de 40 000 Mineurs Non Accompagnés (MNA) présents en France au 31 décembre 2019, pour un coût moyen de 50 000 euros par jeune par an.
De très nombreuses structures d’hébergement ont été créées dans le pays pour accueillir ces jeunes, qu’il s’agisse de constructions ou de modifications de la vocation de bâtiments (centres de vacances, etc.). Néanmoins, en dépit de l’effort considérable consenti par les départements, les structures d’accueil des MNA saturent. Pour y faire face, plusieurs départements organisent l’hébergement des jeunes étrangers à l’hôtel. Un rapport rendu public en 2020 faisait ressortir à titre d’exemple que trois départements ont placé près de 600 mineurs à l’hôtel. Au total, 95 % des mineurs hébergés à l’hôtel seraient des MNA et 28 % des MNA admis à l’ASE seraient pris en charge à l’hôtel.
L’hébergement d’urgence à saturation
Selon le dernier rapport de le Fondation Abbé Pierre, le nombre de sans domicile fixe a doublé depuis 2012 et s’élève aujourd’hui à 300 000 personnes au moins. Par ailleurs, la part des étrangers dans la population sans domicile fixe est passée de 38 % en 2001 à 56 % en 2021. Début décembre 2021, près de 4 000 personnes ont appelé chaque soir en vain le 115 faute de places d’hébergement d’urgence disponibles.
Le nombre de nuitées hôtelières des personnes en situation de mal logement ou d’absence de logement a quintuplé en 11 ans (14 000 en 2010 à 74 000 en 2021).
La faiblesse des contrôles aux frontières intérieures de la France et l’absence de politique ferme de reconduite des étrangers en situation irrégulière dans leurs pays n’ont fait qu’empirer une situation qui était déjà mauvaise. L’urgence de protéger des populations civiles de la guerre risque bien de se heurter aux carences des politiques menées en la matière jusqu’à maintenant.
Paul Tormenen
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0 réponse à “La France est-elle bien préparée pour accueillir les réfugiés ukrainiens ?”
Citez-moi deux pays d’Europe de l’Est
catholiques,
alcooliques,
et qui se montrent hystériques dès qu’on mumure le mot « Russie » en leur présence.
Trouvé ?
Que la Bretagne accueille les Uk : les troquets bretons n’auront pas de meilleurs clients, et ce sera tout bénèf pour l’économie locale.