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Ces chercheurs militants qui rêvent de « défaire la police »

Inspirés par Black Lives Matters, des universitaires français et américains estiment possible de se passer de la police et même de faire mieux qu’elle ! Le site d’information écolo « Reporterre » leur donne la parole et dévoile leurs recettes. Amis du Bon Sens s’abstenir…

C’est la police qui crée la délinquance

Ils s’appellent Jérôme Baschet, Elsa Dorlin, Guy Lerouge, Irène, Collectif Matsuda et Serge Quadruppani. Ils appartiennent à ce que Reporterre appelle les « milieux universitaires et anti-carcéraux ». Dans l’ouvrage collectif « Défaire la police », ils livrent leurs conclusions – des conclusions qui viennent confirmer leurs intuitions de départ assez marquées à gauche.

Un des auteurs, Irène, « militante féministe basque« , donne le ton :

« Je ne vais pas confier ma sécurité à un corps aussi viriliste que celui de la police, incarnation du patriarcat ! »

Même son de cloche woke chez les autres chercheurs interrogés par la journaliste. Ainsi Claudia Garcia-Rojas, doctorante au département d’études afro-américaines de Northwestern University, qui émet une théorie originale sur les origines de la police moderne :

« L’histoire du « policing » est ancrée dans la suprématie blanche : les patrouilles d’esclaves (slave patrols) sont apparues pour poursuivre, chasser et parfois tuer les esclaves fugitifs, et pour protéger les personnes blanches et leur propriété. »

Une vision qui semble américano-centrée, puisque jusque-là, on associait l’invention d’un corps de professionnels publics de la sécurité avec l’émergence des grandes cités de l’Europe classique (1667, création de la lieutenance générale de police de Paris).

Nous ne quittons pas les campus américains avec Gwenola Ricordeau, de la California State University. Plus modérée semble-t-il, celle-ci se contenterait d’« affaiblir la police », ce qui permettrait déjà de résoudre une bonne partie du problème de la délinquance :

« La police est le début de la « chaîne pénale » » ; avec les tribunaux et la prison, elle fait partie des « institutions dont le rôle est de réprimer ou de punir », nous apprend cette professeure en justice criminelle. Ces institutions ne font que perpétuer le « cycle de la violence« , dont le délinquant n’est qu’un élément parmi d’autres. Quant à la victime, il faut l’aider à obtenir la « guérison », comme si la criminalité était un phénomène sanitaire sans responsable bien identifiable.

Aller plus loin contre la délinquance supposerait de carrément supprimer les lois, car ce sont elles qui fabriquent arbitrairement des criminels. D’où la proposition de dépénaliser la drogue, la prostitution et même le vol puisque « la meilleure façon de réduire les délits contre les biens n’est pas d’emprisonner les pauvres », indique le collectif américain MDP, cité par Marie Astier, la journaliste de Reporterre.

Des recettes venues tout droit des sociétés tribales

A quoi ressemblerait concrètement la société sans police de l’avenir ? On peut s’en faire une idée en suivant Jérôme Baschet au Chiapas, une région rurale amérindienne du Mexique, contrôlée par la rebellion zapatiste.

« Celles et ceux qui ont la charge temporaire des instances de justice autonomes réunissent les parties, les écoutent et enquêtent lorsque c’est nécessaire, puis les invitent à trouver un accord permettant de parvenir, si possible, à une réconciliation », explique ce spécialiste de l’histoire médiévale, ancien professeur à l’EHESS puis à l’université autonome du Chiapas.

Pas de punition pour le coupable, mais une « réconciliation entre les parties mais aussi avec la communauté dans son ensemble dès lors que ses règles, établies et acceptées par tous, ont été enfreintes.»

Il arrive même que la victime obtienne une « réparation » matérielle. Royal ! « Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est ce principe qui s’applique également dans le cas d’un homicide. La solution repose souvent sur la cession d’une terre (…) Les instances en charge de la justice ont moins pour logique de déterminer les délits et les peines que d’affronter les problèmes portant atteinte au tissu de la vie collective et de rechercher les solutions ».

Pas besoin d’un corps de professionnels de l’ordre public, de longues procédures et d’enquêtes dans le style de « Faites entrer l’accusé » : « Les membres de la communauté peuvent assurer à tour de rôle la sécurité de la communauté. Mais dès qu’une arme est confiée à quelqu’un, il doit avoir à l’esprit qu’elle ne lui appartient pas, qu’une fois la mission terminée, l’arme est reprise. »

Cette justice coutumière, sans obligation ni sanction, mais appuyée sur une guérilla armée, est certes un progrès dans un Mexique plongé dans une violence sidérante. Elle a d’ailleurs existé dans nos contrées jusqu’aux temps mérovingiens, avec des résultats mitigés en terme d’ordre public.

Mais est-elle transposable dans notre société industrielle complexe, avec ses métropoles géantes, anonymes et pluricommunautaires ? Nos « chercheurs » ne semblent pas s’être posé la question.

Agressions sexuelles en série dans les organisations wokes

La journaliste de Reporterre a quand même trouvé des exemples d’une telle transposition, expérimentée à petite échelle par des tribus militantes.

Jusqu’en 2018, les zadistes de Notre-Dame-des-Landes avaient instauré un groupe de douze arbitres, renouvelés par moitié tous les quinze jours, pour régler les conflits internes. « On va pas appeler les flics pour régler les problèmes, donc on s’organise. C’est très riche, tu prends en main ton existence, mais cela demande aussi beaucoup d’énergie, explique en 2016 à Reporterre Sylvie Thébault, une des agricultrices de la Zad.

Malgré de longs palabres, cela ne fonctionnait pas toujours : « Récemment, on a viré un mec (…) Il avait des comportements sexistes à répétition, dans les paroles et dans les actes. Cela faisait trois ans qu’on lui expliquait que cela posait problème », témoigne Emilie, une autre zadiste. 

Les mêmes débordements ont eu cours dans un autre groupe militant de gauche, que Reporterre a la charité de ne pas nommer. Pour répondre à un cas de viol en interne, cette organisation a fait appel au collectif Chrysalis pour mettre en place « un processus de justice transformatrice en milieu militant : il a d’abord formé un « groupe de soutien à la survivante », puis un autre groupe de « responsabilisation », chargé de discuter avec l’agresseur pour « le rendre responsable de ses actes et l’amener à changer ».

Il se trouve que les agressions sexuelles sont endémiques dans le milieu militant woke. Ces dernières années, des accusions graves ont transpiré dans la presse concernant le syndicat étudiant UNEF, les Jeunes Socialistes, les Jeunes Communistes, les Verts, les anars de l’UCL, plus récemment la CGT, et enfin les milieux universitaires.

Comme si l’angélisme, les raisonnements aberrants et la réticence à recourir à la police faisaient le jeu des prédateurs…

Enora

Crédit photo : DR
[cc] BREIZH-INFO.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Une réponse à “Ces chercheurs militants qui rêvent de « défaire la police »”

  1. patphil dit :

    ben moi je suis pour renforcer les missions de la police, pas des crs qui sont payés pour taper sur la tête des manifestants( mais pas des antifas casseurs), pour les policiers qui mettent leur vie en danger pour nous protéger ! et ça n’est pas uniquement parce que j’ai été cambriolé par deux étrangers avec arme !

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