Il y a des restaurants qui se distinguent par l’excellence de leur cuisine. D’autres par leur vue sur mer, la personnalité de leur patron, la promptitude de leur service, la magnificence de leur décoration… Mamina, à La Baule, par ses toilettes.
À l’angle de l’avenue Pavie et de la longue avenue du Maréchal de Lattre, à deux pas du casino (et de la villa de Valérie Pécresse), l’établissement occupe une position stratégique dans le plus chic Ouest baulois, à l’écart des péquenauds qui se bousculent avenue de Gaulle. Sous une fausse tourelle au toit pointu, il se présente expressément comme un « restaurant de curiosités ».
Sa décoration, un bric-à-brac soigneusement élaboré, semble issue d’un vide-grenier. On y voit du mobilier design du siècle dernier, des personnages Lego géants, de vieux tableaux de famille. Et puis ces fameuses toilettes : on croit pénétrer dans une armoire normande, on se retrouve au milieu d’un chemin de croix, probablement issu d’une chapelle démolie. Incongru, sacrilège ? En fait, c’est plutôt le sanitaire – parfaitement fonctionnel au demeurant ‑ qui paraît décalé dans ce petit coin tranquille propice à la méditation.
Mamina cuisine très convenablement mais n’a pas de prétention gastronomique. « Qui n’a pas conservé dans un coin de sa mémoire le souvenir ému de la cuisine de sa maman », demande son site web, qui annonce « des plats simples, mais si savoureux qu’ils ont su traverser le temps sans prendre une ride, et d’autres qui ont su rajeunir pour se mettre au goût du jour ». À la carte figurent les tapas, salades, tartares et fruits de mer incontournables dans une station balnéaire, et aussi des classiques parfois additionnés d’une touche asiatique, ou peut-être bobo, plutôt (« la grande brochette de boeuf du voyage en Asie, salade & sauce saté »…), le tout à des prix raisonnables compte tenu du site.
En plat du jour, des recettes toutes simples comme le fameux parmentier de boudin noir. Pommes de terre et sang de cochon : économique, inratable, fondant en bouche et pas destiné à toutes les clientèles.
Les clientèles, en effet, il faut en parler au pluriel. Mamina attire des profils diversifiés. Enfin, disons, diversifiés vers le haut… La brigade de salle y semble d’ailleurs sensible : elle adapte subtilement son accueil à la sociologie des convives – pas d’obséquiosité, toujours du convivial, mais une certaine gradation dans l’empressement. L’endroit est parfait pour passer un moment agréable en bonne compagnie, parmi des PDG en retraite venus casser une graine après leur partie de tennis, des mamies BCBG traînant deux ou trois petits-enfants, des voisins sortis de leur villa cossue pour se mettre les pieds sous la table. Et des gens qui ont envie d’aller aux toilettes.
Geo Le Ster
Mamina, 25 avenue Pavie, 44500 La Baule. Réservations : 02 40 88 07 13. Site web : maminalabaule.com. Ouvert tous les jours de 10h00 à 23h00 sauf le lundi.
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Une réponse à “Restaurant Mamina à La Baule : les toilettes avant l’assiette”
Quel niveau de déchristianisation faut-il avoir atteint pour se réjouir de l’exposition d’un chemin de croix dans les toilettes d’un restaurant ?
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