Belgique. La semaine de quatre jours de travail désormais proposée aux salariés

En Belgique, les salariés vont désormais avoir la possibilité de tester la semaine de quatre jours, en effectuant leurs 38 heures de travail hebdomadaire sur une journée de moins. Une mesure de flexibilisation sur la base du volontariat ayant pour ambition de réduire le taux de chômage.

La semaine de quatre jours arrive en Belgique

La Belgique est devenue le premier pays européen à autoriser les travailleurs du secteur privé à demander une semaine de travail de quatre jours. Dans le cadre d’une série de réformes du marché du travail (provoquées par la pandémie de Covid-19) annoncées le 15 février et approuvées par le gouvernement de coalition, les salariés à temps plein qui se porteront volontaires devront travailler le même nombre d’heures, mais pourront condenser leur semaine de travail de cinq jours du lundi au vendredi en quatre jours s’ils parviennent à un accord avec leur employeur.

Selon Pierre-Yves Dermagne, ministre belge du Travail, à l’origine de la réforme, les employeurs devront fournir des « raisons solides pour tout refus ». Il a déclaré que ce changement profiterait à ceux « qui souhaitent passer plus de temps avec leurs enfants ». En contrepartie, les Belges souhaitant répartir leur temps de travail sur quatre jours devront travailler jusqu’à dix heures par jour pour atteindre les 38 heures de travail hebdomadaire.

De leur côté, les syndicats ne seraient pas convaincus par cette mesure visant à accroître la « flexibilité horaire », car ils redouteraient de voir une pression s’exercer sur les travailleurs pour qu’ils effectuent des journées de travail plus longues.

La recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée

La proposition de réduction du nombre de jours travaillés a ainsi été élaborée pour offrir aux employés belges des horaires flexibles et augmenter la productivité pendant les heures de travail, après que la crise sanitaire ait conduit un grand nombre de salariés à réévaluer l’équilibre délicat entre vie professionnelle et vie privée.

Aussi, le ministre belge du Travail a fait référence à la pandémie de coronavirus et à son impact sur les travailleurs en déclarant qu’il s’agissait, avec cette semaine de quatre jours, de  « rechercher un nouvel équilibre entre vie professionnelle et vie privée ». Toujours selon Pierre-Yves Dermagne, l’absence de limites claires entre le travail et la vie privée pourrait « nuire à la santé physique et mentale du travailleur ».

À l’inverse, certaines voix opposées à cette flexibilité horaire hebdomadaire estiment qu’une organisation du travail sur quatre jours risquerait d’entraîner une augmentation du stress avec des employés davantage sous pression.

Semaine de quatre jours : des précédents essais concluants

Toutefois, si cette nouvelle mesure de flexibilisation du travail sur la base du volontariat représente donc un pas vers l’inconnu en Belgique, l’idée a déjà circulé par le passé dans d’autres pays.

Par exemple au Royaume-Uni, où un essai de six mois a débuté au début l’année 2022 et voit des membres du personnel de 30 organisations différentes effectuer le volume horaire hebdomadaire de travail habituel, et jusqu’à 35 heures par semaine, mais réparties sur quatre jours au lieu de cinq, pour le même salaire.

D’autre part, des expériences similaires devraient avoir lieu aux États-Unis, au Canada, en Irlande, en Australie et en Nouvelle-Zélande, tandis que des essais sont déjà menés en Espagne et en Écosse.

Par ailleurs, au mois d’août 2019, Microsoft Japon avait mis en place une semaine de quatre jours, donnant à ses 2 300 employés cinq vendredis consécutifs de congé. Le test s’était révélé concluant puisque l’entreprise avait déclaré que la productivité avait bondi de 40 %, que les réunions étaient plus efficaces et que les travailleurs – qui étaient également plus heureux – prenaient moins de congés.

De plus, outre le gain de productivité, les employés ont également pris 25 % de temps de pause en moins pendant l’essai. Des employés qui se sont dits satisfaits de la semaine de quatre jours à 92 %, preuve supplémentaire du succès de l’expérience.

Enfin, en Islande, une expérience similaire a été menée entre 2015 et 2019. Elle consistait à réduire le temps de travail à 35 heures hebdomadaires sur quatre jours, à salaire égal. Le gouvernement et la population ont été convaincus, et le dispositif a été généralisé depuis. Reste à voir ce que donnera le cas de la Belgique…

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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