Pavé dans la mare pour la prospère RFA des années 1970, le témoignage de la jeune Christiane Felscherinow a ébranlé la société allemande, la forçant à prendre en compte la souffrance d’une partie de sa jeunesse et à s’attaquer de front aux ravages de l’addiction aux drogues.
À la fin des années 1970, le magazine « Stern » publie chaque semaine le récit du quotidien de la jeune Christiane F., tombée dans la drogue et la prostitution. En 1979, les journalistes Kai Hermann et Horst Rieck publient un livre tiré de son témoignage. Effarée, la prospère Allemagne de l’Ouest découvre que des ados meurent dans ses centres-villes, ses gares et ses toilettes publiques, victimes de la spirale mortifère de l’héroïne.
Traduit en dix-huit langues, l’ouvrage devient un best-seller mondial – et l’est toujours, quatre décennies plus tard. La figure masculine du junkie, sale et dépenaillé, a pris le visage d’une jeune fille de la classe moyenne, qui habite une tour, va au collège et se prostitue l’après-midi pour s’acheter la came dont elle ne peut plus se passer.
https://www.youtube.com/watch?v=PYa-E2aJ99I
Onde de choc
En écho au mouvement punk, qui clame alors « No Future », ce que fait entendre la jeune Christiane F. – Felscherinow pour l’état civil –, c’est le mal-être de sa génération. L’onde de choc du livre, qui sera plusieurs fois porté à l’écran (« Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… » d’Uli Edel, entre autres) et à la scène, est si forte qu’elle ne laisse pas à l’Allemagne d’autre choix que de prendre la mesure du fléau. À partir des années 1980, pour lutter contre la consommation de stupéfiants, des unités de police sont mises sur pied, le Code pénal est modifié, les peines encourues sont durcies et les prisons se remplissent de toxicomanes. Mais des groupes de parole de parents se montent aussi : comment sauver less enfants, comment s’entraider ? Des moyens dédiés aux soins sont institués, des salles de consommation à risques réduits, ouvertes… Pour décrypter ces lignes que l’histoire tragique de Christiane F. a fait bouger, Claire Laborey nourrit son film de riches archives et donne la parole à des lecteurs et témoins de l’époque ainsi qu’à des thérapeutes, éducateurs et travailleurs sociaux, à des observateurs de l’évolution sociétale (sociologue, historien, metteur en scène…) ainsi qu’au journaliste de « Stern » Kai Hermann, sans lequel nul n’aurait rien su de la descente aux enfers d’une ado inconnue, devenue grâce à son livre une figure médiatique.
Crédit photo : DR
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Une réponse à “Allemagne. Une génération perdue. Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée…”
il faut bien que les gens des quartchiers défavorisés puissent vivre, le RSA n’est pas suffisant!
quant aux petits blancs des beaux quartiers, ils achètent de la drogue pour les soutenir, monsieur darmanin est fier des résultats qu’apoline n’a pas révélé !