Franck Louvrier (LR) reprend du service. On le sait maire de La Baule, vice-président du conseil régional des Pays de la Loire chargé du tourisme, président du comité régional du tourisme, président de la fédération de Loire-Atlantique de LR, mais il faut croire que ces différentes casquettes ne suffisaient pas à l’occuper puisqu’il appartient également au cercle des quatorze conseillers politiques de Valérie Pécresse. Son travail consiste à fournir à la candidate de la droite des commentaires et des éclairages ; il paraît qu’il suit aussi avec attention les réunions stratégiques. « Leurs échanges, le plus souvent par SMS, sont fréquents » (Le Figaro, jeudi 27 janvier 2022). Nul ne saurait contester le savoir-faire de l’ancien conseiller à la communication du président Sarkozy ; il connaît le métier.
Une Bauloise présidente de la République ?
C’est une « amie de longue date », « attachée à La Baule », précise Louvrier. Les époux Pécresse et leurs trois enfants séjournent régulièrement dans leur maison près du casino. « Elle qui est née le 14 juillet vient souvent fêter son anniversaire ici, s’amuse Franck Louvrier. Ce sont bien plus que des résidents secondaires. Ils ont leurs habitudes ici. Le marché, les balades à vélo. Ce serait formidable qu’on ait une Bauloise présidente de la République. » (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 6 décembre 2021). Dans ces conditions, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes…
Pourtant une question s’impose : Louvrier a-t-il fait le bon choix ? En effet Emmanuel Macron lui avait proposé de piloter la « cellule parlementaire » de l’Elysée (Chérie, j’ai rétréci la droite, de Nathalie Schuck et Olivier Beaumont, Robert Laffont, page 39). Le maire de La Baule a décliné l’offre et préféré rester chez les Républicains ; il travaille donc pour Pécresse sans qu’on sache s’il y a un « dédommagement » à la clé.
Que disent les sondages ?
Les sondages portant sur les intentions de vote montrent que la présidente de la région Ile-de-France est toujours devancée par le président de la République. Quelques exemples. Harris Interactive : 15 % pour la première et 24 % pour le second (Challenges, 27 janvier 2022). Ifop : 16 % pour la première et 25 % pour le second (Le Journal du dimanche, 6 février 2022). Ipsos : 16,5 % pour la première et 24 % pour le second (Aujourd’hui en France, dimanche 6 février 2022). Et dans l’hypothèse d’un duel Macron-Pécresse au second tour, elle est régulièrement battue : 53/47 (Ipsos, Aujourd’hui en France, dimanche 6 février 2022). « Ses propositions n’impriment pas, indique Jean-Daniel Lévy, directeur général délégué d’Harris Interactive. Et elle peine à s’extraire du tempo médiatique imposé par le tandem Zemmour-Le Pen » (Challenges, 27 janvier 2022). Mais rien n’est perdu puisque le « conseiller politique » Louvrier a une idée lumineuse : « Maintenant, ce qu’il va falloir mettre en œuvre, c’est la surprise, c’est-à-dire le piment de la campagne : marquer sa différence avec les autres et être là où l’on ne l’attend pas. » (Le Figaro, jeudi 27 janvier 2022).
Mais c’est plutôt Valérie Pécresse qui subit la « surprise ». D’abord une méchante affaire de collaborateurs à la région Ile-de-France – l’enquête est en cours, sous la houlette du procureur de Paris. Ensuite des « dissimulations » de son portefeuille d’actions dans sa déclaration d’intérêts à la HATVP (Haute autorité pour la transparence de la vie publique), ainsi que dans celle remise à la Région puisqu’elle a fait adopter une « charte pour une nouvelle éthique politique en Ile-de-France » (Libération, mardi 25 janvier 2022).
Des villas à La Baule
La « petite » fortune de Valérie Pécresse connaît des prolongements en Bretagne. En effet, avec son mari, Jérôme Pécresse, patron de la branche énergies renouvelables de General Electric (rémunération comprise ente 1,5 et 2 millions d’euros annuels), elle est propriétaire de deux villas à La Baule. Le 11 octobre 2003, le couple achète une première maison sur le front de mer (1 million d’euros payé cash). En mai 2014, M. et Mme Pécresse achète la villa mitoyenne (1,995 million d’euros, dont 1 million issu d’un prêt bancaire). En Ile-de-France, leurs affaires se portent également bien. En septembre 2017, le couple achète une demeure près du château de Versailles (Prix : 2 millions d’euros, dont 1 million provenant d’un prêt).
Une information pratique pour les électeurs de droite : ils peuvent loger dans l’une des deux villas de La Baule qui est proposée à la location par l’intermédiaire de Airbnb. Les tarifs restent raisonnables : de 85 euros à 100 euros pour une nuit en chambre, studio ou duplex. En effet quatre logements sont disponibles dans cette maison. Valérie Pécresse vend bien sa marchandise : la villa est l’une « des plus belles demeures de la baie de La Baule, idéalement située dans le quartier le plus prisé de La Baule. » Conclusion de la candidate à l’élection présidentielle : « Nous sommes une grande famille et venons partager de bons moments dans la baie depuis plusieurs générations ! Nous vous attendons donc avec impatience ! » (Presse Océan, mardi 28 décembre 2021).
C’est pourquoi « la prochaine publication de son patrimoine – une obligation pour tous les candidats à la présidentielle – tracasse Valérie Pécresse et son état-major. Deux réunions ont été spécialement consacrées à ce douloureux problème (…) La prétendante à l’Elysée voudrait éviter d’être assignée à la place inconfortable de candidate la plus riche de la présidentielle. Au vu de la coquette liste des biens acquis avec son mari, Jérôme Pécresse, c’est plutôt mal barré. » (Le Canard enchaîné, 2 février 2022). On compte sur le « conseiller politique » Louvrier pour trouver la solution. Avoir travaillé aux côtés de Nicolas Sarkozy donne forcément des idées dès qu’il est question d’argent.
Bernard Morvan
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6 réponses à “Valérie Pécresse, la candidate la plus riche à l’élection présidentielle”
Toutes choses égales d’ailleurs, il paraît plutôt bon qu’une candidate à la présidence de la République soit l’épouse d’un patron d’entreprise industrielle qui fonctionne bien. Elle peut compter sur une connaissance de première main de l’économie. Parmi les candidats, quels autres peuvent en dire autant ? Le problème, avec elle, serait plutôt qu’elle connaît mieux la vie à La Baule et à Vesaille qu’à Sarcelles ou à Roubaix.
et alors ?
Les Le Pen sont-ils pauvres ?
La question est de savoir surtout si elle a correctement rédigé sa déclaration de patrimoine pour être candidate et si la justice ne lui a pas reproché de corruption (que l’on pense à ce qui est arrivé à M. Fillon, quoiqu’il en dise).
M. Pécresse, ex grand directeur d’Alstom et maintenant grand directeur de GE, a bien participé, avec un certain Emmanuel Macron, à la cession de la branche énergie d’Alstom à General Electric (donc de notre savoir faire nucléaire civil et militaire).
Les commissions pour ces deux personnages ont été très très confortables paraît-il.
Macron/Pécresse = bonnet blanc et blanc bonnet dirait Jacques Duclos
et bien, il reviendra à la justice de trancher tous ces conflits d’intérêts. Qu’elle ne tarde pas et qu’elle ne se fasse pas instrumentaliser (comme avec M. Fillon, mais il n’est pas innocent, on le sait déjà) et si la justice ne le fait pas, il reviendra à des journalistes d’enquêter, et là, on peut trouver, pas forcément dans notre pays (surtout si ces personnalités font du « commerce international »).
Mais je le répète, être riche, ce n’est pas une tache.
et si l’on disait que les Le Pen étaient riches : beaucoup de lecteurs à Breizh Info seraient indignés, mais de toute façon on ne saurait associer la richesse à la corruption d’entrée de jeu en politique. Dans la vraie vie aussi.
Puisque vous citez, Rendu et M. Gelot, des faits répréhensibles reprochés à Mme Pécresse, alors dans ce cas qu’un article de Breizh Info s’en empare !
Jérôme Pecresse patron de la branche Eolien Alstom Renouvelabes. Alors qu’elle était ministre, Valérie Pecresse a grandement favorisé l’implantation de machines à Fric en Bretagne (au détriment des pêcheurs) et ailleurs. Conflit d’intérêts ? Ne soyons pas mauvaise langue même si les éoliennes ont proliféré sous son ministère.
Comme Macron qui veut implanter 30 parcs éoliens en mer (pour brosser le poil des écolos), Pecresse ne s’en privera pas et inondera la France de ces totems inutiles et ruineux.
Macron ou Pecresse même vision d’affairistes égocentriques et intérêts identiques.
Ces gens-là, au placard !
la politique paye donc bien, les grands patrons d’entreprises savent aussi se gaver quand ils n’augmentent pas les salaires et que la redistribution des bénéfice ne concerne jamais les travailleurs qui pourtant les font prospérer