Napoléon, un empire littéraire au menu du nouveau numéro de la revue Livr’arbitres.
En voici ci-dessous le sommaire ainsi que l’édito, signé Patrick Wagner :
2021 s’efface. Une année où tous nos pires cauchemars se sont réali-sés, un exploit désormais reproduit chaque année. Nous évoquions, sans trop nous attarder, dans nos derniers éditoriaux, des phénomènes inquiétants faisant rage outre-Atlantique (« wokisme », indigénisme et autre théorie de la « déconstruction »…). Nous savions qu’ils finiraient par venir s’échouer sur nos côtes et qu’il y aurait des idiots utiles pour nous les imposer. Le Staatsballett de Berlin ne vient-il pas de retirer de sa programmation de Noël le célèbre ballet Casse-noisette de Tchaïkovski ? La raison alléguée : le « racisme » de sa danse chinoise et de sa danse orientale. Chez nous, le vocable « iel » fait désormais son entrée dans le dictionnaire Robert ! Comme l’écrit l’académicien Jean-Marie Rouart : « On aurait tort de prendre à la légère ces entorses folkloriques faites à notre langue, elles sont les symptômes d’un mal profond. Ce qui est en cause à travers ce pronom et toute la doctrine sectaire qu’il véhicule, ce n’est rien moins que la déconstruction de notre civilisation.
En détricotant maille après maille notre langue, on veut en expurger l’esprit et donc la réduire à une bouillie informe et illisible. […] L’invasion du mouvement “woke” par le biais de “iel” et de l’écriture inclusive risque de porter un coup fatal à notre langue et plus largement à notre nation. Nous allons assister à de nouvelles querelles de chapelle, à des guerres religieuses, à des oppositions théologiques qui vont accroître nos divisions […]. »Les bases de notre civilisation sont donc à nouveau mises à mal et personne, ou presque, ne semble s’en soucier, si ce n’est un petit îlot de résistance comme notre beau pays sait en produire mais, malheureusement, souvent vainement, face à l’esprit grégaire de nos contem-porains. L’Éducation nationale n’y est pas pour rien, le Mammouth s’enlisant toujours un peu plus sous les réformes de droite et de gauche. Il fallait « démocratiser », « rendre acces-sible », bref, en un mot comme en cent, il nous faudrait renoncer à l’effort et à l’excellence pour la médiocrité en général. Entre tag et rap, cahin-caha, nous irions chantant en chœur vers un universalisme décomplexé, des identités « fluides »…
Haro donc sur nos chères petites têtes blondes, sur le latin et le grec, reliquats d’une vieille Europe amenée à s’effacer devant les joies du village planétaire, entre franglais et idiome du Maghreb !Après la langue, ce sera au tour de notre mémoire collective ! Celle de nos grands hommes dont la patrie n’est plus trop reconnaissante : Voltaire finira par rejoindre définitivement Col-bert, Napoléon est passé à deux doigts de voir ses cendres dispersées au vent mauvais, gageons que de Gaulle le rejoindra dans une décennie ! Ajoutez à cela les ravages des écrans (télévisions, portables, tablettes…), une société avan-çant masquée quand elle n’est pas voilée, des Français qui ne s’aiment plus.Le glas sonne, mais pour qui ? Déjà pour 30 % des moins de vingt-quatre ans à qui il est arrivé de penser au suicide…
Patrick Wagner
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