La Révolte des confins. Trois questions à Paul-Henri Jaulin

Paul-Henri Jaulin vient de faire éditer son cinquième ouvrage, après notamment Les voix de Légende et Les mots de la tribu. La révolte des confins évoque l’évolution de notre société, à travers une fiction très intéressante, résumée ici :

Gildas Mabonagrain consumait jusqu’alors sa jeunesse dans le désenchantement d’une société post-moderne à bout de souffle. Une société qui soudainement touche à son déclin, alors que la crise économique frappe la république de Galatie et que les déchirures du tissu social ne peuvent plus être occultées. Pour le jeune fonctionnaire, ce basculement du monde devient l’enjeu d’un ressaut vital : engagé comme sentinelle aux confins maritimes de sa province, Gildas devient le spectateur, voire malgré lui l’acteur, d’une restauration communautaire dans l’arrière-pays de marais et de tourbières où il se trouve affecté, tandis que le monde extérieur peu à peu s’érode et s’éboule. Son désir de repli dans le confort des songeries se trouve alors sans cesse piétiné par la marche forcée de l’Histoire.
Entre ruralité et métropole, ordre et anarchie, politique et poésie, temps et durée, l’univers du jeune homme est soudainement traversé par des forces en tension. Son destin lui échappe et se trouve inexorablement confondu avec celui d’un peuple entier, le plongeant au cœur du théâtre politicien. Un nœud inextricable se noue, qui menace de n’avoir d’autre voie pour purger les maux du moment, que celle du sang.

Pour évoquer l’ouvrage,  nous avons posé trois questions à son auteur (livre à commander ici)

Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Paul-Henri Jaulin : J’enseigne le français en Loire-Atlantique, département duquel je suis originaire et où j’ai effectué mes classes préparatoires. J’ai ensuite décroché une licence de philosophie et un master de lettres modernes en Sorbonne, consacré à la matière de Bretagne (littérature médiévale), et suis revenu après l’obtention du concours de l’éducation nationale. La Révolte des Confins est mon cinquième ouvrage.

Breizh-info.com : Votre livre, au-delà de l’histoire, est un plaidoyer contre le monde moderne, et surtout, pour la refondation. Expliquez-nous ?

Paul-Henri Jaulin : La modernité se conçoit avant tout comme un mouvement d’émancipation. Elle prétend constituer un processus qui libérerait l’homme de ses entraves charnelles et briserait les déterminismes supposés de sa condition : déterminismes géographiques, historiques, sociaux, familiaux… L’aboutissement de cette expérience démiurgique est une reconfiguration de l’homme en individu projeté hors de tous les repères anthropologiques qui asseyaient sa sécurité affective, symbolique et imaginaire. C’est l’épuisement de cette modernité qu’explore ce roman : alors que la société de consommation entre en crise, les invariants naturels reprennent leurs droits. Les individus désarmés redécouvrent les fondamentaux de leur existence. La terre, la communauté, voire une sorte de féodalité, redeviennent pour l’humanité des espaces habitables. Une fois le verni social et les présupposés contemporains balayés, les données archaïques, jusqu’alors refoulées avec dédain, refont soudain surface pour palier à l’anarchie menaçante. C’est en somme d’une leçon d’humilité dont il et question dans ce récit.

Breizh-info.com : Pourquoi avoir choisi la fiction pour faire passer votre message ?

Paul-Henri Jaulin : L’intérêt de la fiction réside dans sa capacité à projeter un monde alternatif qui interroge le nôtre. Ce roman ne prétend pas constituer un récit réaliste. Il correspond plutôt à une prolongation possible de la réalité. Là réside tout l’intérêt de la littérature : si notre réalité de référence nous échappe dans le flux du quotidien, l’objet de fiction la reconfigure, la rend lisible. La fiction élabore un monde que vient habiter le lecteur en y insufflant par l’imagination une signification particulière : en quittant l’univers fictif, la réalité même n’en sera pour lui que plus appréhensible. C’est la magie de l’écriture, et de la lecture.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
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