Une grande étude épidémiologique française sur la myopie a été lancée depuis 2016 via un partenariat entre KRYS GROUP et le CHU de Poitiers .
Dirigée par le Pr Nicolas Leveziel, elle reste à ce jour l’étude la plus importante qui ait été menée sur le sujet. Elle a permis d’analyser les données anonymisées collectées auprès de 696 magasins Krys, soit environ 5 millions de porteurs.
En mars 2021, une première communication au sein du British Journal of Ophthalmology, référence scientifique internationale dans le domaine de l’ophtalmologie, en présentait les premiers enseignements et indiquait notamment que l’âge est le facteur déterminant dans la progression de la myopie chez l’enfant. Neuf mois plus tard, une deuxième publication paraît toujours dans la même revue, pour en présenter les nouveaux résultats.
Les nouveaux résultats démontrent que la myopie continue de progresser également chez l’adolescent et le jeune adulte. L’étude confirme en particulier que plus le degré de myopie est élevé chez les plus jeunes, plus le risque de développer une myopie forte au cours des 5 années suivantes est important. Prendre en charge la myopie de manière précoce et proposer des solutions de freination au-delà de l’adolescence sont donc des enjeux de santé publique forts.
Comprendre la myopie pour mieux la prendre en charge
Si les courbes actuelles de l’incidence de la myopie ne s’infléchissent pas, près de la moitié de la population mondiale souffrira de myopie en 2050 (contre 23% en 2000) !
Publiés en mars 2021, les premiers résultats de l’étude démontraient que l’âge du diagnostic de la myopie est le facteur déterminant dans la progression de la myopie chez l’enfant : près de 25% des enfants ont connu une progression de leur myopie entre la 1re et la 2e année de suivi. Le taux de progression le plus élevé a été observé chez les 7-12 ans, avec 33% de progresseurs chez les 7-9 ans et 29% chez les 10-12 ans. L’étude révélait par ailleurs, de manière inédite, que les enfants les plus myopes avaient 58% de risque de développer une myopie forte au cours du suivi, contre moins de 5 % chez les enfants moins myopes.
Pour aller plus loin dans sa compréhension de ce trouble visuel et de son évolution, l’étude s’est cette fois davantage concentrée sur la progression de la myopie durant l’adolescence et chez les jeunes adultes.
De l’importance de mettre en place des solutions de freination de la myopie chez les adolescents mais aussi chez les jeunes adultes
Les données collectées entre 2013 et 2019 de 630 487 adolescents et adultes myopes, dont 167 204 individus appartenant à la tranche d’âge 14-29 ans, ont été analysées par le Professeur Leveziel et ses équipes. Ils ont pu évaluer la progression de la myopie au fil du temps et tirer d’importantes informations sur son processus d’évolution et sur l’importance du degré de myopie à la première prescription.
Les nouveaux résultats de l’étude font apparaître que la myopie continue de progresser chez l’adolescent mais aussi chez le jeune adulte.
Ainsi, on observe une progression de la myopie chez 18% des 14-15 ans et chez près de 14% des 16-19 ans. Il est également important de noter que cette progression est en moyenne plus importante chez les femmes que chez les hommes.
Autre enseignement inédit : le risque sur 5 ans de développer une myopie forte est de 76% pour les individus les plus myopes de la classe d’âges 14-16 ans et de 58% pour ceux du groupe d’âges 19-23 ans. Si l’on considère les individus les plus myopes, on remarque donc que le risque d’évolution vers une myopie forte est tout aussi élevé chez les jeunes adultes que chez les enfants de 4-17 ans.
En conclusion, les résultats de l’étude confirment l’importance de prendre en charge la myopie le plus tôt possible pour ne pas la laisser s’installer et progresser, mais également de mettre en œuvre des solutions de freination au-delà de l’adolescence, c’est-à-dire chez le jeune adulte.
Ces prises en charge sont rendues possibles par différentes approches optiques ou pharmacologiques.
Focus sur les moyens de freination de la myopie
Le rôle des opticiens est central, tant en matière de sensibilisation et de dépistage, que de prise en charge de la myopie dès le plus jeune âge. Si rien ne permet de stopper définitivement l’évolution de la myopie, les opticiens disposent de solutions qui, si elles sont appliquées suffisamment tôt, peuvent freiner très significativement sa progression, et ainsi non seulement éviter des corrections trop importantes mais aussi diminuer le risque de complications.
En matière d’équipement optique, plusieurs moyens de contrôle de l’évolution de la myopie existent :
- l’orthokératologie, a désormais prouvé des effets significatifs grâce à des lentilles à géométrie « reverse » de type tétracourbe, qui remodèlent la cornée en une forme de plateau. De nombreux travaux comparant l’orthokératologie au port de lunettes ou à des lentilles souples montrent des résultats probants sur la freination de la myopie.
- l’atropine 0.01% en collyre donne des résultats significatifs en permettant de réduire de 50 % la progression de la myopie. En France, l’atropine est disponible uniquement en préparation pharmaceutique hospitalière.
La technologie également contribue fortement à la mise au point de nouveaux dispositifs de contrôle de la myopie :
- les lentilles MiSight® 1 day de COOPERVISION qui sont composées de zones optiques dont une zone de correction et une zone de traitement qui crée la défocalisation myopique. Selon une étude, ces lentilles permettent de freiner à la fois la progression de la myopie et l’élongation de l’œil de plus de 50% en 3 ans.
- le verre HOYA MiYOSMART Vision, premier verre de freination de la myopie par technologie DIMS. Commercialisé par Krys depuis fin 2020, ce verre correcteur a la face avant composée de centaines de petits segments en forme de « nid d’abeille », invisibles à l’œil nu. Cette géométrie spécifique assure alors une défocalisation myopique qui permet de ramener les images périphériques en avant de la rétine. Une étude menée en Asie pendant 2 ans a montré que le verre MiYOSMART freine la progression de la myopie d’en moyenne 59% et ralentit l’allongement axial de l’œil de 60%.
- Le verre Stellest développé par Essilor international. Ce verre a démontré un effet freinateur marqué avec 67% de réduction de la progression de la myopie à 1 an dans une étude publiée dans le British Journal of Ophthalmology en 2021.
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4 réponses à “Ophtalmologie. Près de la moitié de la population mondiale atteinte de myopie en 2050 ?”
Au sens propre, médical, peut-être, mais au sens figuré le pourcentage s’élève déjà à 85% au moins, en étant généreux!
Super article, Il faut mettre en place des solutions de freination de la myopie chez les jeunes car tout le monde utilise la technologie moderne ce qui influence aux yeux.
Ce texte ne dit rien sur les causes de ce désastre. Un manque de vigilance dans les premiers jours de la vie a peut-être une influence directe. J’ai constaté que des nouveaux nés ou très jeunes enfants sont quelquefois allongés sur le dos dans un berceau et regardent le plafond avec des lumières électriques alors qu’ils n’ont pas encore le réflexe de fermer les paupières lorsqu’ils sont éblouis. Et aussi des mères qui portent leur enfant sur leur poitrine, la figure en avant pour qu’il puisse voir le paysage et malheureusement aussi le soleil dans certaines situations. Même remarque lorsque l’enfant est dans une poussette avec le soleil en face de sa figure. Le soleil direct est l’ennemi des yeux et cela a obligatoirement des conséquences néfastes. Des informations de préventions devraient être faites à ce sujet. Même lorsque des nuages obscurcissent le ciel, les rayons ultra-violets invisibles traversent ces nuages et détériorent les yeux. Pour le plus grand bénéfice des ophtalmos, des fabricants de lunettes et des oculistes !!
L’utilisation abusive d’écrans en tout genre n’est-elle pas une cause de la myopie?