Entretien avec Eric Le Clanche, auteur du livre « De la Porte de la Chapelle à l’Indochine »

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’historique de la 33ème W-SS Charlemagne n’est pas figé suite aux écrits de Saint-Loup et Mabire. L’épique aventure des hommes qui en furent les soldats en fait le substrat de révélations, bien des points ne sont toujours pas éclaircis, le plus emblématique étant l’exécution des 12 SS Français à Bad Reichenhall le 8 mai 1945 par la 2ème D.B.

Dans l’ouvrage « De la Porte de la Chapelle à l’Indochine », signé Eric Le Clanche, les lecteurs sont invités à suivre l’itinéraire rempli de volonté politique, d’engagement et de souffrance, d’un jeune homme de France d’avril 1944 jusqu’à 1951 sa fin de parcours en Indochine dans le Bataillon d’Infanterie Légère d’Outre-Mer.

Eric Le Clanche au travers de recherches, de nombreux témoignages et d’un travail intense sur les organigrammes de la Division Charlemagne révélant notamment avec des biographies précises, nous invite à rejoindre en lecture, ces combattants Français antibolcheviques.

Nous l’avons interrogé pour découvrir un peu plus cet ouvrage, que vous pouvez commander en adressant votre chèque à :

FESTUNG Editions
8 Les Rets
86700 VOULON

Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Eric Le Clanche : J’ai 57 ans je suis issu d’une famille Bretonne et Charentaise, de longues années de travail dans l’automobile, les produits du bâtiment et dans les télécoms. Mes ascendants Bretons sont originaires de Priziac et de Langonnet, Morbihan, mon grand-père était engagé en 40 au 39ème R.I à Rouen, mon autre grand-père Chasseur en 1940 au 501ème R.C.C de Tours, j’ai toujours été passionné par l’histoire, matière dans laquelle j’avais bien souvent mes meilleures notes scolaires.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené à écrire « De la Porte de la Chapelle à l’Indochine ». Qu’est ce que votre ouvrage prétend apporter de nouveau par rapport aux innombrables témoignages sur cet aspect de la Seconde guerre mondiale notamment dont nous avons déjà connaissance ?

Eric Le Clanche : Depuis ma tendre jeunesse, j’ai toujours apprécié les témoignages des anciens, mon arrière grand-père dans le conflit de 14/18 est passé par l’armée d’Orient, la 30ème Division, ce qui fait que quand je regarde le film de Bertrand TAVERNIER Capitaine CONAN, adaptation du livre de Roger VERCEL, j’ai un regard affuté, rejoignant par la pellicule un peu de la jeunesse de mon aïeul. J’ai eu la chance de rencontrer Daniel qui lui aussi était un ancien combattant mais de la seconde guerre mondiale et, de plus, dans les rangs des vaincus par le bolchevisme et le capitalisme. Un homme de forte personnalité, lui aussi d’origine Bretonne, son père fut marin avant de s’installer en banlieue « rouge » de Paris. Daniel a toujours été très politisé, très informé, acteur de son temps à 100%.

Breizh-info.com : Pourriez vous résumer le parcours du jeune soldat dont vous décrivez l’engagement, jusqu’à la guerre d’Indochine ? Comment expliquer qu’à l’époque, des hommes qui avaient combattu, y compris face à face, se retrouvent, finalement, côte à côte sur d’autres théâtres d’opérations ?

Eric Le Clanche : Son parcours commença dans la Franc-Garde de la Milice en 1944, pour se poursuivre suite au retrait de France de cette formation à Ulm, Allemagne avec un transfert à la 33ème W-SS Division CHARLEMAGNE, les combats de Poméranie, la captivité chez les bolcheviques, le retour en France, les geôles gaullo-communistes, les prisons et camps de la période dite d’épuration, puis pour ce jeune homme de 24 ans une lumière d’espoir, avec l’engagement au B.I.L.O.M, Corps Expéditionnaire d’Extrême-Orient, en fait la « perle des colonies » l’Indochine … Cette guerre d’Indochine eut ce pouvoir de faire naître de nouvelles fraternités, camaraderies dans un combat qui était nouveau pour ceux venus des F.F.I où F.F.L où de tous jeunes hommes qui, pour échapper à une misère sociale où par désillusions des promesses non tenues à la « libération », signèrent un engagement pour l’Indochine, le Vietminh eut cette particularité de souder ces hommes venus d’horizons différents ! Il est clair cependant, que les anciens F.T.P, communistes convaincus, n’étaient pas Légion et que de 1946 à 1950, ils suivaient le déserteur de 1940, THOREZ dans des actions de grèves où suivirent DUCLOS sur sa demande de fraternisation avec le Vietminh !

Breizh-info.com : Votre livre ne lève toutefois pas totalement le mystère sur l’exécution de 12 soldats SS Français à Bad Reichenhall. Est-il si difficile que cela d’avoir le fin mot de l’histoire ? Petit rappel historique pour les lecteurs ?

Eric Le Clanche : Je n’ai pas indiqué dans cet ouvrage de « révélations » sur l’affaire de Bad Reichenhall, l’exécution de 12 soldats Français sous uniforme Allemand, fusillés par la 2ème D.B avec l’assentiment, pour ne pas dire l’ordre d’exécution donné par le général LECLERC, en dehors de toutes lois en vigueur concernant les prisonniers de guerre. En 2022 nous sommes toujours à 5 hommes identifiés sur 12, j’ai dans mes archives quelques dossiers de soldats de la Division CHARLEMAGNE, jamais retrouvés, qui pourraient correspondre, cependant ceux tombés en embuscade dans la plaine de Belgard furent nombreux et loin d’être là aussi, tous identifiés. J’ai cité quelques noms possibles, sans certitude. Jacques BOUZEREAU est l’un des cas qui m’interpelle, il a totalement disparu dans cette région de l’exécution ! Sa famille n’entendit plus jamais parler de lui, cependant certaines familles ne connurent jamais l’engagement de leur proche parent et n’ont jamais visualisés les clichés de nos compatriotes pris avant leur exécution.

Le temps fait son œuvre, dans les familles des 7 « inconnus », il est possible qu’en rupture de liens, certaines familles aient passé cette mort sous silence, 1945-1946, ne furent pas des années où les proches des « maudits » se devaient de revendiquer quoi que ce soit, il y a là, je pense, l’une des explications. Les dossiers judiciaires des soldats de cette Division ne comportent que peu où pas de photographies, cela diminue encore les chances d’identifications.

Breizh-info.com : Comment expliquez-vous le succès toujours rencontré par les ouvrages qui évoquent la Seconde guerre mondiale, alors que quasiment tout a été dit sur celle-ci, et que finalement, notre monde de 2021 n’a plus grand chose à voir avec le monde tel qu’il était en 1939 ou 1945 ? N’est-ce pas là une fascination pas totalement saine ? 

Eric Le Clanche : Répondre à votre question mériterait beaucoup plus que quelques lignes, voici ma vision, la guerre de 1914/1918 fut une guerre civile européenne, à une période où les têtes couronnées où pas, avaient toutes où presque, un cousinage à partager, cependant le pire arriva. 1939/1945 est né de cette première guerre mondiale, les vaincus de 1918, les Allemands, le furent en majeure partie par un renoncement de leurs élites ! Les troubles qui secouèrent l’Allemagne dans les années qui suivirent furent extrêmement importants et violents, toutes les factions s’affrontaient, Dominique VENNER et son livre « Baltikum » en donne toute l’intensité de l’époque. L’homme politique Adolf HITLER et ses premiers camarades, surent peu à peu fédérer autour d’eux dans une incroyable symbiose, tous ces hommes, ou presque, qui avaient connus 1914/1918 et l’humiliation de 1919, les semences sont là, la suite est l’histoire que nous connaissons ! Cette époque est loin, mais de par son intensité du fait de la guerre, mais aussi des courants politiques qui se sont révélés où exprimés, nous laisse un travail énorme de compréhension, d’analyses, de recherches mais aussi d’hommage à ceux qui ont combattu pour un idéal qui bon où mauvais selon les opinions, méritent le respect dû au Soldat engagé dans une armée régulière. Chacun le sait, l’histoire est écrite par les vainqueurs, il est un devoir d’histoire et de mémoire que de consacrer des recherches et des études sur ce sujet ! L’histoire n’est ni blanche ni noire, elle est grise, ce gris est un brouillard marécageux, pas un mur de verre !

Il n’y a pas de fascination malsaine, il y a un passé dans notre rétroviseur, un présent et un futur, l’homme avance ainsi, je plains ceux qui ne vivent que dans le présent, dans l’ignorance !

Breizh-info.com : Travaillez-vous sur d’autres projets actuellement ?

Eric Le Clanche : Oui je travaille, du moins je continue mon travail sur ce sujet, j’espère une future édition pour l’été 2022, travail axé sur la Légion des Volontaires Français sur le bolchevisme, travail qui sera présenté sous un angle totalement novateur.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR

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