Eclairer la Bretagne : Sans indépendance énergétique, pas d’autonomie économique !

Comment parler d’autonomie, de souveraineté de la Bretagne sans parler d’indépendance énergétique ? Il ne peut y avoir, en Bretagne, développement économique sans approvisionnement énergétique adéquat. La Bretagne peut utiliser de nombreuses sources d’énergie, des sources « indigènes » comme le vent (éoliennes), la houle (capteurs)… ou encore le soleil, la biomasse (par le biais de fermentations contrôlées), la gazéification du charbon etc. Mais ces énergies dites « renouvelables » ne peuvent produire qu’une production discontinue d’énergie électrique. De telles énergies, par essence discontinue, ne peuvent être utilisées en base pour subvenir aux besoins constants du réseau breton.

Alors, comment parler d’indépendance énergétique pour la Bretagne sans évoquer le nucléaire ?

L’énergie nucléaire n’est-elle pas le meilleur rempart actuellement face aux émissions de gaz à effet de serre ? Aujourd’hui, avec l’urgence climatique, on peut à nouveau évoquer la place du nucléaire et tenter de convaincre que les énergies renouvelables (dont certaines sont contestables) ne suffiront pas. C’est une question d’ordres de grandeur.

Nous avons besoin de tous les outils, dont la sobriété fait partie, mais croire qu’il existe des solutions « propres » quasi-miraculeuses est faire fausse route. Il n’y a pas de moyens propres, sans danger, peu coûteux et durables d’obtenir de l’énergie. Il faut faire des compromis et pour cela définir des priorités dont la première est bel et bien la diminution des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre. Il faut travailler à évacuer les croyances irrationnelles et sensibiliser les Bretons à ces questions difficiles.

L’énergie nucléaire, pour faire simple, c’est la création de chaleur qui génère de la vapeur d’eau pour entraîner un alternateur, résultant du fait de casser des atomes d’uranium 235, ce que l’on appelle concrètement la fission. Cela provoque la perte de masse des atomes d’uranium donc la création d’énergie, donc de la chaleur pour chauffer l’eau. Aujourd’hui 10% de l’énergie mondiale vient du nucléaire ; pour l’Union européenne la part est de 25%.

Cette énergie est la plus écologique de toutes pour plusieurs raisons. En premier lieu, elle nécessite très peu de matière première en comparaison des centrales thermiques classiques. Ainsi 1 gramme d’uranium produit autant d’énergie que 2 tonnes de charbon. Cela permet d’économiser beaucoup de ressources et d’éviter de polluer autrement.

L’inconvénient majeur, il ne faudrait surtout pas le sous-estimer, reste la gestion du combustible usé de haute radioactivité. Pour le moment, ceux-ci doivent être enterrés pour les plus dangereux à plus de 300 mètres sous terre dans des couches géologiques stables ou être retraités en étant ré-enchéris. Ceux non-recyclables sont divisés en deux parties : 90% des déchets nucléaires actuels sont dits à « durée de vie courte », ils perdent ainsi la moitié de leur radioactivité en 30 ans seulement. Les autres sont transformés en blocs de verre inaltérables prêts pour enfouissement.

Contrairement aux centrales thermiques où les résidus viennent se stocker dans vos poumons, le but d’entreposer ces déchets s’inscrit dans l’attente de trouver une solution pour soit les réutiliser soit les détruire définitivement sans risque.

Quant à l’argument souvent utilisé par les « anti-nucléaire » pour fermer les centrales, leur référence au tristement célèbre réacteur n°4 de la RSS d’Ukraine et de la catastrophe engendrée par l’explosion du réacteur RBMK de la centrale de Tchernobyl en 1986, cet argument est fallacieux : la centrale en question a accumulé les défauts de conception comme l’absence de structure de confinement pour limiter les coûts de construction servant à un usage militaire couplé à l’usage civil pour produire du plutonium militaire. Les « écologistes » ont tout simplement relayé la propagande et les mensonges de la bureaucratie soviétique, unique responsable de cette malheureuse catastrophe.

Un futur nouveau

L’évolution technologique du nucléaire devrait donner naissance à des réacteurs plus propres et plus sûrs. Mais encore faudrait-il s’intéresser à ce qui nous semble une recherche de tout premier ordre et prometteuse : l’utilisation du Thorium 232. Un combustible alternatif, découvert à la fin du XIXe siècle, qui représenterait une piste sérieuse pour échapper aux dangers et à la pollution induits par l’utilisation du plutonium par

l’industrie atomique. Aujourd’hui, l’idée d’un recours à des combustibles nucléaires liquides et à des réacteurs à sels fondus (MSR) refait surface, défendue par le monde de la recherche et même par des écologistes combattant l’industrie nucléaire. Avec l’exploitation du Thorium 232, on peut penser que la surexploitation de l’énergie fossile aurait probablement cessé beaucoup plus tôt ainsi que les problèmes engendrés et bien connus d’enfouissement des matières fissiles.

Quels sont les avantages de cet « atome vert » ?

Le Thorium 232 est plus abondant que l’uranium, on peut l’utiliser à 100% contre quelques pourcents pour l’uranium, et il n’y a pas besoin de l’enrichir. Il est fertile et non fissile et les déchets sont nettement moins dangereux. Enfin, on ne peut pas produire d’armes nucléaires avec une centrale au thorium.

Si l’Europe semble regarder ailleurs… ce n’est pas le cas de la Chine qui s’intéresse de très près à ce nouvel « atome vert », nous, souverainistes bretons, sommes très attentifs à ce nouveau principe nucléaire à neutrons thermiques.

En conclusion, non seulement l’écologie et le nucléaire sont compatibles mais surtout ils sont complémentaires si l’on veut parvenir à une transition énergétique réussie en Bretagne. L’avenir, pour la Bretagne, est de remplacer la centrale à charbon et fuel de la Basse Loire à Cordemais en Loire Atlantique, la plus grosse centrale thermique d’Europe qui couvre régulièrement les besoins bretons. Soyons également très attentifs au projet « Celtic Interconnector » entre l’Irlande et la Bretagne, un projet encore flou et surtout très coûteux.

L’Alliance Souverainiste Bretonne ne fait pas mention du tout nucléaire. Elle souhaite juste le développement de toute technologie qui soit basse en carbone et respectueuse de l’environnement. Elle est en fait favorable à une énergie nucléaire qui serait sûre, peu chère et elle est prête à soutenir la pertinence de futures micro-centrales. Elle est, par contre, farouchement opposée aux gros projets comme les futurs EPR,

Une véritable pensée écologique ne peut prendre partie pour une technologie. De même elle ne peut pas non plus prendre partie contre une technologie. Le problème de l’écologie c’est que ce n’est pas une idée politique, mais une discipline scientifique

Michel Legueret, Lettre ouverte de L’Alliance Souverainiste Bretonne

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3 réponses à “Eclairer la Bretagne : Sans indépendance énergétique, pas d’autonomie économique !”

  1. luten arnoz dit :

    Un connaisseur…
    La gestion de résidus (déchet est impropre comme terme) devait se résoudre avec les programmes de recherche ITER et ASTRID mais nous avons des hommes politiques …
    Les résidus les plus radioactifs sont du plutonium et il y a pénurie de plutonium au niveau mondial à tel point que la NASA n’en trouve pas pour équiper ses satellites. Explorer II , la sonde interstellaire en avait 11kg à bord mais les exploitants des centrales nucléaires gardent le plutonium car c’est le carburant des centrales de demain. C’est pour cela que l’on ne cherche pas pour les inerter mais que l’on veut les stocker sous terre pour qu’ils soient réutilisables.
    Pour ce qui est de l’alimentation de la Bretagne (j’ai travaillé pendant 40 ans dans ce domaine), nous pouvons être optimiste car la Celtic Connection va bientôt voir le jour, câble sous-marin qui va relier l’Irlande à la Bretagne (750MW) et avec le démarrage de Flamanville, nous n’auront plus de problème. Les éoliennes en mer autour de la Bretagne ne serviront à rien sinon qu’à emmerder les pécheurs bretons.
    Pour les accidents qu’il y a eu dans le nucléaire, quand on connait les causes réelles… On tombe de sa chaise car on est loin des causes officielles. Et encore, il y a bien des accidents qui ne sont connus que des spécialistes.
    J’ai réalisé des dossiers pour ceux qui sont intéressés sur « La sortie du nucléaire possible ou pas « , sur les éoliennes,…
    Il suffit de m’envoyer votre @dresse mail
    A benn c’hentan

  2. luten arnoz dit :

    centrale nucléaire de faible puissance 300MW… Quand on parle de cela , c’est faire preuve d’une méconnaissance totale du problème.
    Depuis la création de EDF, la puissance des centrales de production n’a que croitre, dans les années 50 ont était à 300MW dans les années 70 ont est passé à 600 puis le dernier groupe de Cordemais à 1200MW, ceux d Civeaux à 1450Mw et l’EPR à 1600MW. Ce n’est pas par plaisir mais c’est une contrainte technique.
    Comme je le répète souvent dans ces lignes, au-delà de nos choix politiques, dans ce domaine ce sont les LOIS PHYSIQUES DE L’ELECTRICITE qui s’appliquent. Il me serait trop long ici de vous expliquer la stabilité du réseau, les impédances Amont et Aval, les courants inverses, les transitoires… Sachez simplement que quand un TVG passe à un endroit précis, il consomme dans ce tronçon près de 10MW, soit une ville de trois milles habitants… Les impacts sur le réseau sont considérables. Il faut pour cela avoir des groupes de très forte puissance pour répondre çà ces impacts. Il en est de même quand à 7 Heures du soir la population laborieuse rentre chez elle pour faire à manger… Les centrales de 300MW ne seraient que des bougies pour éclairer un stade de foot. Sur le plan technique cette proposition est une aberration.
    Maintenant sur le plan sureté et sécurité, en faisant une telle proposition, c’est ouvrir un créneau dans lequel s’engouffreront de gros investisseurs peu scrupuleux… Que votre groupe de production fasse 300MW ou 2 000MW vos contraintes de sureté devraient être les mêmes or si les investisseurs privé s’engagent c’est pour recevoir des dividendes même au détriment de la sureté, de la sécurité et de l’entretien : C’est le chemin le plus sûr pour arriver à l’accident. Quand les français ont repris le brevets PWR américain (Westinghouse) la première chose qu’ils ont faits c’est de renforcer sa sureté même s’il fallait y mettre le prix. Le réacteur de Tchernobyl n’était qu’un « petit » pétard de 1000MW qui a empoisonné l’Europe entière. Pour assurer la sureté et minimiser les risques il faut que le nucléaire reste dans le giron de l’état avec comme ambition c’elle qu’il avait au début : « En assurant la sécurité des personnes et des biens, produire de l’électricité de qualité au moindre coût… » Le prix ne venant qu’en fin de chaine contrairement au secteur privé.
    Le délire économique car une centrale nucléaire, ce n’est pas qu’un réacteur. Il y a tout ce qui se greffe autour. Ce que l’on appelle les « auxiliaires » . Si l’on prend le cout d’un EPR industriel pour 1600MW nous aurons un investissement de 10 milliards d’euros, par contre pour un réacteur de 300MW, en respectant les mêmes contraintes, nous auront un investissement de 4,5 Milliards d’euros… Soit un cout global de 24 milliards d’euros pour la même production qu’un EPR sans compter les couts d’entretien qui seront multiplier d’autant. Et au bout de la chaine c’est le consommateur qui paie la facture…
    Alors Ces groupes de trois cents mégawatts visent à berner les consommateurs pour favoriser les grosses sociétés comme Total et autres

  3. Alliance Souverainiste Bretonne dit :

    Bonjour luten arnoz

    L’alliance souverainiste Bretonne , auteur de ce texte est intéressé par vos études sur le nucléaire et les éoliennes .
    notre boite mail est [email protected]

    Cordialement

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