Le 17 décembre dernier, le conseil municipal de Nantes a voté à l’unanimité – y compris l’opposition de « droite » qui persiste à dire qu’elle est catholique – un vœu qui condamne l’empêchement d’un concert profanatoire par des fidèles catholiques le 7 décembre dernier devant Notre-Dame de Bon Port.
Bassem Asseh, premier adjoint de la Ville, a lu le vœu : « nous condamnons avec la plus grande fermeté ces actes intrinsèquement violents et réaffirmons notre plein et entier soutien aux équipes du Lieu unique et à l’ensemble des artistes et des équipes qui viennent les rencontrer. Ils seront toujours les bienvenus à Nantes. Depuis 2016, la création est devenue une liberté publique, au même titre que la liberté d’expression ou la liberté de la presse. Garantir l’accès aux spectacles ou aux expositions, c’est garantir l’état de droit. La République doit être intransigeante face à des actes aussi graves ».
La droite nantaise est allée à Canossa la queue basse, se limitant à une seule remarque, de Laurence Garnier, « si à Nantes la violence se limitait à des Ave Maria, ça se saurait ». Pour les 57 fusillades depuis le début de l’année, les dizaines de vols, cambriolages, effractions en tous genres, agressions enregistrés chaque jour, les viols, les 90 supermarchés de la drogue qui pourrissent le quotidien des habitants de la Métropole, bref, toute « l’animation délinquante », curieusement, la République est bien moins intransigeante, et la municipalité, indulgente ?
Pour rappel, le diocèse et le Lieu Unique avaient programmé dans une église une artiste organiste d’origine suédoise encensée par les amateurs de musique satanique : « Nous aurions dû fuir cette jeune fille exposée sur un fond rouge sang qui semble possédée, mais l’humain étant ce qu’il est, nous avons évidemment gouté ces arpèges tourmentés et avons inexorablement sombré dans la démence. Il faudra bien sûr faire quelques concessions avant d’accepter les tortures mentales de Dead Magic, mais une fois que nous serons habitués aux ténèbres nous ne pourrons alors que vénérer les harmonies sataniques de la grande prêtresse Anna von Hausswolff » (source).
Suite à l’action des fidèles à Nantes, il a été rapidement annulé dans l’église parisienne où il devait se tenir le 9 décembre, l’artiste finissant finalement par se présenter dans un temple protestant. Néanmoins, la lecture attentive de la loi de 1905 – qui réserve les églises à une activité cultuelle, sous peine d’être désaffectées, mais aussi du document romain de 1987 et du texte de la CEF de 1988 sur l’expression culturelle dans les églises auraient du empêcher que ce genre de musique soit autorisé dans une église par l’affectataire, que cela soit à Nantes ou à Paris.
Le document romain précise en effet : « il n’est pas légitime de programmer dans une église l’exécution d’une musique qui n’est pas d’inspiration religieuse et qui a été composée pour être exécutée dans des contextes profanes précis, qu’elle soit classique ou contemporaine, d’un haut niveau ou populaire : cela ne respecterait ni le caractère sacré de l’église ni l’œuvre musicale elle-même, qui serait exécutée dans un contexte qui ne lui est pas naturel ». On ne saurait être plus clair.
Le Lieu inique porte plainte… contre qui au juste ?
Enhardis par la soumission absolue des autorités religieuses, mais aussi de ce qui est censé être « l’opposition » au culturellement correct, le Lieu Unique, qui pourrait changer une lettre dans son nom, structure largement subventionnée par le contribuable nantais, souhaite porter plainte, affirment Les Jours.
« Ce sera une plainte du Lieu unique en tant qu’organisateur de ce concert empêché par des intégristes catholiques bien organisés. Elle sera nourrie par les témoignages des spectateurs et, très probablement, sur la base de l’article 431-1 du Code pénal, qui punit « le fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de menaces, l’exercice de la liberté de création artistique ou de la liberté de la diffusion de la création artistique ».
Cependant, la manifestation des fidèles catholiques était spontanée, et loin d’être coordonnée. Qui verra-t-on se faire accuser ? Des manifestants pris au hasard, jetés en pâture pour leurs convictions politiques ou spirituelles ? Des curés, parce qu’ils étaient en soutane ? La Vierge Marie, puisque les manifestants chantaient des Ave Maria ?
Monseigneur Percerou, le très contesté évêque de Nantes – aura eu le discutable privilège d’avoir autorisé un concert dont une partie du public a essayé de faire irruption par la force dans une église, en vociférant « à mort les curés » et des insultes diverses, notamment homophobes. Désormais, c’est le bon sens des fidèles qui est mis en accusation, et leur détermination à maintenir, contre l’autorité inique, qu’une église est un espace sacré – ce qui semble évident lorsqu’on parle d’une synagogue, d’un temple bouddhiste ou d’une mosquée.
Peu après la manifestation, un des fidèles qui y avait participé écrivait à l’évêque : « ce genre d’action équivaut à une mort sociale : on a filmé nos visages, on nous a pris en photo, ces photos vont tourner sur les réseaux sociaux et les groupes d’extrême gauche. Nous serons fichés, traqués, proscrits, chassés de nos rues et attaqués dans le dos comme à l’habitude de ces soi-disant «antifas».
Comprenez le courage qu’il nous a fallu pour nous opposer publiquement à cette offense. Nous sommes les méchants dans l’histoire. Les médias et réseaux sociaux sont contre nous, et ceux qui nous ont violentés passent pour les victimes. L’extrême gauche anticléricale occupe déjà nos rues, elle ne peut occuper nos églises : elles sont tout ce qu’il nous reste. Notre seul espoir et notre seule consolation est d’avoir Dieu avec nous. Et même si nous vous avons désobéi en agissant, nous l’avons fait, Monseigneur, avec l’intime conviction que cela était juste ».
Louis Moulin
Photo : DR
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Une réponse à “Nantes. Concert d’Anna von Hausswolff : le conseil municipal et le Lieu unique en guerre contre le bon sens”
ce monsignor est bien dans la ligne du pape actuel, islamophilie, satanisme acceptés mais traditionalistes latinistes et aimant la musique grégorienne, refusés