C’est un véritable « décembre noir » pour la pêche bretonne qui se trouve au cœur d’un conflit opposant la France au Royaume-Uni sur les licences de pêche.
A la fin 2020, le 24 décembre plus précisément, et après d’intenses négociations, un accord était trouvé entre l’Union Européenne et le Royaume Uni. Les pêcheurs étaient autorisés à pêcher dans les zones des 3 à 12 miles marins autour de Jersey et des 6 à 12 milles au large de Guernesey et cela jusqu’au 31 décembre 2021. Cet accord post-Brexit précisait également que la France avait jusqu’au 1er juin 2026 pour aboutir progressivement à une diminution de 25% de ses quotas de pêche dans ces eaux britanniques.
Avec l’avènement du Brexit, qu’est devenu le « Traité de la Baie de Granville », traité, signé en juillet 2000 qui régissait les droits de pêche et posait les bases de la cohabitation dans ces zones entre les pêcheurs de l’île de Jersey par exemple et les pêcheurs bretons plus particulièrement ? La réponse est rapidement tombée : le gouvernement de Jersey annonce qu’il lui appartient désormais de réguler seul les autorisations de la pêche dans ses eaux. Le Traité devient caduc et abrogé sans préavis !
Le Royaume-Uni veut ainsi retrouver le contrôle de son domaine côtier, sa zone économique exclusive qu’elle partageait avec la France et les Européens. Les pêcheurs britanniques retrouvent donc leur pleine souveraineté sur cette zone.
Face à ce litige, la Commission européenne, suite à un entretien entre le commissaire Virginijus Sinkevicius et le ministre britannique George Eustice, exige des autorités britanniques que le contentieux sur les licences de pêche soit réglé pour le 10 décembre 2021. De son côté la ministre française de la Pêche, madame Annick Girardin, tente de hausser le ton ! Les tensions ne faiblissent pas et les autorités britanniques campent sur leurs positions.
Il faut sauver la pêche bretonne
Les eaux britanniques sont, pour tous les pêcheurs, un véritable terrain de jeu idéal. Elles sont parmi les plus riches du monde. Les marins-pêcheurs des pays de l’Union Européenne pêchent dans ces eaux près de 800 000 tonnes par an, la France y réalise 30% de ses prises et la Bretagne, selon Olivier Le Nezet président du comité régional des pêches, y réalise un pourcentage avoisinant les 50 %.
Les négociations se poursuivent néanmoins, mais ne faut-il pas se poser la question suivante, question cruciale pour la Bretagne et l’avenir économique de toute la filière pêche :
La pêche bretonne est-elle efficacement défendue par les représentants de l’État français ? Peut-on faire confiance à une ministre de la Mer qui ne doit très certainement pas savoir reconnaître une sole d’une limande ? Plus sérieusement, nos pêcheurs bretons, dans ce délicat et douloureux conflit, ne peuvent-ils pas s’inspirer et prendre exemple sur Jersey qui négocie ce conflit par la voix de M. Ian Gorst, ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Jersey, et qui assure de façon efficace la défense de ses pêcheurs et de ses zones de pêche ? Voilà l’exemple à suivre, mais pour cela faudrait-il que la Bretagne jouisse d’un tel statut, statut de large autonomie politique lui permettant de négocier directement auprès des autorités britanniques… Malheureusement la Bretagne n’a pas de représentation officielle, n’a aucun pouvoir politique, un pouvoir qui serait issu d’une Assemblée bretonne, d’un parlement breton autonome.
Jersey affiche fièrement sa souveraineté, la Bretagne n’est même pas défendue par un Conseil régional frileux, incompétent mais surtout aux ordres de Paris.
Michel Legueret (Alliance Souverainiste Bretonne)
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2 réponses à “Quand Paris négocie… la pêche bretonne fait naufrage [L’Agora]”
si nos poltrons de gouvernants le voulais, la G.B. aurait donné les autorisation immédiatement.
il fallait juste faire un avion de migrants et lui expédier, il n’y aurai pas eu besoin d’en faire un deuxième, toutes les autorisations auraient été immédiates.
Si au moins cette dramatique situation pouvait réveiller les Bretons et envisager un vote « éclairé »…..