Si j’écrivais que l’Europe unie ne plaît que quand elle est portée par les « casques à pointe »… je serais odieux et je ne me ferais pas d’ami (enfin, peu). Si je disais que Pétain était un vieux gâteux antisémite je ne me ferais pas davantage d’amis. Si je répétais que Mitterrand a reçu la Francisque du Maréchal par goût et « désir d’avenir », ça serait une erreur de perspective, sachant qu’évadé de Schaala, un camp du Stalag IX-A, et réfugié à Vichy en 1942 et 1943, il travaillait pour le compte des Anglais, sous les directives du commandant d’aviation Jacques Favre de Thierrens (un authentique résistant)… Est-ce ainsi « que les hommes vivent » (pas les femmes ) ?, encore que du côté du genre féminin, j’ai eu beaucoup de perspectives.
Ce qui est étonnant, par exemple, c’est qu’il m’a fallu reprendre un petit ouvrage bien oublié (Gérard Guicheteau : François Mitterrand, la Résistance et Vichy / Editions Gawsevitch, 2008, 137 pages, 13,90 €) pour retrouver trace d’une vérité contrariante concernant ledit Mitterrand. Les grandes gueules de l’Histoire officielle, sauf feu Pierre Péan, ne parlent jamais de ce commandant Jacques Favre de Thierrens… C’est bernique après la photo du jeune homme qui ne va pas tarder à se nommer « Morland », comme la station de métro Sully-Morland. ça se fera tout au long de l’année 1943, jusqu’au 15 novembre, date où « Morland » s’envole pour Londres, en Lyssander, sur une prairie de Soucelles (Seiches), en Maine-et-Loire. Parce que ça les dérange de reconnaître qu’ils ont versé du mauvais côté de l’histoire, se contentant (ça les arrangeait) de ricaner bêtement sur un fantasme : « Ah ah ! disaient-ils… on le tient… Ah ah ah ! ».
Sauf que la vérité était autre : « Morland » était alors à la tête d’un mouvement de Prisonniers de guerre relevant de l’ORA (vous ne savez pas ce que c’était, l’ORA ? C’était une Organisation Résistante de l’Armée). Proposé pour la Francisque, il se devait de la recevoir, non ? Ç’eut été malencontreux et dangereux de la refuser. Il avait avec lui, dans son organisation, le camarade Edgar Morin, qui était alors communiste, l’ami Anthelme et sa nana pas encore « écrivaine », la Duras, le grand Munier qui échappa aux chercheurs de la Gestapo, le 11 novembre 1943, en se suspendant aux gouttières de Jean Renaud, qui ne reviendra pas de déportation… Il y avait aussi Bettencourt, un copain du temps où ils étaient de droite, au 104, rue de Vaugirard.
Je ne vous ferais pas le coup rhétorique du verre à moitié plein ou à moitié vide. Parce que la balance n’est pas à l’objectivité entre les nazis et les résistants. C’est sans doute de cette furieuse époque que date notre façon bien française, mais très antique, de dire que les uns étaient des salauds et les autres des héros. Il faut beaucoup de temps pour perdre de vieilles habitudes. Ce n’est pas donné avant deux ou trois générations — et encore pas pour tout le monde. Prenez la Guerre d’Algérie. Si vous demandez à mes collègues, « appelés » entre 1955 et 1962 (perso, je fus sous-lieut’ toute l’année 58 et fis trente mois sous l’uniforme en commençant fin 1956 et rentrant dans « mes foyers » début 1959), je dis : si vous demandez ce qu’ils en pensent à mes copains, tous diront qu’ils n’en ont rien à fiche. Et que la repentance attendra un bon moment. Parce que, par exemple, ils ne voient toujours pas en quoi les avocats-défenseurs des poseurs de bombes homicidaires étaient du bon côté de l’omelette. Qui faut-il accuser ? En Algérie, il y avait quatre parti(e)s : celle des Musulmans, celle du « contingent », celle des « Pieds Noirs », celle des politiciens gros bec… Alors, choisissez !
Je vous laisse libres de vous faire une opinion. Mais ne venez pas me chercher sur ce sujet… tss ! Dire, comme certains, que là-bas, nous défendions la Liberté, c’est quand même se moquer du monde. Les politiciens à la Mollet nous avaient envoyés en rallongeant, chaque semestre, notre temps de parcours. Les « Pieds Noirs » les plus pauvres s’entassèrent pour finir dans nos cages à lapins… après un départ en désastre. Rappelez-vous ! Et le Général, qui avait eu le mérite d’arrêter la guerre renouvela une mauvaise action que tout le monde ne peut pas lui pardonner : il abandonna cent mille harkis ! Ça me rappelle le temps d’après la Seconde guerre, quand il renvoya chez Staline les 300 000 Soviétiques qui mitonnaient dans des camps gardés par des communistes bien sous tout rapport. Tous ces gueux finirent en Sibérie…
MORASSE
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
3 réponses à “Mitterrand. Tel est pris qui croyait prendre….”
Excellent rappel du renvoi systématique des citoyens soviétiques en URSS par les Alliés après la guerre. Il avait bonne mine, le droit d’asile !
a été oubliée la gerbe de fleurs envoyée par le président mitterrand (mais jamais par zemmour) sur la tombe de pétain chaque année (le 11 novembre) étonnant, non?
Eh bien Monsieur Morasse, vous avez peut être beaucoup de choses à raconter, mais vous les racontez tellement mal qu’on n’y comprend rien. J’ai l’impression que vous vous adressez seulement à ceux qui ont participé à votre histoire. C’est dommage parce que, moi, j’aurais bien aimé savoir…