La chambre régionale des comptes tire sur une ambulance : elle vient de publier un rapport sur Vivre à Brest, une association qui a défrayé la chronique locale en 2018-2019. Créée en 1985, elle avait pour objet officiel « la promotion d’actions et d’informations au niveau de la culture socialiste ». En fait, elle gérait les indemnités perçues par les élus socialistes de Brest.
La Chambre avait découvert ce « mécanisme atypique » (comprendre : illégal) à l’occasion d’un précédent contrôle sur les comptes de la ville de Brest. Les indemnités des élus P.S. n’étaient pas virées sur le compte personnel de chacun, comme il est normal, mais versées par mandat à Vivre à Brest. L’association assurait ensuite la redistribution selon ses propres critères. Ce régime parfaitement irrégulier a duré jusqu’en 2018.
La Chambre écrit : « L’examen du fonctionnement de l’association a mis en lumière des lacunes importantes en termes d’activité, de gouvernance, de finances et d’information de ses adhérents, qui ont permis à une véritable culture de l’opacité de perdurer et d’empêcher tout contrôle de s’exercer. » Dans le style habituellement très mesuré de la Chambre, cela représente une critique sévère.
L’homme à l’écharpe rouge
Une critique légitimée par le Vivre à Brest d’aujourd’hui, qui reconnaît que les élus « ont été à l’évidence trop confiants sur la personnalité des deux dirigeants de la structure ». Il n’était tenu ni comptes ni registres. La Chambre n’a pu obtenir que deux documents écrits. L’un d’eux est un compte rendu de réunion que les dirigeants actuels de Vivre à Brest qualifient carrément de « faux en écriture » ! Le second est un simple courriel de convocation des membres.
Deux ou trois personnes seulement décidaient de la répartition des indemnités « tout en permettant au président de l’association d’en détourner à son profit une part substantielle » : il échappait au pot commun en se faisant verser directement ses indemnités (4 954 euros par mois en moyenne) par la commune… mais touchait en plus des sommes redistribuées par Vivre à Brest (2 838 euros par mois en moyenne, non déclarés au fisc). Socialisme bien ordonné commence par soi-même…
La Chambre ne désigne pas nommément ce président. Il s’agit en fait d’Alain Masson, bras droit de François Cuillandre, repérable à l’écharpe rouge qu’il portait en toutes circonstances. Adjoint au maire de Brest, premier vice-président de la métropole brestoise et « pilier de la Gauche brestoise et surtout du PS » (Ouest-France), il a été forcé à démissionner du conseil municipal en novembre 2018 peu avant d’être mis en examen pour abus de confiance. Jean-Luc Polard, trésorier de Vivre à Brest, qui n’avait pas bénéficié de versements indus, a été mis en examen pour complicité. L’affaire a alors été mise sur la place publique.
Personne n’a rien vu
Sur les presque cinq années de fonctionnement contrôlées par la Chambre, de 2014 à 2018, Vivre à Brest a tout de même perçu 2 millions d’euros. Parmi les élus « ordinaires », la redistribution faisait des gagnants et des perdants – mais les finances publiques n’étaient pas lésées globalement puisque seules les sommes correspondant aux indemnités normales étaient redistribuées.
Bien entendu, les socialistes brestois, à commencer par François Cuillandre, ignoraient tout de ce qui se tramait chez Vivre à Brest depuis des décennies ! Dans leur réponse à la Chambre, les responsables actuels de l’association « déplorent une question douloureuse dans le vécu collectif d’hommes et de femmes élu.e.s formant un groupe touché par la défection morale de l’un d’entre eux ». Ils n’ont même plus besoin de détourner les yeux : Alain Masson est décédé en novembre 2020.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.
3 réponses à “Association des élus socialistes « Vivre à Brest » : la chambre régionale des comptes révèle les détails de l’affaire”
Ils devraient être obligés de rembourser cet argent.
Les contribuables n’ont pas été lésés. Certains élus socialistes ont été lésés au profit des autres et Masson a bien profité du système. Qu’ils se débrouillent entre eux !
notre adversaire c’est la finance !
mais ces zélus eux ne le savaient pas, portefeuille à droite bien sur !
les gens qui votent encore pour de telles malfrats sont complices de détournement de fonds publics