Des extraits d’ADN des tests Covid revendus sans en informer les patients ?
Bien qu’elle ait lieu outre-Manche, l’affaire suivante n’est guère rassurante pour celles et ceux pratiquant régulièrement des tests de dépistage contre le Covid-19, notamment pour disposer (temporairement) d’un pass sanitaire.
En effet, selon une information rapportée par le Sunday times le 14 novembre, la société britannique Cignpost Diagnostics, spécialisée dans la réalisation de tests au Covid-19, fait l’objet d’une enquête après avoir annoncé son intention de vendre des échantillons d’ADN de patients à des tiers à des fins de recherche, sans que les patients en question n’en soient clairement informés.
L’Information Commissioner’s Office (ICO), l’organisme britannique censé veiller sur la confidentialité des données personnelles en Grande-Bretagne, a ouvert une enquête en déclarant qu’il examinerait « attentivement » les informations recueillies par Cignpost Diagnostics concernant son projet de vendre les prélèvements de ses clients.
La société, qui fait partie des fournisseurs de tests Covid approuvés par le gouvernement britannique cette année, avait justifié sa volonté de vendre les données médicales sensibles afin d’en « apprendre davantage sur la santé humaine ».
3 millions de tests réalisés et des interrogations…
Mais les personnes ayant réservé des tests Covid auprès de la société, qui sont commercialisés sous le nom d’« ExpressTest », n’ont pas été clairement informées que leurs prélèvements pouvaient être vendus à des « collaborateurs » travaillant avec la société ou indépendamment, y compris des universités et des entreprises privées, à des fins de recherche médicale.
Au lieu de cela, il leur a été demandé d’accepter la « politique de confidentialité » qui renvoyait à un autre document de plus de 4 000 mots et décrivant le « programme de recherche » de l’entreprise.
On ne sait pas encore combien d’écouvillons Cignpost Diagnostics, qui aurait fourni jusqu’à trois millions de tests depuis sa création en juin, a conservés ni si certains ont été vendus à des fins de recherche. Mais l’entreprise déclare également que les données comprenant des « échantillons biologiques » et des « informations génétiques » seront conservées et que les échantillons d’ADN seront partagés.
En outre, toujours selon le Sunday Times, l’entreprise a supprimé les références à son programme de recherche de sa politique de confidentialité depuis l’ouverture de l’enquête par l’ICO.
L’ADN, la plus sensible des données personnelles
Au Daily Mail, Steve Wood, le commissaire adjoint de l’organisme britannique a déclaré à ce sujet qu’« il n’y a pas de données personnelles plus sensibles que notre ADN. Les personnes doivent être informées de ce qu’il advient de leur ADN de manière claire, ouverte et honnête, afin qu’elles puissent prendre des décisions en toute connaissance de cause ».
Une situation d’autant plus déroutante pour les testés britanniques qu’au mois de septembre dernier, Cignpost Diagnostics s’est associée avec d’autres entreprises similaires pour créer le LTIO (Laboratory and Testing Industry Organisation). Cette association visait à prôner des procédures de tests « de confiance » rapides et peu coûteux et réalisés par des sociétés présentées comme « fiables ».
Enfin, sur le site web de la société Cignpost Diagnostic, par ailleurs agréée par le gouvernement britannique, on apprend qu’elle travaille avec des partenaires tels Netflix ou encore Amazon Studios afin de leur fournir des résultats de tests Covid en quatre heures.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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