Rappelons en préambule que la souveraineté nationale est garantie dans la Constitution par le président de la République. Cela laisse songeur sur le respect de la lettre de leur fonction des présidents français depuis plusieurs décennies.
On a appris le 5 novembre dernier par Arnaud Montebourg qu’un marché de pull-overs pour les militaires, jusqu’alors au profit de REGAIN, entreprise tarnaise de textiles de qualité, aurait été octroyé à une entreprise chinoise, à priori avec des tarifs nettement plus avantageux.
Et pour cause ! Le patron de REGAIN, Laurent Brunas, explique: « En France, le coût minute d’une personne qui travaille dans la confection est de l’ordre de 0,5€. Au Portugal de 0,3€, En Tunisie ou Roumanie de 0,13, et en Chine de 0,05. La Chine est 10 fois moins chère que la France ! ».
Après un feuilleton médiatique, l’information étant contestée par le ministère des Armées, le marché aurait en fait été attribué à une entreprise française, qui produirait au Maroc et en Europe de l’Est. La forfaiture ne serait donc pas aussi caricaturale qu’annoncé, mais le résultat est sensiblement le même.
Ce cas particulier rappelle des évidences politiques et économiques que tous les gouvernements qui se sont succédé depuis au moins 40 ans ont négligée de manière très large, parfois en donnant l’excuse des accords européens et internationaux (fallait pas les signer). Rappelons que les journalistes, comme d’habitude sur les sujets de fond, sont bien silencieux sur ces problématiques. Quelles sont-elles ?
Afin de promouvoir des politiques sociales, écologiques, d’assurance qualité et de sécurité des personnes, et pour assurer un service public censé être au rendez-vous, les différents gouvernements aux affaires depuis un demi-siècle n’ont cessé d’ajouter des contraintes et obligations très coûteuses, ainsi que des taxes et charges pléthoriques aux entreprises françaises. Sans remettre en cause la pertinence de ces choix qui pour la plupart pourraient permettre d’améliorer la vie des Français, ils entraînent une explosion des coûts de production pour nos entreprises (notamment à cause des coûts horaires pour les travailleurs, mais également pour les frais d’infrastructure, de contrôles divers, et les impôts innombrables). La concurrence étant internationale avec la soumission à tous les accords de libre-échange, les entreprises françaises sont mortes ou expatriées pour une grande partie, et se sont orientées vers des secteurs moins concurrencés pour les autres (luxe, haute technologie, tertiaire, …). Mais ces secteurs sont également menacés aujourd’hui. Le luxe « à la française » est en perte de vitesse, la haute technologie subit une concurrence rude de la part de puissances traditionnelles comme de nombreux pays émergents et moins chers (USA, Russie, Chine, Inde, Israël, pour ne citer que quelques exemples non-européens), notamment avec la dépendance de nos fleurons à des sous produits importés, ou encore tout simplement par leur vente au plus offrant (Macron avec la branche énergie d’ALSTOM en est un des exemples les plus récents et scandaleux).
Ainsi, les entrepreneurs français perdent le beurre et l’argent du beurre (sans parler de la crémière). Ils doivent assumer des normes très strictes, contrôlées et coûteuses, mais en même temps accepter une concurrence internationale pas du tout soumise aux mêmes contraintes. Ainsi, au nom de la promotion (légitime) d’impératifs d’écologie, de transparence, de sécurité et de qualité, on lèse les entreprises qui les respectent (et qui sont nationales) au profit de celles qui ne le respectent pas. La conséquence n’est pas seulement la perte de profit de quelques entrepreneurs français : C’est la destruction totale de toute l’industrie française, avec pour corollaires une paupérisation générale par la perte d’emploi et de niveau de vie, et la perte de souveraineté par la dépendance à la production étrangère. C’est aussi un résultat à l’encontre des objectifs initialement fixés, en termes d’écologie, de progrès social, et de qualité.
Tous ces accords de libre-échange sont censés nous ouvrir des marchés colossaux mais depuis que la France s’y est lancée, elle a surtout ouvert le sien et sa balance commerciale est largement négative.
Certains répondent que c’est le lot inévitable de la mondialisation et de notre société libérale. Ce qui est faux et /ou malhonnête. Il existe 2 moyens de rétablir l’équilibre : L’un est de renoncer à toutes ces normes et de se lancer dans un libéralisme total sans intervention de l’Etat, et laissant le consommateur seul juge de ce qu’il doit acheter, et donc en abandonnant toute contrainte sociale, écologique ou de qualité et de sécurité. C’est la loi de la jungle libérale, chère à la société dite « ouverte ». L’autre consiste à imposer les mêmes normes aux produits importés (et de les contrôler), et, quand ça n’est pas possible, imposer des taxes douanières visant à équilibrer l’iniquité provoquée par les normes imposées aux entreprises nationales.
Le résultat ne serait pas immédiat, mais il arriverait relativement vite : création massive d’entreprises, donc d’emplois, préservation réelle de l’écologie au niveau local comme mondial, amélioration des salaires et de la qualité de la vie des travailleurs, donc de leur capacité à consommer les produits nationaux plus onéreux. Cela entraînerait aussi une amélioration majeure de l’autonomie stratégique. Aujourd’hui, produire des vêtements, des microprocesseurs, de l’acier ou des fleurs en France est impensable si ce n’est dans certaines niches souvent très onéreuses. En effet les coûts sont tels qu’on est très vite déclassé. Protéger nos entreprises à qui l’Etat impose ces coûts importants, c’est permettre d’aligner les ressources des Français sur la production nationale. Il est invraisemblable que l’Etat ne compense pas les normes qu’il impose aux Français et qui les empêchent d’être compétitifs.
La France s’exposerait évidemment à la bronca du FMI, de l’UE et surtout des États-Unis. Bronca évidemment illégitime, mais bien réelle avec de vrais pouvoirs de nuisance. Ce serait l’objet d’une bataille économique titanesque, que nos dirigeants ne veulent pas mener, car ils savent (pour en être les responsables), que la France n’est plus un pays souverain. Car cette peur est la seule raison pour laquelle la logique de protection de nos entreprises n’est pas menée. La très timide initiative du ministre Montebourg qui ne faisait qu’effleurer le sujet a bien montré que les pressions étaient énormes, et il a été remplacé par un certain E. Macron, peu enclin à protéger les entreprises françaises.
Notre souveraineté est certes très mal en point. Mais elle pourrait se reconquérir à condition d’une volonté politique très ferme nécessitant une période difficile d’effort commun et de retrait d’instances internationales trop contraignantes. C’est cette volonté politique qui manque. Par peur de l’échec pour une grande partie. Cet échec est en fait volontairement préparé par les instances internationales, pour interdire toute solution politique, ce qui sera l’objet d’un autre article.
Jean-Pierre Lamorgue
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2 réponses à “Plus de pulls REGAIN dans l’armée : preuve de la trahison des gouvernants pour la souveraineté.”
Traitres à la nation !
montebourg sert donc à quelque chose !
il n’ont qu’à payer les gens au tarif chinois !
drole de pays , ça ne gêne pas les zélites de faire ça