Des magasins vendent de l’alcool aux mineurs en toute impunité. C’est la triste réalité dans plus de 9 cas sur 10, d’après une étude menée par Addictions France dans le Finistère et en Loire-Atlantique. Une étude financée par le Fonds de lutte contre les addictions et été contrôlée par un évaluateur externe.
Manifestement, les enseignes ne respectent pas la loi, qui interdit la vente d’alcool aux mineurs.
Retrouvez les résultats d’une enquête réalisée ces deniers mois dans 384 enseignes du Finistère et de Loire-Atlantique.
Des achats-tests ont été effectués par des clients mystère – mineurs – dans des magasins type supérettes, supermarchés et hypermarchés dans deux départements Français (Finistère et Loire-Atlantique). Les chiffres sont affligeants.
Sur 384 magasins, seuls 28 ont refusé la vente d’alcool aux mineurs mobilisés dans cette opération. La carte nationale d’identité n’est demandée que 2 fois sur 10, et même quand les jeunes sont effectivement mineurs, la vente est réalisée dans près de 6 cas sur 10. Les établissements qui ont pris le parti de positionner les alcools « forts» derrière les caisses continuent 80% d’enfreindre la loi dans 80% des cas.
« C’est toujours agaçant de devoir faire la police […]. On a envie de rester commerçants […], de les garder comme clients parce qu’ils achètent quand même des choses. Et pour ces trucs là on peut les perdre comme clients et ils vont aller ailleurs, chez la concurrence » indique un commerçant interrogé par les auteurs de l’étude.
En 2019 pourtant, sous l’impulsion de la Mildeca, plus de 20 000 points de vente ont signé une « Charte d’engagements responsables relative à la vente d’alcool ». Pas suffisant visiblement
Addictions France de son côté propose de :
•Renforcer le contrôle des signalétiques obligatoires relatives à l’interdiction de la vente d’alcool aux mineurs au sein des enseignes de la grande distribution ;
•Instaurer des contrôles du respect de l’interdiction de vente d’alcool aux mineurs via des opérations de testing régulières ;
•Faciliter la démarche de contrôle de l’âge des clients par les personnels de caisse en encourageant la mise en place d’un système de calcul automatique de l’âge du client à partir de la carte d’identité.
•Développer les dispositifs de formation à destination des personnels de la grande distribution qui prennent en compte les contraintes de la profession.
L’alcool, un fléau majeur chez les mineurs
Selon une étude de l’INSERM publiée en juin 2021, l’alcool, qui provoque des effets irrémédiables dans le développement d’un jeune adulte, entre de façon beaucoup plus précoce et fréquente dans son quotidien. Expérimentée pour la première fois à l’adolescence, la consommation d’alcool devient régulière (10 fois ou plus par mois) pour 8 % des jeunes de 17 ans, tandis que 40 à 50 % d’entre eux déclarent avoir au moins une alcoolisation ponctuelle importante (5 verres ou plus en une seule occasion) par mois. Or plus la consommation d’alcool s’installe précocement dans la vie, plus le risque de dépendance et de survenue de problèmes de santé à l’âge adulte est élevé.
La vente d’alcool aux mineurs est strictement interdite en France et tout contrevenant risque la fermeture de son établissement, une année de prison ainsi qu’une forte amende. Le gérant ou le propriétaire du débit de boissons ou du commerce est tenu de vérifier la majorité de l’acheteur en lui demandant une pièce d’identité.
La peine encourue en cas de vente d’alcool à un mineur est une amende de 7500 euros et en cas de récidive dans les 5 ans, un an de prison et 15 000 euros d’amende.
Néanmoins, les commerçants ne peuvent pas être blâmés seuls. Les pouvoirs publics, qui distribuent des millions d’euros d’argent public, notamment pour des festivals de musique rassemblant aussi des mineurs, et où l’alcool coule à flot, sont sans aucun doute bien plus responsables que les entrepreneurs.
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