La reprise désordonnée post-Covid, ajoutée à l’augmentation très nette des coûts du transport maritime et des cours du coton menace l’approvisionnement européen en vêtements et en chaussures pour le dernier trimestre 2021 et début 2022. Dans certains secteurs de 30 à 50% des articles manquent ou sont livrés en retard.
Fin septembre dernier, Nike avertissait de retards et de pénuries, après avoir indiqué que dix semaines de production ont été perdues – alors, les usines de production du Vietnam restaient en majorité fermées par les autorités après un confinement cet automne, et le temps pour livrer en Europe des produits fabriqués en Asie était passé de 40 à 80 jours –tandis que le coût du transport maritime a augmenté de six à dix fois sur la période.
C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquels les industriels relocalisent des lignes de production en UE, loin devant les dispositifs d’incitation plus ou moins volontaristes mis en place par les régions ou les Etats. Ainsi, près de 20% des fabricants occidentaux qui avaient des usines au Vietnam font désormais fabriquer dans d’autres pays. D’autres marques de textile ont relocalisé la production des modèles d’entrée de gamme de l’Asie vers le bassin méditerranéen – ainsi en 2020 le textile a créé 10.600 emplois au Maroc, malgré la pandémie, et ses 1628 entreprises (189.000 emplois, soit 22% des salariés du pays) ont un avenir radieux.
L’engorgement des ports d’Asie
Il y a par ailleurs des problèmes récurrents d’engorgement des ports en Asie du sud-Est. Plus important, la production industrielle est totalement désorganisée en Chine à cause de la pénurie de charbon, ce qui contraint villes et provinces à procéder à des coupures arbitraires d’alimentation des quartiers industriels et même résidentiels afin de constituer à tout prix des stocks à l’approche de l’hiver. Dans ces conditions, les retards de production s’accroissent. Pour ne rien améliorer, le gouvernement chinois a fixé des limites de consommation d’énergie fossile – au nom de l’écologie et fermé des mines, limitant plus encore l’approvisionnement en charbon des centrales électriques.
Autre raison : la hausse importante des cours du coton, au plus haut depuis 2011 – s’ajoutent en effet à des problèmes de main d’œuvre liés au Covid des mauvaises récoltes, notamment en Inde et aux Etats-Unis, ainsi qu’une forte hausse de la consommation de coton par les industriels chinois (+24%) et mexicains.
Le 30 septembre dernier, lors de la réunion de l’Alliance du Commerce (760 enseignes, 26.000 points de vente) , le président du syndicat Franck Boehly indiquait que les magasins d’entrée de gamme, qui vendent principalement des modèles venus d’Asie, n’ont reçu que « 30 à 40% des commandes ». La pénurie est particulièrement marquée pour les chaussures, doudounes et manteaux.
Laurent Milchior, cogérant de la marque de lingerie Etam, affirmait il y a peu sur BFM Business : « on a aussi des sujets de matières qui ralentissent la chaîne d’approvisionnement. Un soutien-gorge, c’est 40 pièces à assembler qui viennent de différentes usines: quand il vous manque une pièce, vous ne pouvez pas fabriquer. » De ce fait, « il va manquer certains produits dès aujourd’hui. Sur certains de nos basiques, on a quelques ruptures de tailles ».
Louis Moulin
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Une réponse à “Vers des pénuries dans le secteur des vêtements et des chaussures ?”
vers des pénuries de tout !
serai je complotiste pour croire fermement que tout est organisé et prévu pour faire augmenter les prix (mais pas les salaires ou les retraites) le covid a bon dos!