Susanna Ceccardi, députée européenne Lega (le parti de Matéo Salvini), évoque la lutte contre l’immigration clandestine, les leçons de l’Afghanistan et les difficultés d’une politique étrangère commune au sein de l’Union Européenne. Une interview publiée pour la première fois dans ZUR ZEIT, notre partenaire de la COOPÉRATION MÉDIATIQUE EUROPÉENNE et traduite en français par Breizh-info.com
L’immigration clandestine à travers la Méditerranée vers l’Italie a fortement augmenté cette année. Quelles en sont les causes ?
Susanna Ceccardi : L’immigration clandestine se produit lorsque les pays ne prennent pas de mesures décisives contre la traite des êtres humains. Et ils aident des ONG comme Carola Rackete, qui augmentent souvent ce flux illégal. Les côtes doivent être patrouillées et contrôlées, les ports doivent être fermés, et avant cela, les départs des côtes africaines doivent être arrêtés. Lorsque Matteo Salvini était ministre de l’intérieur, le nombre d’atterrissages en Italie a considérablement diminué : un signe clair que si nous le voulons, nous pouvons faire plus et mieux.
mieux.
En observant le débat au sein de l’UE, on a l’impression que l’accent est mis sur la répartition des migrants et moins sur la protection des frontières extérieures. Comment voyez-vous cela ?
Ceccardi : Malheureusement, c’est exactement le cas. L’Europe se concentre sur les conséquences sans s’attaquer aux causes du problème. Et en effet, les accords de Malte et toute tentative de redistribution des réfugiés entre les États membres se sont avérés être un échec. Si l’approche ne change pas et que l’on ne comprend pas que la seule solution est de stopper l’exode, dans quelques années, nous discuterons encore de migration sans avoir obtenu de résultat concret.
On peut avoir de bonnes relations avec tout le monde sans renier son identité et vendre son patrimoine.
Vous attendez-vous à une augmentation de l’immigration clandestine vers l’Europe compte tenu des États en crise comme la Libye, la Syrie et l’Irak dans notre voisinage et de la récente prise de pouvoir des talibans en Afghanistan ?
Ceccardi : Malheureusement, il ne peut en être autrement. La gestion du retrait de l’Afghanistan a été un échec de politique étrangère du démocrate Biden, dont nous allons tous subir les conséquences. Des milliers de civils ont fui Kaboul, et d’autres suivront dans les mois à venir. Et il y a un risque que des combattants étrangers puissent s’infiltrer, un risque que l’Europe ne peut pas prendre. Les attentats sanglants perpétrés dans nos villes ces dernières années nous le rappellent.
Comment l’UE doit-elle traiter avec les talibans ? Est-il possible de travailler avec eux ?
Ceccardi : Le fait que les Talibans aient pris le pouvoir en Afghanistan est malheureusement un fait. Je pense que c’est une décision politique inacceptable que nous devions nécessairement coopérer avec eux. Je n’ai pas oublié les vidéos de ceux qui coupent la tête d’innocents ou des femmes qui se couvrent le visage de peur d’offenser leur religion. Il n’y a pas de dialogue avec les talibans, mais nous travaillons avec la diplomatie pakistanaise pour résoudre ce problème qui nous concerne tous.
Le chef des affaires étrangères de l’UE, M. Borrell, a déclaré que l’UE avait besoin d’une force de réaction rapide en raison des évacuations chaotiques d’Afghanistan. Comment voyez-vous cela ?
Ceccardi : A mon avis, le problème n’est pas l’armée européenne, mais plutôt l’absence d’une stratégie minimale de politique étrangère et de défense. Une fois de plus, l’Europe commet l’erreur d’utiliser un instrument en croyant, à tort, pouvoir obtenir un résultat stratégique.
C’est la même histoire qu’avec l’euro, qui a été introduit dans le but d’homogénéiser les différentes économies européennes : Elle a commencé par le but et non le point de départ, c’est-à-dire une politique fiscale et monétaire. Par conséquent, surtout au cours des premières années de son introduction, l’euro n’a pas rapproché les différentes économies nationales, mais les a plutôt éloignées les unes des autres. Le modèle reste celui d’une Europe confédérale, d’une Europe fédéraliste qui respecte les réalités nationales individuelles. Cela vaut également pour la défense de notre continent.
Les États-Unis ne sont pas totalement étrangers aux crises dans le voisinage européen. L’UE doit-elle s’émanciper des États-Unis en matière de politique étrangère et de sécurité ?
Ceccardi : Notre proximité historique avec les États-Unis ne doit pas nous empêcher d’être un peu plus fiers de ce que nous sommes et surtout de ce que nous représentons en termes d’histoire, de commerce et d’économie. On peut avoir de bonnes relations avec tout le monde sans renier son identité et vendre son patrimoine.
L’UE a-t-elle le potentiel pour devenir une puissance à l’égal des États-Unis et de la Chine, également en termes politiques ?
Ceccardi : Le potentiel est là, et comment ! Mais l’approche de Bruxelles doit changer. La Chine et les États-Unis arrivent à la même conclusion, bien que sous des angles différents : Leur pays passe avant tout.
La politique de Biden lui-même, par exemple, n’a pas changé vis-à-vis du très décrié Trump, bien au contraire. Cela montre que le comportement des États-Unis ne change pas en fonction du président. C’est là que l’Europe devrait se retourner et mettre l’Europe et les Européens au premier plan.
L’entretien a été réalisé par Bernhard Tomaschitz
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Susanna Ceccardi (Lega) : « L’Union Européenne doit faire passer les Européens d’abord »”
l’ue est totalement anti européenne
quand j’étais jeune, j’y croyais mais la réalité actuelle ne peut m’échapper
ça peut paraître étonnant mais c’est comme ça, l’union européenne est anti-européenne. Il faut une union européenne mais elle elle doit représenter l’europe, ou plutôt les peuples d’Europe et non pas les « élites » corrompues des états nations de l’Europe du XIXè…