Coût réel pouvant dépasser les 10 milliards d’euros, cause majeure de perte de la biodiversité : tels sont les impacts pour la France des invasions biologiques, selon une étude menée par un professeur de l’Université de Rennes 1 s’inscrivant dans un état des lieux mondial. Publication dans NeoBiota (juillet 2021).
Les coûts des invasions biologiques sont tellement importants et tellement sous-estimés que les chercheurs ont décidé de les expliquer dans un rapport destiné aux décideurs. Celui-ci reprend et développe la plupart des résultats de l’étude scientifique sur la France publiée dans le journal NeoBiota.
InvaCost, première base de données mondiale, en accès libre, quantifiant le coût des invasions biologiques
Les invasions biologiques sont en effet l’une des causes majeures de perte de biodiversité dans le monde, mais la prise de conscience de cette menace pour les écosystèmes et nos sociétés reste très faible. Les espèces introduites par les activités humaines hors de leur aire de répartition naturelle génèrent pourtant d’importants dégâts économiques ou sanitaires en plus de leurs impacts écologiques.
Dans ce contexte, une équipe du Laboratoire Écologie, systématique et évolution (ESE – CNRS/Univ Paris-Saclay/AgroParisTech) emmenée par Franck Courchamp, chercheur au CNRS, a décidé d’accélérer cette prise de conscience en étudiant les coûts économiques de ces invasions biologiques. Pendant plus de 5 ans, cette équipe a développé InvaCost, la première base de données mondiale sur les coûts engendrés par les espèces exotiques envahissantes. Évolutive et librement accessible, cette base de données regroupe maintenant plus de 13 000 coûts standardisés et déclinés en 64 descripteurs sur 970 espèces envahissant 176 pays.
19 études d’ampleur mondiale, dont une concernant la France
L’équipe de recherche a collaboré avec une quarantaine d’écologues et des économistes du monde entier pour mettre sur pied une vingtaine d’études sur le coût économique des invasions dans 5 continents, la région Méditerranéenne et 13 pays. Ces 19 études au final co-signées par 63 auteurs sont regroupées au sein d’un Numéro Spécial de NeoBiota, le premier journal international spécialisé sur les invasions biologiques, paru le 29 juillet 2021.
C’est David Renault, écologue, professeur à l’Université de Rennes 1 et membre du laboratoire ECOBIO (Université de Rennes 1/CNRS – OSUR) qui a conduit l’étude concernant la France.
Références
Biological invasions in France: Alarming costs and even more alarming knowledge gaps
Renault D, Manfrini E, Leroy B, Diagne C, Ballesteros-Mejia L, Angulo E, Courchamp F (2021)
In: The Economic costs of biological invasions in the world
Zenni RD, McDermott S, García- Berthou E, Essl F (Eds)
NeoBiota 67: 191–224. DOI:10.3897/neobiota.67.59134
[La version intégrale et originale de cet article est à retrouver sur le site de l’INEE du CNRS]