Ces journalistes qui en veulent au monde agricole

Pourquoi tant de haine ? C’est la question que l’on pourrait se poser face à l’acharnement dont font preuve quelques figures des médias face au modèle agricole français. En presse écrite ou à la télévision, une petite minorité de journalistes et d’animateurs semble s’être fait une spécialité de consacrer articles et interventions à l’agriculture, mais en ne pointant du doigt que les choses qui ne vont pas, quitte à noircir le tableau ou à prendre quelques libertés avec la réalité pour coller à leur message.

Ils ont une dent contre le monde agricole français et ils ne se gênent pas pour le faire savoir.  « Ils », ce sont ces journalistes qui, au fil des articles, des reportages ou même des messages sur les réseaux sociaux, n’ont de cesse de critiquer, pour ne pas dire de dénigrer, les agriculteurs français et leurs méthodes. Mettant l’espace médiatique dont ils disposent au service de convictions parfois radicales, ces hommes et ces femmes se livrent le plus souvent sans aucun complexe à un agribashing en règle, au mépris des principes de l’action journalistique que sont l’impartialité et l’exactitude, comme le rappelle pourtant la Charte d’éthique professionnelle des journalistes. Des militants sans complexe aux « investigateurs » partisans, petit aperçu de quelques cas emblématiques.

Journaliste ou… militant ?

Parmi les journalistes les plus virulents, Aymeric Caron. Végétarien depuis près de trente ans, l’ex-chroniqueur de l’émission On n’est pas couché est aujourd’hui végan. Il ne mange pas d’animaux et refuse d’utiliser tout produit « issu de leur souffrance » explique-t-il . Du coup, il a fait de son métier de journaliste, et de sa présence soutenue dans les médias, l’occasion d’autant de tribunes militantes. Déjà avec « No steak », paru en 2013, le journaliste publiait une violente diatribe contre l’élevage et l’industrie de la viande, même s’il y prétendait respecter les agriculteurs qui prennent soin de leurs bêtes . Dans son autre livre « Antispéciste », publié en 2016, le journaliste en remettait une couche et allait même encore plus loin, n’hésitant pas à comparer élevage et esclavage . « Les animaux que nous élevons ne parlent pas notre langue et nous nous arrangeons pour ne pas entendre ce qu’ils expriment. S’ils pouvaient décrire leur envie de vivre avec notre vocabulaire d’humains, comment oserions-nous continuer à les maltraiter et à les assassiner de la sorte ? » écrivait-il, recourant à un anthropomorphisme quelque peu infantile, et inadapté , pour prôner l’abandon de toute forme d’exploitation animale. Cette fois, il n’est même plus question de respect pour certains éleveurs : tous sont mis dans le même panier et assimilés à des esclavagistes. Peut-être un peu moins présent dans les médias ces derniers temps, Aymeric Caron n’en reste pas moins un farouche opposant à l’élevage, notamment au travers du Rassemblement des écologistes pour le vivant , le parti écologiste et antispéciste qu’il a créé avec pour projet à long terme la fin de l’exploitation animale sous toutes ses formes.

Si Aymeric Caron fait un peu moins parler de lui ces temps-ci, un autre journaliste semble avoir pris la relève sur le front de l’agribashing, et en particulier dans l’acharnement contre l’élevage : il s’agit d’Hugo Clément. Comme son aîné, le trentenaire ne mange pas de viande et il s’est adonné au prosélytisme pour son mode de vie dans un livre intitulé « Comment j’ai arrêté de manger les animaux ». Si, en interview, il se défend de pointer du doigt l’élevage, dans son manifeste, il écrit explicitement que la quasi-totalité de la viande que les Français consomment « est issue d’un système intensif qui fait mener aux animaux une vie d’une tristesse infinie, faite d’innombrables souffrances physiques et psychologiques ». Soit une condamnation sans appel de l’ensemble de la profession. Une posture qui se confirme dans ses publications sur les réseaux sociaux, où il est très actif, mais aussi dans son travail de journaliste. Le jeune homme soutient ardemment l’association L214 dont il partage le point de vue, sans prendre le recul qu’on pourrait attendre d’un journaliste objectif à l’égard des méthodes de cette association, et de leurs conséquences funestes . Hugo Clément relaie fréquemment les vidéos tournées en toute illégalité par les activistes de l’association alors que l’un des reportages qu’il a lui-même réalisé il y a quelques années a valu une condamnation à Konbini , le média qui l’employait alors.

Journalisme et présomption… de culpabilité

Les éleveurs ne sont pas les seules cibles des journalistes habitués de l’agribashing. Les cultivateurs aussi sont régulièrement mis en cause, à tort ou à raison d’ailleurs. Ainsi, au journal Le Monde, les journalistes Stéphane Foucart et Stéphane Mandard semblent tous deux avoir une dent contre le monde agricole. Selon le politologue Eddy Fougier, qui a publié un article intitulé « Connaître l’agribashing pour mieux savoir y répondre » sur le site communautaire WikiAgri en mars 2018, Stéphane Foucart est un grand habitué des articles à charge contre le modèle agricole français. Ainsi, dans les 92 articles que le journaliste du Monde a consacré à l’agriculture et à l’alimentation dans les colonnes du quotidien en 2016 et 2017, il a employé près de 1 200 termes liés aux produits phytosanitaires et aux entreprises qui les fabriquent et 390 termes liés au cancer. « Cela donne l’impression que le journaliste s’acharne et véhicule, y compris de façon subliminale, le message suivant : pesticides = cancer », écrit Eddy Fougier, ajoutant que l’intensité des critiques du journaliste du Monde peut donner l’impression d’un véritable acharnement. Quant à son confrère, le constat est à peu près le même puisque Stéphane Mandard ne manque jamais l’occasion de publier un article aux accents alarmistes autour de ces thématiques, quitte à en rajouter dans l’agribashing.

Mais cette multiplication des sujets anxiogènes et orientés ne se limite pas à la presse écrite. À la télévision, Elise Lucet et ceux qui travaillent avec elle pour l’émission Cash Investigation, notamment les équipe de Premières Lignes Télévision, semblent aussi avoir une conception élastique de l’impartialité. Ainsi, sous prétexte d’aller voir derrière la communication officielle des grandes entreprises pour découvrir ce qu’elles nous cachent, l’émission ne recule devant rien pour « informer » les téléspectateurs, y compris les méthodes les plus discutables. Dans une tribune intitulée « De Cash investigation à Trash investigation » , Florian Silnicki, expert en communication de crise, égrène les procédés peu honorables employés par les équipes de l’émission :  fausses identités, recel d’informations volées, caméras cachées, enquêtes diligentées uniquement à charge, questions volontairement excessives posées en dehors de tout rendez-vous avec la volonté affichée de piéger la victime… Et de conclure : « En clair, un journalisme belliqueux bien loin de toutes considérations déontologiques ou éthiques, qui use de techniques dignes des pires détectives privés, reposant uniquement sur une présomption de culpabilité installée dès le début de l’émission ».

Cette façon de faire, Elise Lucet et son équipe la mettent régulièrement à profit pour dénigrer avec une régularité qui confine à l’obsession le monde agricole. Ainsi, rien qu’en 2019, Cash Investigation a consacré pas moins de six émissions à l’agriculture , mais toujours avec des angles très anxiogènes. Et plus d’une fois, l’émission a été prise en flagrant délit d’erreurs, d’omissions, voire de mensonges délibérés afin de faire coller les résultats de son enquête à sa vision des choses, et qu’importe si les faits disent le contraire. Ce fut particulièrement flagrant avec l’émission de février 2016 intitulée « Produits chimiques : nos enfants en danger ». En effet, tout au long de l’émission, Elise Lucet n’a cessé de marteler sur un ton inquiet et alarmiste, que 97 % des produits alimentaires contenaient des résidus de pesticides. Suite à sa diffusion, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer les petits arrangements que l’émission avait pris avec la réalité, et notamment le fait que ce chiffre était erroné. Ainsi, le journal Libération a dénoncé « Le chiffre bidon de Cash Investigation »  tandis que l’Association française pour l’information scientifique a regretté que des contrevérités soient diffusées en prime-time . Mais au pays de l’agribashing, il semblerait que la vérité importe moins que l’audimat car Martin Boudot, le journaliste qui a signé l’enquête avec Elise Lucet, est resté campé fermement sur ses positions , niant l’évidence des statistiques pourtant incontestables.

Photo d’illustration : DR
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2 réponses à “Ces journalistes qui en veulent au monde agricole”

  1. patphil dit :

    l’agribashing. ??? pouvez vous écrire en français et cesser ce french bashing habituel?
    quant aux pesticides et autres produits nocifs, ça fait des lustres que les agriculteurs les emploient , les premiers à être infecter
    enfin si les éleveurs bretons trouvaient une façon simple pour transformer le lisier en engrais biologique en sac, ils feraient le bonheur des vigneron, des céréaliers etc

  2. Marian dit :

    Mais qui signe cet article???? Le monde agricole?? Mais de quel monde parle t’on? De celui qui se suicide? De celui qui a euthanazier -sic son voisin pour avoir la plus grosse -exploitation ou le plus gros -tracteur?? De celui qui flingue son outil de travail, la terre de ses aïeux? De ses enfants? « Circulez y’a rien a voir! » Tartuffes! Fonctionnaires de Bruxelles? La fnse est au monde agricole ce que l’état est a la france… breizh info, seriez-vous comme vos amis de tv liberté, des petits bourgeois sortis du bois parce qu’ils ont compris qu’aujourd’hui c’était leur tour… d’être mangés. Un peu tardivement peut-être. On en reparlera après le désastre. Qui n’est plus qu’une question de temps. Et si pour tuer ce temps on allait a la chasse… On a tellement d’ennemis a partager… Toutes ces espèces invasives et autres migrations… Les sujets abondent… L’écolo-bobo, le frelon asiatique, le journalope de Ouest-Rance ou du Knockistan, le ragondin, le nantifa, le crapaud taureau, le bb milicien, la renouée du soleil levant, les brigades blanches, la berce du Caucase, l’inspecteur de l’académie, l’écrevisse de Louisiane, l’évêque franc-maçon, la coccinelle chinoise, le transgenre intersectionné, l’écureuil gris, le rond de cuir, l’ibis sacré, le cocu de la gauche, la chenille processionnaire, le cocu de la droite, le crabe bleu, le geek, la jussie rampante, les robes noires, le varroa, l’élite narcissique, le capricorne des agrumes, le juif errant, le longicorne, l’intellectuel en chaise longue, le doriphore de la patate, le thinktanker, la fourmi à grosse tête, le courtisan, la truite arc-en-ciel, la femme à barbe, le scientiste, la mouche du coche, le dentiste roumain, l’ours en peluche tueur, le plombier polonais? … … … Quand on pense que la chasse est fermée la moitié de l’année…. Voilà une bonne cause commune! « Ouvrons ouvrons la chasse toute l’année… Regardez les détaller c’est beau… Les enfants si vous voyez, des p’tits aliens baguenaudé, ils sont lá pour vous remplacer… »

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